Lisa Mélia | Dossiers Religion et Spiritualité, Coran
Décembre 2007, un meurtre choque le Canada. À 16 ans, Aqsa Parvez est assassinée par son père car elle refuse de porter le voile. L’image de l’islam en tant que religion misogyne et violente se renforce. Pourtant, aujourd’hui et depuis plus de vingt ans, des femmes musulmanes libres et indépendantes se battent pour leurs libertés avec le Coran comme arme principale. Ces féministes musulmanes soutiennent que l’islam prône l’égalité des sexes mais que les interprétations machistes dominent.
Soumission des femmes musulmanes
Les musulmanes sont-elles toutes des femmes soumises? Certainement pas, tranche Malika Hamidi. Nous sommes fin mars à l’Université du Québec à Montréal et elle entre dans la salle un sourire aux lèvres et un voile lui couvrant les cheveux pour prononcer une conférence sur le féminisme musulman. «L’idée d’un féminisme islamique semble contradictoire à cause de toutes les violences qui sont faites aux femmes au nom de l’islam, explique-t-elle. C’est un courant très controversé, aussi bien dans le monde occidental que musulman.» Malika Hamidi, qui vit en Belgique, est doctorante en sociologie à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris et vice-présidente du mouvement European Muslim Network, un groupe d’étude et de réflexion sur l’islam. Elle est engagée depuis plusieurs années dans le féminisme musulman, dont elle fait la promotion un peu partout dans le monde.
Vision féministe du Coran
Samia Bouzourene est pour sa part militante depuis huit ans dans l’association Présence musulmane à Montréal, un collectif qui «promeut le vivre-ensemble et qui cherche à créer des ponts d’échanges entre immigrants et Québécois.» Elle explique que ce n’était «pas vraiment un mouvement au début, mais plutôt des individus qui travaillaient sur le Coran dans une optique féminine.» Elle œuvre sur le terrain, à Montréal, où elle vit depuis 15 ans après avoir quitté l’Algérie en raison de la situation politique. Depuis, elle se réjouit chaque jour de l’ouverture et du pacifisme des Québécois. Psychothérapeute de métier, elle s’est «toujours engagée sur le plan social dans un travail de «recontextualisation» des textes de l’islam.»
Depuis une vingtaine d’années, des musulmanes du monde entier revendiquent le droit à la relecture des textes sacrés que sont le Coran et les hadith, les faits et gestes de Mahomet, le prophète de l’islam. Ces intellectuelles dénoncent le machisme ambiant des sociétés musulmanes et affirment que le Coran est un texte profondément égalitaire et juste. «Au cours des derniers siècles, il y a eu une mainmise patriarcale sur les textes, tranche Samia Bouzourene, et les voix des femmes ont été mises en sourdine.»
Le Coran comme fer de lance
Connaissez-vous l’ijtihad, un concept présent dans le Coran? «Il s’agit de porter un regard nouveau sur le texte en fonction du contexte présent», résume Samia Bouzourene. Pour les féministes musulmanes, c’est un principe fondamental qui devrait conduire à une réinterprétation progressiste et féminine du livre sacré.
Le Coran pour libérer les femmes de la domination masculine est ainsi le principe même du féminisme islamique, qui travaille sur la «recontextualisation» des textes, la clef du mouvement. Malika Hamidi affirme que les autorités religieuses se servent de l’islam pour justifier des pratiques culturelles et traditionalistes qui n’ont plus leur place dans les sociétés actuelles. Le travail des féministes musulmanes consiste donc, en grande partie, à étudier les textes sacrés et à débattre avec les autorités religieuses. Elles cherchent ainsi à prouver que les inégalités entre les hommes et les femmes ne sont pas religieuses mais culturelles et qu’elles doivent donc être abolies.
Historique du féminisme islamique
Le féminisme islamique est apparu dans les années 1950, quand les femmes musulmanes ont commencé à acquérir une connaissance directe en science islamique. En Malaisie, le groupe Sœurs en islam a vu le jour en 1987. En Iran, c’est le journal féminin Zanan qui incarne le mouvement. Samia Bouzourene cite également l’intellectuelle marocaine Asma Lamrabet qui travaille depuis de nombreuses années avec d’autres femmes sur un projet d’encyclopédie de l’islam d’un point de vue féministe. Au Québec, un Centre de documentation et de recherche des femmes maghrébines a été ouvert dans les années 1980 sous l’impulsion de la députée fédérale Fatima Houda-Pépin, qui est aussi vice-présidente de l’Assemblée nationale. Malika Hamidi raconte de «belles victoires» obtenues par ce travail de relecture, comme l’interdiction de l’excision en Égypte. «Par la suite, ces intellectuelles ont rejoint les femmes sur le terrain occidental», raconte Samia Bouzourene.
En effet, il n’y a pas que dans les pays du Moyen-Orient que le féminisme musulman est pertinent. Dans les sociétés occidentales, certaines familles immigrées continuent de vivre selon les codes du pays d’origine. Les femmes subissent les mêmes violences et les jeunes filles les mêmes mariages forcés. Le père et le frère d’Aqsa Parvez ont été tous deux inculpés pour meurtre avec préméditation. Cette histoire est l’exemple le plus extrême à avoir eux lieu au Canada. D’autres continuent cependant de subir au quotidien le poids des traditions. Samia Bouzourene souligne qu’un autre défi est de motiver les femmes pour qu’elles ne se replient pas sur leur communauté. «Les premières années d’immigration sont très difficiles, affirme-t-elle. C’est un véritable défi que de s’adapter, et les femmes ont tendance à effectuer un repli communautaire.» Son travail de thérapeute lui permet de savoir que la dimension spirituelle est très importante dans ces moments-là.
Résistances et oppositions
«Les premières résistantes au changement, ce sont les femmes elles-mêmes», soupire Malika Hamidi. Le féminisme est en effet souvent vu comme un mouvement ne considérant la femme du tiers-monde que comme une victime qu’il faut émanciper selon un modèle occidental. «Au Québec, on se retrouve un peu entre le marteau et l’enclume», dit Samia Bouzourene avec un sourire. Elle explique que les féministes islamiques sont vues comme des hérétiques dans leur communauté. Elles doivent affronter l’incompréhension des laïques occidentales et leurs doutes quant à la sincérité et l’efficacité de la démarche. Marie-Andrée Roy, professeur à l’Institut de recherches et d’études féministes de l’Université du Québec à Montréal, précise cependant que «ce courant est comme n’importe quel féminisme confessionnel: il a sa place dans le mouvement global. Toutes celles qui veulent s’engager pour la défense des droits des femmes sont les bienvenues, peu importe les convictions religieuses.» Elle rappelle que l’existence de mouvements féministes chrétiens, juifs ou bouddhistes ne soulève pas autant de controverse.
Djemila Benhabib, Ma vie à contre-Coran
Certains ne croient tout simplement pas que l’on puisse faire changer les choses avec l’aide de la religion. C’est le cas de Djemila Benhabib, auteure de Ma vie à contre-Coran. «Le Coran permet-il d’interdire la répudiation? L’autorité parentale donnée exclusivement au père? Le châtiment corporel? Je pense que non. Malheureusement, l’interprétation actuelle courante des textes est la plus rétrograde», soutient-elle. Elle estime que, quand on parle de féminisme, il n’est pas nécessaire d’accoler l’adjectif musulman, chrétien ou juif. «De toute façon, les seules personnes autorisées à interpréter le Coran, ce sont les hommes.» Au Québec, elle constate qu’il y a encore des «poches de résistance», des familles dans lesquelles les hommes gardent le contrôle sur les femmes et refusent de les laisser se mêler à la société d’accueil.
Samia Bouzourene veut pourtant faire tomber l’idée selon laquelle la femme musulmane est forcément soumise, surtout si elle est pratiquante. «Le féminisme musulman, c’est donner un nom à ce qui se faisait déjà. C’est aussi une lutte pour être reconnues comme des citoyennes engagées qui contribuent à la société.» Malika Hamidi voit la religion comme la spécificité du mouvement, mais affirme que ses buts sont universels. Son voile a choqué une partie de l’auditoire le jour de la conférence. Elle le revendique pourtant comme sa liberté et paraphrase Voltaire: «Je porte le foulard car c’est mon choix, mais je serai la première à me battre bec et ongles pour une femme qui le porte de force.»
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Bonjour Anders.
J’ai l’impression qu’il y a un sentiment d’appartenance à une communauté, à une culture qui lie certaines personnes à leur rituel.
Arrivent un point de rupture où certaines personnes décident de faire le ménage des valeurs et des principes recus dans leurs communautés ou leurs familles. Pour d’autres, ils ne se questionnent pas et ne veulent pas remettre en question ce qu’ils ont appris.
Raymond.
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Bonjour Raymond,
Donc, tout comme pour les femmes catholiques de l’époque de Duplessis (et même antérieurement), très peu de Québécoises musulmanes et voilées choisissent de remettre en question leur port du hidjab même si elles ont la foi, elles sont libres et éduquées…
Anders
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Bonjour Raymond,
Me dis-tu alors que les néo-Québécoises musulmanes libérées de la pression religieuse et sociale de leur pays d’origine choisissent de porter le hidjab parce qu’elles considèrent cela comme normal du point de vue de leur foi?
C’était comme si elles continuaient l’oppression de leur pays ici au Québec alors qu’elles auraient le choix de ne pas le porter… Peut-être que je ne comprends pas, car mon point de vue féministe est résolument occidental et nord-américain…
Anders
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Bonjour Anders.
Si une féministe de l’an 2000 avait rencontré ma mère dans les années 1950-60 pour lui dire que ce n’était pas correct de porter le chapeau avec le petit voile blanc, ma mère ne l’aurait possiblement pas cru ou accepté cette théorie.
Raymond.
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Si la religion catholique de l’époque n’est pas loin de l’islam d’aujourd’hui dans certains pays du Moyen-Orient et dans certaines communautés néo-québécoises, la soumission de la femme envers les hommes est le gros point commun.
Alors, pourquoi certaines femmes musulmanes choisissent consciemment de porter le hidjab, un symbole de leur oppression dans la religion musulmane? Les néo-Québécoises, affranchis de la situation de l’islam et de la domination patriarcale dans leur pays d’origine, sont pourtant libres de porter ou non le voile ici. Et ce symbole représente clairement l’asservissement de la femme musulmane à sa religion et aux hommes.
C’est précisément cette décision de ces femmes musulmanes libérées de porter le hidjab que je ne parviens pas à comprendre. Peut-être que mon incompréhension est dûe à ma naissance en 1984 et que ma mère ait décidé de ne pas me faire baptiser, décision dont je lui suis gré aujourd’hui…
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La religion demeure la religion. Et pour les personnes qui veulent s’y soumettre, il peut arriver certaines aberrations.
Je suis né en 1958. Dans les années 1960, le curé passait de portes en portes. Il chicanait ma mère qui n’avait que 2 enfants. Dans certaines occasions, ma mère devait porter un chapeau féminin. Il y avait même une mode avec un petit voile blanc genre dentelle blanche!
J’ai entendu ma mère demandé à mon père pour qui elle devait voter pour ne pas annuler son vote!
La femme devait être soumise à son mari.
La religion catholique de l’époque n’était pas loin de ce que doive vivre les femmes musulmanes.
Raymond.
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Bonjour Raymond,
Sincèrement, malgré ce que je peux lire et entendre à propos des musulmanes épanouies et portant le hidjab, j’ai de la misère à concevoir qu’elles puissent se sentir libres et épanouies en choisissant volontairement de porter le voile. Même si elles disent ne pas être soumises à leur mari, elles choisissent tout de même de se soumettre à leur religion et je ne comprends pas ça.
Anders
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Bonjour Chakir.
Qu’entendez-vous par la religion du four crématoire?
Raymond.
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la femme dans l’islam est inferiorisé le code de conduite c’est le coran personne n’a le droit d’y changer meme une virgule-la femme est sous tutelle d’un male jusqu’a sa mort,c’est les hommes qui l’enterrent ,les femmes interdit le cimetière-le coran dit la femme est déficiente en intelligence et en religion-le temoignage d’une femme n’est pas valide-les immams ne disent pas la vérité aux croyants,vu que le coran est difficile à comprendre–la religion du four crématoire,tous les non croyants y vont—l’homme prend plusieurs femmes plus les mariages de juissance,la femme rien,
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@ foot2010.
En relisant ton commentaire, je m’interroge si tu as bien compris le sens du commentaire de Txabi. Il dénonce une religion, l’Islam. Il ne prône aucune religion. En quoi trouve-t-il ses connaissances limitées?
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@Foot2010,
Non monsieur, je dirais plutôt que ce sont tes connaissances qui sont ultra limitées, car vois tu je connais parfaitement bien pour travailler quotidiennement avec elle depuis plus de 25ans cette population musulmane et ses pensées, le prosélitisme et l’entrime entre autre. Sors de ta maison de Barbie et arrêtes de croire que tu vis dans un monde merveilleux, tu te rendras vite compte quel est la place de l’occident dans ces sociétés, à moins que ta mauvaise foie ne l’emporte
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@ txabi tes connaissance sont limités puisqu’on trouve chez pas mal d’autre religion ! Moi ma religion c’est le foot et comme toutes religions il y a une part de gens violent !
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Bonjour Midax.
Pouvez-vous expliquer un peu plus votre position.
Comment définissez-vous les néocoloniaistes et impérialistes?
Comment manipulent-ils les conflits?
Raymond.
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les conflits sont manipulées par les néocolonialistes et impérialistes. les musulmans, juifs ou chrétient en sont innocents. on cherche à nous exterminer en créant un choc de civilisations…
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Bonjour Txabi.
Est-ce l’Islam ou l’interprétation de l’Islam que certains en font qui est le problème? Une religion est un outil de développement personnel. L’usage que j’en fait demeure personnel et individuel.
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Si vous n’avez pas encore compris que l’islam est un fléau qu’il faut rayer de la surface de la terre, ouvrez un peu les yeux et regardez les pays du monde qui sont en conflit, il y a toujours de l islam la dedans. Est ce que d’autre religions pronent l’assimilation forcée, la pose de bombes dans des lieux public, l’intolérance de la critique, etc…., sans compter le « statut » bien particulier des femmes. Vraiment une « religion » archaïque, rétrograde, a bannire.
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