Note spéciale: Jean-Pierre Bellemare a été reconnu coupable en mai 2021 pour un autre crime commis en 2018 et se retrouve maintenant en prison.

Jean-Pierre Bellemare | Dossier Chronique du prisonnier

Prison de Cowansville

Après avoir côtoyé autant de meurtriers pendant plusieurs années, je me suis fait une bonne idée sur ce qui les a entraînés à commettre l’irréparable. Les meurtriers que je connais ne réagissent pas de la même manière ni pour les mêmes motifs. Il est important de les différencier. Celui qui a tué pour une dette d’argent ou pour un affront ne ressemble en rien à celui qui a sauté les plombs à cause de son divorce.

Le drame passionnel

Une souffrance constante combinée à une douleur lancinante nous dirige vers le blackout (la personne ne voit plus rien). La réalité devient floue. Les alternatives semblent inexistantes. On en vient sérieusement à désirer la mort de quelqu’un. Poussé dans nos derniers retranchements, le bouchon saute, la soupape éclate. Une réponse à une accumulation incroyable de tourments et de malheurs.

L’erreur ou l’accident

Les criminels de quartier se forgent des réputations de durs et seront éventuellement mis à l’épreuve dans des circonstances inattendues. Pour ne pas perdre la face, ils commettront l’irréparable à leur grand dam. Un cas typique: croire qu’en menaçant d’une arme sa victime, l’agresseur obtiendra ce qu’il veut sans que celle-ci ne se défendent. L’imprévisible brouille les cartes. La victime se débat et réagit sans réfléchir, attaque ou crie. L’agresseur, dépassé par les événements, tire, frappe ou poignarde. Mauvais réflexe.
Le tueur n’a jamais eu l’intention de tuer. Il lui sera pratiquement impossible d’en convaincre un jury. L’utilisation d’une arme est considérée comme une admission de culpabilité. Les gars que je connais et qui ont été pris dans ces circonstances regrettent amèrement ce manque de jugement ainsi que la perte d’une vie humaine. Ils n’ont jamais souhaité la mort de l’autre. Leur maladresse dans le maniement d’une arme mêlée au stress intense qu’ils vivent pendant un vol provoque ce genre de meurtre. Ce sont des accidents impardonnables parce qu’ils auraient pu être évités.

Pour le meurtrier qui vit avec les autres détenus, admettre que ce n’était pas le but recherché re-viendrait à reconnaître son étourderie. Il tente de minimiser la gravité des événements. En prison, les autres détenus admirent avec crainte et respect ceux qui ont déjà tué.

Le tueur à gages

Le meurtre étant réservé à une élite de confiance, les erreurs probables sont inadmissibles. Elles entraînent des sentences à perpétuité ou purement l’élimination du tueur, ce qui justifie une méticulosité presque paranoïaque dans ce milieu. Ceux qui travaillent pour les organisations criminelles doivent passer différentes épreuves avant d’être engagés comme tueur. Celui qui a le désir d’accéder à un rang supérieur devra participer automatiquement à des actes répréhensibles.
En vingt ans, j’en ai connu trois ou quatre au maximum. Si je me fie à ce qu’on me raconte, il devrait y en avoir au minimum une centaine. Au pénitencier, le mensonge est une chose commune. Les véritables professionnels n’attirent pas l’attention et sont d’une discrétion totale. Ils ne cherchent pas la renommée. C’est considéré comme un vilain défaut par ceux qui octroient les contrats. Les hommes avec qui j’ai pu échanger ont renversé plusieurs de mes propres croyances. La plupart du temps, les gens qu’ils doivent exécuter ne sont pas des enfants de chœur.

On donne systématiquement tort à celui qui mange une correction en prison. Pourtant, les meilleurs batailleurs n’ont pas nécessairement raison. C’est souvent à tort que nous pensons ainsi. Pour les exécutants, peu importe qui a raison ou tort, c’est celui qui paie qui décide, point final.

Certains criminels auraient fait d’excellents soldats car ils ont cette rare capacité d’obéir froidement aux ordres donnés, sans questionner l’autorité. Ils n’ont pas choisi le bon groupe.

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Journaliste dans divers médias à travers le pays; Halifax Daily NewsMontreal Daily NewsFinancial Post et rédacteur en chef du Montreal Downtowner. Aujourd’hui, chroniqueur à Reflet de Société, critique littéraire à l’Anglican Montreal, traducteur et auteur aux Éditions TNT et rédacteur en chef du magazine The Social Eyes.

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