Après avoir entendu l’histoire de Sonia (nom fictif), j’ai hésité entre écrire ce témoignage ou écrire un livre complet sur la prostitution de luxe et les agences d’escorte. Adoption, inceste, prostitution, consommation… Sonia a finalement quitté le tourbillon de la prostitution pour reprendre une nouvelle vie. Ses études universitaires seront cependant un rêve qui ne se réalisera pas.
Je suis une enfant de la guerre. Née en pays arabe, je suis abandonnée vers l’âge d’un an. Je n’ai jamais su ni mon âge exact ni ma date de naissance. Mise en adoption internationale, une famille du Québec m’adopte. Cette journée deviendra ma journée de fête.
Dans cette famille se retrouvent un père qui travaille toujours, deux frères qui sont les seigneurs de la famille et une mère qui s’occupe de tout ce monde. Devenant une femme, j’ai aidé ma mère à prendre soin de la famille. Mais à la fin, étais-je devenue la servante de mes frères? Bonne question. Est-ce que je faisais vraiment partie de la famille ou n’étais-je que cette petite fille adoptée d’un pays lointain?
Sous l’aile de mon frère
Au début de l’adolescence, mon frère Michael, de 8 ans mon aîné, me porte une attention toute particulière. Il me protège, me fait sentir importante, me complimente. Je n’étais pas habituée à cela. J’étais ravie d’avoir enfin quelqu’un qui veillait sur moi.
Le soir, il venait m’aider à faire mes devoirs dans ma chambre. Il passait sa main dans mes cheveux et ne cessait de me complimenter sur la femme que je devenais. D’un soir à l’autre, ses caresses passaient des cheveux pour doucement devenir des massages. Je me sentais bien et épanouis sous le charme de sa présence.
Il a pris le temps de m’apprivoiser et de me faire sentir femme. Il m’a fait découvrir ma sexualité sous tous ses angles. Avec douceur et tendresse, je lui appartenais. Il pouvait me demander tout ce qu’il voulait. Il était mon prince charmant.
Une princesse abandonnée
Pendant un souper, juste avant mes 18 ans, j’apprends que Michael va se marier à l’été et qu’il va quitter la maison. Comment un homme qui disait m’aimer pouvait-il me quitter pour une autre femme? Pourquoi n’était-ce pas avec moi qu’il se mariait? Je n’étais plus sa princesse. Il ne me soufflerait plus cette douce parole à l’oreille. J’ai fait une série de crises sans fin. J’étais dans tous mes états, incapables de comprendre ce qui se passait. Incapable d’accepter de perdre l’homme de ma vie, ce frère qui m’avait tant aimée.
Je ne pouvais plus demeurer dans cette famille. Personne ne me comprenait. Personne ne voulait entendre ou croire ce que j’essayais de dire, d’expliquer. J’ai quitté la maison pour me débrouiller seule.
Faire face à la réalité
Impossible cependant d’en arriver à payer un appartement, de vivre ma vie et, surtout, de ne pas quitter l’école. J’étais déterminée à terminer mes études, c’était le rêve de ma vie. Une amie, Claudia, voyant mes difficultés, me propose de m’héberger quelque temps.
Elle aussi étudiante à l’université, Claudia avait un train de vie que je ne réussissais pas à m’expliquer. De belles robes, un bel appartement. Toujours sortie pour faire la fête. Elle n’avait pas d’emploi. Mais comment faisait-elle pour payer tout cela?
Claudia, m’explique qu’elle est escorte. Surprise, choquée, dérangée, je me suis exclamée: «Tu es une pute!». Elle me répond que non. «Je suis une escorte. Une escorte de luxe. J’accompagne des gens bien et qui payent cher pour le service. On fait la fête, toutes dépenses payées, de belles grandes sorties. Et surtout, c’est payant. Très payant. Je suis payée pour m’amuser.»
Avec un boulot au salaire minimum et les études qui prennent beaucoup de place, je n’ai ni l’argent ni le temps pour m’amuser. La vie commence à être lourde. L’objectif de réussir mon cours m’apparaît de plus en plus lointain.
Les débuts comme escorte de luxe
Claudia m’invite à une fête. Elle m’explique qu’un de ses bons clients veut avoir plusieurs filles autour de lui. Pas de sexe. Juste ma présence. Être belle et m’amuser, un point c’est tout. L’offre est tentante. J’ai envie de sortir, de faire la fête, mais je n’ai pas l’argent nécessaire. La présence de Claudia me rassure, alors j’accepte.
Pour l’occasion, elle me prête quelques vêtements de sa garde-robe. Les plus beaux, les plus sexy. Je me pomponne, je me fais belle. Je suis tout excitée et anxieuse. Je me sens femme. Je me sens revivre.
La soirée se déroule telle que promise par Claudia. J’ai fait la fête, mangé et bu. Rien de vraiment déplacé. J’ai cependant senti quelques regards pénétrants. Claudia avait choisi des vêtements qui attiraient l’œil. Les gens m’approchaient, avaient tendance à se coller très près de moi. Je sentais leurs corps qui trouvaient toutes les occasions pour m’effleurer. À quelques reprises, des mains se sont un peu trop aventurées.
Le lendemain, je remercie Claudia. J’ai eu du plaisir et cela m’a fait du bien. Elle me sourit et me tend 1 000$. Je suis toute surprise. Elle me félicite d’avoir eu mon premier contrat comme escorte de luxe.
Je demeure en état de choc pendant plusieurs jours. D’un côté, j’ai fait la fête et je me suis amusée. De l’autre, j’ai fait de l’argent facile et vite gagné pour m’aider à payer mes études. Un déchirement m’agace à l’intérieur de moi: je ne cesse de me répéter que je ne suis pas une prostituée. Je suis une escorte. Une escorte de luxe.
Finalement, je demande à Claudia d’avoir d’autres contrats. Des contrats où le client ne veut pas de sexe, mais juste la présence de belles filles. Claudia m’explique que les contrats comme la dernière fois sont tout de même rares. Il faut accepter d’en donner un peu plus pour avoir des contrats plus réguliers.
Études de luxe d’une escorte de luxe
Petit à petit, je vais participer et devenir officiellement une escorte. Je bois comme une défoncée. La cocaïne fait partie de la fête et des habitudes de vie. Nous sommes 5 étudiantes québécoises. Pour étudier et nous reposer, nous avons acheté un condo dans un pays chaud. Nos études de luxe se font sans casse-tête financier. Entre deux examens, nos soirées nous permettent de rencontrer des hommes d’affaires, certains connus dans différents milieux.
Claudia m’offre un contrat pour tout un week-end: 4 000$ pour faire la fête. J’accepte sans hésiter. C’est pour un homme bien en vue. La consommation roule à son maximum toute la fin de semaine. Je ne me sens pas à l’aise. Il loue mes services, mais j’ai l’impression qu’il veut me posséder, se venger, se défouler. Un manque de respect total. J’ai tenté de mettre des limites, de me faire respecter, mais il avait loué mes services et considérait que j’étais son esclave, qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de moi. Je suis sortie de ce week-end, détruite. Autant physiquement que psychologiquement.
Au retour, au volant de ma voiture, je pleurais. J’avais l’impression que toute ma vie sortait par mes tripes. J’ai arrêté l’auto sur l’accotement. Mon maquillage coulait de partout. Je me sentais affreuse. Dégueulasse. Je suis sortie de la voiture en direction du champ. J’ai enlevé la bague que je m’étais achetée pour me gâter et je l’ai tirée au bout de mes bras. Tout ce luxe ne valait pas les souffrances que je subissais. Je suis retournée chez moi. J’ai pris des douches pendant des heures et des heures. Mon corps avait besoin de se purifier de tout ce qu’il avait subi. J’avais beau me laver, rien ne semblait partir. J’ai soigné ce corps que je ne reconnaissais plus et qui était abîmé.
J’avais abandonné mon cours. Les fêtes et la consommation avait pris toute la place dans ma vie. Comme escorte, j’ai fait beaucoup d’argent. J’étais devenue une acheteuse compulsive. Je manquais de garde-robes pour y entasser tous les souliers et les vêtements que j’avais achetés. La majorité de ces habits, je ne les avais même pas portés.
Une vie de luxe mal acquise. Une cage dorée où j’étais prisonnière.
Une nouvelle garde-robe pour une ex-escorte de luxe
J’ai arrêté la vie d’escorte. Fini la fête. Fini la consommation vide de sens. J’ai repris contact avec de bonnes personnes qui m’ont aidée à reprendre une vie normale. Une vie dans laquelle je me sens moi-même. J’ai dû réapprendre à faire du ménage, à faire la cuisine, à laver la vaisselle. Je remercie toutes ces personnes qui m’ont soutenue. Je n’aurais jamais réussi à faire tout cela seule.
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Merci pour le lien.
Au plaisir,
Raymond.
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voila raymond ton blog est sur mon site et merci par l’info que vous diffuser .
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C’est vrai qu’il y a trop de femmes qui entraînent d’autres femmes. Un bel exemple dans un reportage que nous avions fait sur les filles dans les gang de rue: https://raymondviger.wordpress.com/2009/09/24/les-filles-dans-les-gangs-de-rue-et-la-prostitution/
Il ne faut pas négliger l’impact des gangs de rue et des groupes criminalisés sur les femmes. Un monde très macho et pas très revalorisant pour la femme. L’attrait de l’argent et du luxe en aura fait périr beaucoup.
Tu as parfaitement raison quand tu dis qu’avec les outils, durement acquis, cela fait des gens drôlement bien expérimenté dans une continuité éventuelle. Cela permet de faire des liens plus réalistes et socialement intéressant.
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Merci pour ce texte.
Hélas, ce sont souvent les femmes qui en entrainent d’autres. Et le message femme = valeur marchande, nous en sommes bombardés tous les jours, bien sûr quand elle est cachée sous un voile, niqab, burqah aussi.
Quand je navigue sur la Toile, je me bute si souvent à des femmes qui, pourtant intelligentes, misent sur le sexe, leu valeur (sic) sexuelle, pour attirer les autres blogueurs ou se « mettre en (dé) valeur ». Cela me décourage, m’attriste au plus haut point. On clique sur une petite icône et on voiit une paire de fesses, on va sur le bloguie et plus encore, on s’autopornographie et on appelle même cela, dans certains cas, « être féministe ». Ou érotique (sic). Dans l’érotisme, c’est l’imagination qui fait le travail.
Être égaux, c’est aussi lutter contre les stérotypes et se reconnaitre une valeur comme personne. C’est vrai que sur le plan de l’espèce, on peut tout ramener à la sexualité. Mais c’est bien mal comprendre ce que c’est que la sexualité et la reproduction de l’espèce que de se limiter aux actes sexuels proprement dits.
L’espèce, c’est l’ensemble des capacités d’un être, on espère, développées à leur maximum, qu’elle va reproduire, sauf si on se définit comme une seule de ces parties, à mon avis, définie comme ça, la moins des moins intéressantes et la plus dangereuse. Pour la santé physique et mentale aussi.
Rien n’empêche cette femme, si elle est toujours en vie, de poursuivre ses études. Il n’y a pas d’âge pour cela. Je gage qu’avec les outils acquis, elle ferait des malheurs dans le domaine choisi, surtout s’il y a un peu de sciences humaines dedans!
Zed
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