Miguel | Dossiers Toxicomanie, Alcool

Une chance qu’il existe un magazine comme Reflet de Société pour se livrer. Mon intention, en écrivant ce texte, est de me libérer de mon problème de consommation. C’est le pot, ici, qui est en cause.

On dit que la dépendance cache un autre problème qu’on oublie en s’abandonnant, peu importe envers quoi. Jeu, alcool, drogue, nommez-les. Aussi bizarre que ça puisse paraître, c’est le contraire qui s’est produit pour moi…

Je fumais des joints pour relaxer, décrocher. Ma dose de bonheur. Plus jeune, j’étais ce qu’on appelle un party animal. Je pouvais boire quantité impressionnante de bière, quand je sortais. Mais ça s’est terminé du jour au lendemain. Comme ça, sans aucun effort, je me suis tanné. Plus le goût.

Le pot, pour moi, est plus insidieux. Il m’a aidé à régler mes problèmes d’insomnie,toxicomanie-drogue-3 pour commencer. Puis faisait en sorte que chaque soirée en était une de bonheur. C’est l’effet que je recherche. J’aime être heureux. J’ai donc commencé innocemment, sans vouloir cacher un problème. J’ai continué parce que j’aimais ça. J’ai arrêté quand ma consommation est devenue un peu trop régulière… Et en raison du souci de mes proches.

Je suis resté plus ou moins sobre pendant un bon moment, me contentant de consommer en des occasions plus festives. Puis, les choses tournant davantage en ma faveur, j’ai recommencé: j’étais heureux!

Je fume comme d’autres boivent une bière au retour du travail. Jamais le jour, que le soir. J’ai de grosses semaines, il m’arrive souvent même de travailler 7 jours. Toujours à la course, avec 36 millions de choses à faire, j’arrêtais le temps en allumant mon joint. J’arrêtais le temps pour la soirée.

Mais voilà. Si j’apprécie ce moment, je me rend bien compte que ce n’est que court terme. Ces bons moments ont un effet sur ma vie de tous les jours. Je suis moins efficace dans mon travail, bien que je m’y donne quasi-totalement. Je sais que je pourrais en faire beaucoup plus. On ne m’a pas dit si on était insatisfait de moi, au boulot. À mes yeux, ce n’est guère important. JE suis insatisfait. JE sais que je peux – et je veux – en faire davantage.

Je réalise que je suis entré dans un cercle vicieux. La drogue, à la longue, m’abrutit. Je suis plus fatigué. Alors après une journée à bien besogner, je suis sur le carreau. Meilleur moyen de relaxer? Et oui… Alors oubliez-moi si vous voulez sortir! Socialement, je n’existe plus vraiment…

J’imagine qu’il y a toutes sortes d’approches pour cesser de consommer. J’ai pas envie de me morfondre, me dire pourquoi j’en suis arrivé là… Je vais assumer: je considère avoir un problème mais je ne peux revenir en arrière et tout effacer. Je préfère grandir de cette dépendance, me dire qu’il y a une raison pour laquelle je devais passer par là.

J’ai arrêté il y peu, du moins sur semaine, et j’ai vu une grande différence. Bien que je ne sois pas encore aussi productif que je pourrais, j’ai vu ce que je pouvais accomplir, avec une vraie nuit de sommeil. Avec une soirée pour voir des amis ou tout simplement travailler.

De bien belles choses se présentent pour moi. J’ai de grandes aspirations. Je ne veux surtout pas passer à côté d’une vie qui s’annonce aussi riche en expériences. Pour ça, faut que j’oublie que le bonheur de cette drogue n’est que court terme… Et que je garde en tête qu’il me faudra un peu de temps avant que les effets nocifs – fatigue, moins bonne concentration, perte de drive – s’estompent complètement.

Je le fais pour moi. Pour cesser de me donner des excuses qui ne sont là, au fond, que par peur de rater mes objectifs. Aussi bien me planter parce que j’aurai réellement essayé. Si j’ai à me planter!

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