Pour 3 jeunes rappeurs en quête d’originalité, la spiritualité va de pair avec l’expression de leur art. Sans être enflammée par une quelconque ferveur religieuse, ils fuient les carcans du hip-hop commercial en s’inspirant plutôt de leur profonde connaissances d’eux-mêmes.

Murielle Chatelier | Dossiers Rap, Spiritualité et Hip-hop

Écrire et réfléchir

Partager, aimer, apprendre, c’est la meilleure façon qu’a trouvé Madhi de vivre pleinement. Évoluant dans l’univers hip-hop depuis son adolescence, il transmet maintenant sa passion à divers publics, jeunes et moins jeunes, en animant des ateliers axés sur l’écriture et la réflexion.

«Cette occasion s’est présentée par hasard dans ma vie. J’ai été contacté pour animer un atelier. J’y retrace l’historique de la culture hip-hop et je parle de mon parcours pour aider les gens à comprendre que le hip-hop n’est pas aussi superficiel qu’on peut le croire. Ensuite, je partage avec eux mes techniques d’écriture et mes sources d’inspiration. Même si quelqu’un ne s’intéresse pas vraiment au hip-hop, j’arrive à capter son attention avec la portion écriture de mon atelier: je lance un thème au hasard, et j’invite les gens à extérioriser leurs émotions pour les coucher sur du papier. Parfois, je suis béat de voir avec quelle profondeur les gens parviennent à aborder des sujets simples. Et je fais constamment des rencontres extraordinaires.»

greg Longtemps confronté à de pénibles crises d’identité, né de parents d’origines haïtienne et dominicaine, Madhi a grandi dans un milieu anglophone, entre le créole et l’espagnol, dans des quartiers multiculturels où il a appris à s’ouvrir aux autres et à respecter toutes les différences. «Mes parents viennent de deux pays dont les peuples sont en conflit depuis belle lurette. Des deux côtés, j’ai dû faire face à l’ignorance, née de cette haine aveugle. Malgré tout, j’ai réussi à tirer le positif de cette double culture et je me trouve même privilégié de bénéficier d’une telle richesse. Il ne fait aucun doute que cet héritage influence beaucoup ma musique.»

Rapper pour épater la galerie, ce n’est pas son truc : «Quand j’écris et que je chante, j’illustre ou je dénonce ce que je vis. Et je me dis que, tant qu’à prendre la parole en public, autant faire réfléchir le monde.»

Expérimenter un autre rap

Ramant à contre courant, Khyro – membre fondateur du groupe Atach Tatuq, dissous en 2007 – pratique un rap expérimental aux sonorités surprenantes qui ne respecte ni les mesures ni les schémas d’écriture dictés par ce style musical. «Ce que je cherche avant tout en faisant de la musique, c’est de créer un lieu d’exploration de mon intimité. Dans mes chansons, je parle toujours au «je» et j’aborde des thèmes très proches de moi, puisés le plus souvent dans mes rêves.»

khyro Déplorant que le «sacré» ait été éliminé de la société québécoise, cet artiste a viscéralement besoin de se recueillir avant de pouvoir laisser libre cours à son sens artistique: «Je crois que c’est à travers soi, et non à travers des idées, des doctrines ou des idéologies qu’on peut avoir accès à une force divine que certains appellent Dieu. Plus tôt dans ma vie, la recherche religieuse était très présente et elle m’a aidé à me trouver une identité. Après cela, j’ai voulu comprendre pourquoi j’ai eu besoin de cette recherche et pourquoi cette quête est passée par la religion. Ces questionnements m’ont amené à découvrir la psychanalyse, une méthode à travers laquelle j’ai trouvé la clé de la compréhension de mon être.»

Bien que, pour ce rappeur, la spiritualité s’exprime mieux en actions qu’en paroles, une partie de son travail en est quand même teintée: «Dans ma musique, ma spiritualité se traduit surtout lorsque je fais de l’improvisation parce que je cherche à atteindre un état de transcendance qu’on peut qualifier d’extatique. À ce moment-là, je perds le contrôle de ce qui se passe en moi, alors ce sont essentiellement les énergies qui me traversent qui guident mes paroles.»

Khyro se dit conscient que son rap expérimental rejoint un public assez restreint au Québec : «Avec les chiffres de vente de mes albums, je constate que mes fans sont plutôt européens. On achète mes CD surtout en France, en Allemagne, au Danemark et en Suède. À ma grande surprise, des achats ont aussi été enregistrés en Australie et au Japon. Mon public, c’est celui qui veut se laisser toucher par ce que je fais: du rap conscient et intelligent.»

Un nouveau mode de vie

«À travers mon art, j’ai besoin de mettre sur la table toutes ces parties de moi qui ne sont pas visibles, dans le but de les partager avec mon public. Tout ce que je fais doit avoir une profondeur, une signification. Une personne qui ne recherche pas cette spiritualité se coupe d’une dimension importante de sa vie», fait valoir Monk.e, un jeune rappeur atypique de 27 ans.

Sans pratiquer de religion, il décrit sa musique comme des prières dont la source d’inspiration unique est son Créateur. Les mots et les mélodies qu’il choisit vibrent fondamentalement de cette essence. D’ailleurs, chacune des sphères de sa vie laisse transparaître son attachement à son Être suprême. Même son apparence physique ressemble à celle du Jésus présenté dans bon nombre de films.

«J’ai grandi dans une famille chrétienne traditionnelle, et, rebelle dans l’âme, j’ai voulu me sortir de ce moule.Je me suis mis à étudier le taoïsme, l’islam et les idéologies rastas, ce qui a façonné ma transformation. Pas mal de gens de l’industrie n’ont pas compris ce changement de cap, me prêtant toutes sortes d’intentions malveillantes.»

«Avant, j’étais plus matérialiste, je portais des vêtements griffés, je me rasais, je ressemblais à n’importe quel rappeur. Maintenant, je laisse pousser mes cheveux et ma barbe, c’est une démarche liée à la dimension spirituelle de ma vie: c’est ce que faisaient les sages des cultures anciennes.»

Fidèle à des principes moraux semblant venir d’une époque lointaine et révolue, Monk.e ne vend aucune de ses œuvres. Il les échange plutôt contre des services : «Je me bats pour la souveraineté artistique et personne d’autre que moi-même ou mon Créateur n’est propriétaire de mon œuvre. Monétairement, les albums que je produis ont une valeur, et les gens peuvent s’en inspirer pour m’offrir en don quelque chose d’équivalent, comme de la nourriture.» Le troc à l’ancienne est-il suffisant pour bien vivre? «Je ne suis pas riche en argent, mais il y a beaucoup de gens autour de moi qui croient en ce que je fais et qui sont prêts à m’aider. Sur le plan moral et spirituel, je vis très bien.»

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