Dominic Desmarais | Dossiers Éducation, Casino

Une heure de piano et de violon, de la danse, du chant: bienvenue à l’école primaire Sacré-Cœur dans le centre-ville de Sherbrooke. Avec 7 heures et demie de musique par semaine et une fin d’année écourtée d’un mois pour préparer le concert, nous avions beaucoup moins d’heures que les autres pour assimiler les connaissances exigées par le ministère de l’Éducation.

Quand la cloche sonnait pour annoncer le retour en classe après le dîner, mon ventre se serrait. La pire heure de ma journée, le moment que je m’efforçais d’oublier, c’était l’heure quotidienne de violon et de piano. Ces deux demi-heures étaient les plus longues de mon existence toute neuve. Au violon, je luttais sans cesse pour rester dans ma rangée, debout, à jouer de mon archet quand on me le disait, à sans cesse répéter les mêmes passages. De temps à autre, je passais la période seul, confiné à une pièce de rangement, entre des piles de chaises. Au moins, j’étais capable de suivre les autres. Je me débrouillais.

Le cours de piano était mon vrai «calvaire». Ma main gauche refusait obstinément de jouer toute autre note que ce que ma main droite jouait. En fait, je ne jouais que de la droite. Pendant 30 minutes, je priais en silence pour que ma prof ne s’en aperçoive pas. J’espérais repousser à un lendemain sans fin le moment fatidique où je serais démasqué. Le piano, c’était mon enfer, un enfer qui se répétait tous les jours.

Le cours de chant, deux périodes de 45 minutes, me plaisait davantage. Parfois, je fermais les yeux et me laissais bercer par le chœur de mes 29 camarades. Cet univers me reposait. Côté danse… Une heure à faire rire de moi pour mon manque de talent. J’adorais ça! Bouger, virevolter, sautiller. J’avais juste de la difficulté à suivre les directives, la technique. Et je détestais porter ces ridicules chaussons de ballets qui ne me faisaient pas mieux danser…

Ces heures de musique n’étaient pas les plus valorisantes pour moi. Ce sont les moments que j’ai redouté le plus tout au long de mon primaire. La musique et moi, ça n’allait pas ensemble. Le pire, c’est que jamais je ne voyais venir cette heure cauchemardesque. Comme nous avions moins de temps à consacrer aux matières régulières, il fallait apprendre vite. L’avant-midi passait à vive allure. Je plongeais dans des univers différents constamment. J’étais entouré d’amis et sans cesse stimulé. J’apprenais comme une éponge, moi qui n’avais en fait rien à voir avec la spécificité de l’école.

Des concerts à l’ambiance féérique

C’est cette énergie bouillonnante qui me ramenait sans cesse à aimer mon école. À la fin de l’année, quand les 6 niveaux se jumelaient pour préparer le concert de fin d’année, l’ambiance était féérique. Le cadre habituel des cours sautait. Ou bien l’on devait passer une heure, parfois l’après-midi entier, au gymnase pour les répétitions, ou bien notre professeur devait s’y rendre. Pendant un mois, nous nous occupions seuls de notre emploi du temps. Au tableau, nous avions la liste des travaux à faire pour la journée dans chaque matière. Il y avait une liste pour ceux qui voulaient prendre de l’avance. Dans les corridors, j’entendais sans cesse le va-et-vient de classes qui pratiquaient. Moi, j’apprenais sans m’en rendre compte. J’étais toujours dans une atmosphère stimulante car on me sortait constamment de mes habitudes. Un univers parfait pour un rêveur comme moi.

Les deux soirs de concerts, à chaque fin d’année, me faisaient vivre des moments magiques. Deux représentations à guichets fermés dans la plus grosse salle de spectacle de Sherbrooke. À six ans, je dansais, chantais et jouais du violon devant des milliers de personnes qui nous ovationnaient à tout rompre, mes camarades et moi. Après une telle expérience, j’oubliais toutes ces heures angoissantes vécues durant l’année. Le sentiment d’accomplissement ressentis par les quelque 500 élèves de l’école, qui nous était donné suffisait à tisser des liens d’appartenance envers notre établissement, l’éducation, la musique, la curiosité.

Je n’ai toujours pas développé de talent pour la musique. Le goût ne m’en est jamais venu. Mais mon intérêt pour ce qui me pousse à apprendre et à m’accomplir n’a fait que grandir. Parce qu’on m’a appris à aimer apprendre.

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