Lisa Melia | Dossiers Immigration, Coran, Égalité hommes-femmes

Mise à jour: Patrick Lagacé et Richard Martineau s’explique devant Guy A. Lepage à Tout le monde en parle.

Ma vie à contre-Coran est le résultat du travail précis et de l’expérience personnelle de Djemila Benhabib. Née en Ukraine et élevée en Algérie, dans une famille de scientifiques épris de liberté et de connaissance, la jeune Djemila s’enflamme très vite pour des valeurs telles que la liberté de conscience, la liberté religieuse, les droits des femmes et les droits humains. Mais pendant la décennie noire de 1990, son pays connaît une islamisation qui force la famille Benhabib à l’exil, vers la France, pour échapper à la mort promise par le Front islamique du salut (FIS). Djemila finira par partir seule vers le Québec, où elle vit depuis.

L’islamisation de l’Algérie

Comment les islamistes intégristes peuvent prendre en otage un pays, imposer de nouveaux codes de vie, et instaurer une véritable terreur? Comment ces mêmes groupes, dans les sociétés occidentales, ont de plus en plus d’influence et réussissent à contrôler les populations immigrées, de sorte à créer une société dans la société qui n’obéit plus qu’à ses propres règles, celles de la Charia? Djemila Benhabib sait tout cela sur le bout des doigts, elle l’a vécu, en direct, au fur et à mesure que la situation, en Algérie, allait de pis en pis. Quand j’ai terminé ma lecture de Ma vie à contre-Coran, j’en savais plus sur l’expérience personnelle de son auteur, sur les tentatives d’islamisation de nos sociétés occidentales, et sur l’histoire de l’Algérie. Écrire a cependant été une épreuve: «C’était très privé. C’était aussi très douloureux. Mais j’étais arrivée à un point de ma vie où j’avais le devoir de témoigner. Je ne l’ai pas fait pour le plaisir de raconter ma vie, mais pour que les gens sachent et comprennent, qu’ils prennent conscience des enjeux et du danger de l’islamisme politique, qu’ils décident de le combattre.»

Les fondamentalistes dans les sociétés occidentales

1994, Oran: la famille Benhabib quitte l’Algérie pour survivre, à cause des menaces de mort du FIS. Ils ont déjà perdu tellement d’amis, «de véritable trésors, humainement.» Mais arrivés en France, là où ils devaient être loin de tout fondamentalisme religieux et à l’abri, ils voient le spectre de l’islamisme politique s’insinuer dans les familles immigrées et dans la société. Djemila part alors au Québec seule, ce qu’elle vit comme une véritable renaissance. Cependant, depuis quelques années, elle constate dans son nouveau pays d’adoption le même processus que celui qu’elle avait constaté en France. Les accommodements raisonnables ont été le comble. Le danger, pour elle, est «de faire passer du politique à travers des revendications culturelles et religieuses. L’islamisme est politique, certainement pas religieux ou culturel. Le religieux appartient à la sphère privée. La société n’a pas besoin d’endosser les choix confessionnels de chacun.» Elle estime que la commission Bouchard-Taylor aurait du permettre un débat sur la place de la religion dans l’espace public, ce qui n’a pas eu lieu. «La première chose est de poser le diagnostic. Il faut reconnaître le danger et le combattre. Il est intolérable qu’aujourd’hui, au Canada, dans des caves à Montréal ou à Toronto, des imams déversent leur haine du monde occidental et appellent à la violence. Ils embrigadent les jeunes.»

Rencontrer Djemila Benhabib, échanger avec elle, c’est écouter une femme qui n’a pas peur de se dresser contre «les fous d’Allah», comme elle les appelle, malgré tous les risques et au nom des valeurs fondamentales que sont l’égalité homme-femme, la liberté d’expression, la laïcité. Une véritable leçon de tolérance et d’engagement qui met en garde contre tous les fondamentalismes, mais aussi contre les idées reçues.

Ma vie à contre-Coran, Djemila Benhabib, éditions VLB, 2009

Par ailleurs, une entrevue avec Djemila Benhabib à propos du féminisme islamique a eu lieu, dossier en préparation pour le numéro de Reflet de Société de septembre.

Mise à jour du 15 mai: depuis le 9 mai, Djemila Benhabib réagit dans le débat relancé sur le port des signes religieux dans les institutions publiques.

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