François Richard | Dossiers Alcool et droguePolitique et Toxicomanie

La Stratégie nationale antidrogue du gouvernement canadien serait devenue inefficace depuis l’arrivée au pouvoir des Conservateurs à Ottawa. Stephen Harper s’est prononcé contre la réduction des méfaits comme approche centrale de la lutte aux toxicomanies. Les bienfaits de cette approche sont pourtant reconnus par l’Organisation mondiale de la santé, ainsi que par la majorité des intervenants et des chercheurs du milieu. Les Conservateurs sont plutôt portés vers une approche de dénonciation sans distinction de toute consommation de drogue.

xperimentations.ca, la cocaïne et le cannabis

Le dernier exemple en date est le site xperimentations.ca. Cet outil de prévention destiné aux adolescents présente un avatar appelé Max, que l’utilisateur est amené à droguer. Sur fond sinistre avec musique dissonante, l’internaute voit Max dépérir rapidement après avoir consommé de la cocaïne ou du cannabis. Le discours du narrateur est sans nuance: la drogue est horrible, immédiatement et en tout temps.

Lettre ouverte de dénonciation

Le président du Groupe de recherche et d’intervention psychosociale (GRIP) et professeur adjoint à l’école de psychoéducation de l’Université de Montréal, Jean-Sébastien Fallu, publie une lettre ouverte dénonçant le site xperimentations.ca et la Stratégie antidrogue conservatrice. Le texte, présenté au bas de ce billet, est signé par plus d’une centaine d’intervenants et de chercheurs du milieu. Son auteur s’est entretenu avec Reflet de Société.

Drogue et prévention

Selon Jean-Sébastien Fallu, xperimentations.ca ‘ne respecte pas les principes de base en prévention. La consommation de drogue y est dépeinte comme toujours négative. Les jeunes ne croient pas à ce message.’ L’inadéquation entre les connaissances scientifiques et ce genre d’initiatives s’expliquerait par la politique, selon Jean-Sébastien Fallu. ‘Le gouvernement conservateur nie la science pour faire plaisir à son électorat. Les gens veulent un message de type ‘la drogue c’est mal’. Il y a du vrai là-dedans, mais ça ne fonctionne pas. Ça répond à une motivation électorale.’

Libéraux, Conservateurs et drogues

Le professeur dit avoir constaté un changement d’approche radical lors du passage du pouvoir des Libéraux aux Conservateurs. Le meilleur exemple en est selon lui la mise au rancart du document ‘ Drogues: Savoir plus, risquer moins’, ouvrage préfacé par l’ancien ministre de la Santé du Québec, Philippe Couillard. ‘C’est un bon document de prévention. Il dit toutefois des choses contraires à la philosophie conservatrice, soit que la drogue a toujours fait partie de la société. Maintenant, ces livres dorment dans un entrepôt, 1 millions de fonds publics gaspillés. Nous n’avons eu aucune explication de Santé Canada.’

Financement de la recherche

Le président du GRIP craint que l’approche conservatrice influence négativement la recherche scientifique sur les drogues et l’intervention au cours des prochaines années. ‘Faut-il partager leur philosophie et leur approche pour être financé? Je ne peux pas le dire avec certitude, mais il semble que oui. Les responsables d’un dossier feront souvent de l’auto-censure. Ils voilent de l’information en sachant ce qui est attendu d’eux ‘en haut ».

Nous publions la lettre ouverte ici.

Santé Canada et le CCLAT jettent nos taxes par les fenêtres!

Après avoir mis au rancart 500 000 exemplaires du livre « Drogues : Savoir Plus, Risquer moins » achetés par le gouvernement au coût d’environ 1 million de dollars, pour des raisons idéologiques, et après avoir conçu et diffusé des publicités inefficaces ou même nuisibles au sujet des drogues, toujours par idéologie, voilà que Santé Canada récidive avec, cette fois-ci, la servitude et la complicité désolantes du Centre canadien de lutte à l’alcoolisme et à la toxicomanie (CCLAT). Tel qu’appréhendé, la fameuse campagne de prévention sur Internet réalisée par le CCLAT et qui est en partie financée par la Stratégie canadienne antidrogue, a récemment été mise en ligne sur le site xperimentations.ca et est contraire aux meilleures pratiques de prévention reconnues comme étant efficaces auprès des adolescents.

Drogue et enfants de 10 ans

Nous savons que la recherche scientifique est en constante évolution et n’est jamais définitive, mais s’il y a une connaissance qui est très solidement documentée par des décennies de recherche en prévention des toxicomanies auprès des adolescents, c’est bien que les approches centrées uniquement sur les risques, les exagérant, tentant de faire peur à l’aide de messages sensationnalistes, déconnectés de la réalité et manquant de crédibilité sont au mieux inefficaces et souvent nuisibles. De plus, présenter des informations sur les substances à de très jeunes adolescents est généralement contre indiqué, particulièrement pour des substances auxquelles ces jeunes ne sont pas encore exposés, parce que cela peut piquer leur curiosité et les pousser à expérimenter des drogues. Pourtant, le site s’adresse à des jeunes de 10 ans et plus et présente une information plus que tendancieuse.

Fonds publics gaspillés

Le projet du CCLAT constitue donc sans équivoque un énorme gaspillage de fonds publics. Quelle étude-pilote d’évaluation le CCLAT a-t-il d’ailleurs réalisée avant de diffuser une telle campagne de prévention web à l’ensemble du Canada ? Quels sont les références reconnues en recherche qui peuvent valider et justifier une telle approche de prévention et un tel message ? En ces temps de récession économique et d’accessibilité restreinte de soins de santé, ces sommes pourraient incontestablement être mieux investies ! Reste à voir ce que fera le CCLAT du reste des 10M$ sur 5 ans qu’il a reçus de Santé Canada. Un réalignement est clairement nécessaire !

La liste complète des signataires est disponible ici.

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