Raymond Viger | Dossiers Internet, Michelle Blanc, Patrick Lagacé
Pendant un an, la firme Morrow Communications, au bénéfice de son client, Stationnement de Montréal, a créé et entretenu un blogue et plusieurs groupes Facebook pour préparer le lancement des vélos libre-service Bixi. Se faisant passer pour de simples citoyens, trois blogueurs, payés par Morrow Communications, entretenaient les blogues et les groupes Facebook qui servaient à faire la promotion des vélos libre-service Bixi de la Ville de Montréal. Le blogue a même sorti un scoop l’été dernier avec une photo du prototype du vélo libre-service!
Pourquoi une entreprise de relations de presse en est rendu à prendre de fausses identités pour vendre les idées d’un client comme Stationnement de Montréal? Parce qu’un blogue citoyen est plus crédible qu’une campagne de publicité? Parce qu’en plus d’obtenir de meilleurs résultats, ça coûte moins cher?
Est-ce que dans une société démocratique on peut accepter et laisser les firmes de relations publiques faire usage de faux pour nous vendre la salade de leurs clients? Jusqu’où l’usage de faux dans le dessein de tromper est-il légal? Jusqu’où la fausse représentation est-elle acceptable par une société comme Stationnement de Montréal, une société sous la juridiction de la Ville de Montréal?
L’an dernier, j’ai assisté à un déjeuner-causerie de La Société québécoise des professionnels en relations publiques (SQPRP), l’ancienne Société des relationnistes. Les journalistes appréhendaient que les relationnistes commencent à s’intéresser aux blogues et aux médias sociaux. Voici la règle d’éthique numéro 1 que j’avais compris de la part des relationnistes:
1- Soyez honnêtes et transparents dans vos démarches. Sinon, la perspicacité des blogueurs va jouer contre les intérêts de votre client et, quand c’est parti dans la blogosphère, ce n’est plus arrêtable.
En visitant le site de la Société des relationnistes (SQPRP), on peut y lire dans leur code d’éthique:
3. Tout membre doit s’astreindre aux plus hautes normes d’honnêteté, d’exactitude, d’intégrité, de vérité et ne doit pas sciemment diffuser des informations qu’il sait fausses ou trompeuses.
Donc la firme Morrow Communications contrevient à la déontologie des relationnistes. On fait quoi avec cette problématique?
Sur le site de Michelle Sullivan de la société des relationnistes (SQPRP) et organisatrice des 3e mardi du mois elle lance une invitation à la firme Morrow Communications de se présenter à la rencontre des 3e mardi du mois pour s’expliquer. De plus, Michelle Sullivan s’en prend à Shirley Steinberg, un professeur de l’Université McGill qui, lors d’une émission radio à la CBC considère qu’il n’y a pas de code de déontologie pour les réseaux sociaux, donc qu’il ne faut pas jouer à la veuve offensée. C’est peut-être vrai pour les citoyens, mais en ce qui concerne des institutions municipales comme Stationnement de Montréal ou des firmes de communications qui se pensent professionnelles comme Morrow, il y a une éthique à avoir. Michelle Sullivan nous présente aussi le code de la Public Relations Society of America sur le traitement de l’information.
Puisqu’on parle de l’utilisation commerciale de blogues, la position de la blogueuse professionnelle Michelle Blanc est intéressante à lire quand elle parle de la firme de communications Morons.
Félicitations et merci à Patrick Lagacé pour avoir fait les recherches nécessaires à la publication de ces informations sur le blogue de À Vélo Citoyens.
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Bonjour Ariane.
Je suis convaincu qu’autant Morrow Communication que Ville de Montréal sont heureux de la situation et des résultats obtenus.
Quand je dis que Morrow Communication devra traîner le poids de cet événement c’est qu’à la période préhistorique avant Internet, les agences nous contaient toutes sortes de menteries et la mémoire collective oubliait vite. L’arrivée d’Internet permet de garder des traces beaucoup plus visibles et permanentes des événements, risquant d’entacher la réputation long terme de l’agence.
Quand on cherche dans Google pour Morrow Communication, nous retrouvons dans la première page 6 blogueurs qui parlent contre Morrow Communication sur 10! Il y a des blogueurs d’influence tel que Michelle Blanc (spécialiste en web marketing) et Michelle Sullivan (relationniste du Québec) qui ont pris position et qui dénonce Morrow Communication.
Un client potentiel qui fait cette vérification va-t-il accepter de prendre le risque d’un tel résultat? Certains vont reculer, j’en suis convaincu.
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Au risque de te contredire, Raymond, j’ai l’impression que Morrow Communication est loin de considérer l’épisode Bixi comme un échec. Il serait surprenant que les responsables de la campagne n’aient jamais envisagé la possibilité que le pot-aux-roses soit éventuellement découvert. Et il faut admettre que de nombreuses organisations paieraient cher pour obtenir le tiers de la visibilité que ce mini-scandale a donné au Bixi.
Qu’on approuve ou pas, ce genre de marketing est appelé à gagner de plus en plus d’importance. Je pense à une campagne menée par l’arrondissement Ville-Marie l’an dernier pour réduire la quantité de mégots et de gommes jetés par terre, par exemple. On avait tagué un slogan un peu partout aux sorties de métro dans l’arrondissement et une page Facebook créée par de faux « citoyens outrés » avait été développée pour faire passer le message. La campagne n’avait pas fait scandale.
J’ai l’impression que dans le cas du Bixi, c’est surtout le fait que le faux blogue ait été créé aussi longtemps à l’avance et qu’il se soit développé un lien d’attachement et de confiance entre les internautes et les faux blogueurs qui a choqué. Personne n’aime découvrir qu’il est tombé dans le panneau… fût-ce pour servir une cause « juste » comme celle du service de vélo en libre-service.
Mais à mesure que ce genre d’initiatives (ajoutons au phénomène les fameuses publicités virales, vidéos qui connaissent une popularité étendue et instantanée sur le web et qui se révèlent être des publicités cachées) se multiplient, les internautes deviennent à mon avis plus avisés et attentifs et détectent les fraudeurs de plus en plus rapidement.
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Je ne pourrais pas vous dire s’ils sont encore en affaire. Je suppose que oui. Leur site Internet est encore fonctionnel. J’ai fait parvenir quelques messages à différentes instances sans avoir reçu de réponses.
Pour l’instant, je suis trop occupé pour pouvoir faire les suivis nécessaires. Éventuellement, j’espère pouvoir y revenir, autant sur ce sujet que plusieurs autres qui sont soulevés dans ce blogue.
Une chose est sûr les blogues permettent de garder dans notre mémoire collective les incidents soulevés. À tous les jours, des gens visitent spécifiquement ce billet. De plus, quand on fait des recherches sur Morrow Communication dans Google, dans la première page, nous retrouvons plusieurs blogues qui ramènent ces facheux événements. Une sorte de boulets électroniques dont Morrow Communication devra traîner encore bien longtemps.
Raymond Viger
http://www.refletdesociete.com
http://www.cafegraffiti.net
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Finalement M. Viger, qu’est-il advenu de cette firme de communication?
Est-elle toujours en affaire? Merci de me répondre et je viendrai lire votre commentaire!
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D’accord. Mais l’histoire a trois volets.
1- campagne bidon
2- un journaliste d’investigation ayant pignon sur rue signale le pot aux roses
3- retour du manche et anticlimax
Je leur concede 1- au risque de 2-. Ensuite, qu’ils vivent avec 3-…
P.L.
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Moi j’ai beaucoup de difficultés avec des agences qui paient du monde pour créer une fausse mode, vendre une pensée, une philosophie sous le couvert de la fausse représentation. Le consommateur n’achète pas le produit en toute connaissance de cause.
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Cette question du « faux » sur internet est passionnante et complexe. Pour tout dire, tant qu’il n’est pas diffamatoire, le cyber-fictif ne me dérange pas…
P.L.
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La publicité est un couteau à 2 tranchants. Quand les menteries sont dénoncés, cela se retourne souvent contre l’annonceur. Mais ça, les agences qui créent ces publicités ne semblent pas se préoccuper de la réputation long terme de leur client.
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Dans ma classification, c’est tout simplement un blogue thématique:
Il se sont fait pincer, les lecteurs n’ont pas apprécié. Maintenant, ils doivent assumer cet anti-climax publicitaire…
Paul Laurendeau
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Bonjour Mme Sullivan.
Je vous ai connu lors des ateliers de la Société des relationnistes (SQPRP). J’étais convaincu que vous en faisiez encore partie.
En ce qui concerne l’invitation faite à Morrow, merci de bien spécifier que M. Morrow n’est pas le conférencier. M. Morrow est invité à rencontrer les gens pour discuter des événements. J’avais bien compris cette nuance qui est très bien expliqué dans votre billet. Pour le bénéfice des internautes, je vous remercie de vous assurer que tous ont bien compris.
Je vais tenter d’y être. Évidemment, sans rien garantir. Mon horaire est encore infernal.
Au plaisir de peut-être vous y revoir.
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Je relis de nouveau votre texte et me dois de corriger la phrase suivante:
« Sur le site de Michelle Sullivan de la société des relationnistes (SQPRP) et organisatrice des 3e mardi du mois elle lance une invitation à la firme Morrow Communications de se présenter à la rencontre des 3e mardi du mois pour s’expliquer. »
1. Je ne suis pas de la SQPRP – j’ai été membre et bénévole pendant quelques années, mais ne le suis plus. Ceci dit, j’appuie les principes du code de déontologie de l’association.
2. L’invitation lancée à Morrow est la même qui est lancée à tous les professionnels en relations publiques et en marketing – d’assister à l’événement 3e mardi | Third Tuesday afin d’échanger sur les médias sociaux. Morrow n’aura pas à s’expliquer, du moins pas publiquement, lors de l’activité 3e mardi du mois de mai. Notre conférencier est plutôt JF Codère (Journal de Montréal / Rue Frontenac), qui partagera avec nous sa perception des médias sociaux. Je vous invite à vous joindre à nous – qui sait .. s’il accepte notre invitation, André Morrow y sera peut-être et si vous êtes comme moi vous en profiterez pour dialoguer avec lui, verre de vin à la main.
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Les codes de déontologie de ces 2 associations prévoient que l’on peut déposer des plaintes par écrit. C’est ce que je vais faire. Cela me permettra de voir leurs réactions. Je vous tiendrais au courant des réponses reçues.
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Merci Mme Sullivan de clarifier la nuance entre agence de publicité et agence de relations publiques. Il était tout de même important de souligner votre désaccord en ce qui concerne la façon de faire de Morrow Communications.
En ce qui concerne les agences de publicité, il existe plusieurs associations avec chacun leur code d’éthique qui ne sont pas nécessairement clair et qui peuvent porter à interprétation.
– Institute of Communication and Advertising http://www.icacanada.ca/pdf/publications/ICA_code_of_ethics_french.pdf
– Association des agences de publicité du Québec http://www.aapq.ca/media/pdf/code_deontologie_final.pdf
Les deux associations semblent avoir des code de déontologie très similaire. Le plus intéressant est de voir qu’ils doivent être honnête entre les agences, mais ne disent rien pour la vérité avec le public!!!
«Une agence membre et ses employés doivent éviter de tenir des propos mensongers, fallacieux ou désobligeants envers une autre agence, d’un groupe d’agence, de leurs employés ou de l’industrie en général.»
Une 3e association semble avoir des règles plus précises:
L’association canadienne du marketing: (http://www.the-cma.org/french/?WCE=C=47%7CK=225885).
H2 Véracité
Les communications marketing doivent être claires et véridiques. Les agents de marketing ne doivent pas sciemment faire de représentations fausses ou trompeuses à un consommateur ou à une entreprise.
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Bonjour M. Viger,
Que je sache, Morrow Communications est une agence de pub et non de relations publiques. Alain Morrow n’est pas membre de la SQPRP (confirmé par la SQPRP) et donc n’est pas tenu à respecter le code de déontologie de la SQPRP/CPRS.
Je ne connais pas les codes de déontologie des associations marketing, ni leur positionnement sur le ‘astroturfing’ (pratique de faux blogue).
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