Je voulais sentir l’endroit, pensant faire un tour de bateau le long des îles, question de saisir un peu mieux les conditions de vie de ces gens qui expliqueraient l’existence de ces trafics. Grosse déception. J’avais demandé à la compagnie qui fait la visite d’éviter le circuit touristique – c’est pour ça que j’y allais seul et que j’acceptais que ça me coûte un bras… – mais peine perdue.
Avec le temps, j’ai appris qu’ici, les gens comprennent bien ce qu’ils veulent. Ils vous disent oui-oui, mais font à leur tete! C’est déjà ça de compris… Tous les endroits ou nous nous sommes arrêtés étaient touristiques. Y avoir été dans cette optique, j’aurais peut-être apprécié. Très bel endroit, surtout la pirogue dans les petits canaux, sous la pluie diluvienne, mais ce n’était pas mon but!
Ça m’a cependant permis de pousser un peu ma réflexion, de comprendre un peu plus leur façon de voir le trafic… ou de ne pas le voir! Je ne sais pas encore qui a raison cependant. Je vous raconte. La première île, l’île de la Tortue, offrait, sitôt le gros orteil déposé sur la terre ferme, des produits juste pour le bon touriste qui s’émerveille devant des produits artisanaux, de la bouffe faite avec du miel… Je saute les détails – bien que certains soient un tantinet comiques! – pour aller droit au but. Encore que pour moi, aller droit au but, je sais, c’est long!!!
Donc, pendant que je dégustais des fruits locaux (ananas, papayes et deux autres dont j’ai oublié le nom, probablement parce que c’était la première fois que j’en mangeais), vient un petit groupe pour interpréter en l’honneur du touriste que je suis un petit pestacle de musique traditionnelle. Je me sentais comme dans ces films ou le groupe de Mexicains joue à côté de la table, pour le bonheur d’un couple. Sauf que je suis avec mon guide!!!
L’une des musiciennes, Qanh, était d’une beauté… (je n’ai pas les mots pour la décrire, je vous enverrai sa photo dans les prochains jours). Du haut de ses 21 ans, toute gracieuse avec son archet et son sourire réservé, elle était ravissante. Tout droit sortie d’un film de James Bond, bien qu’une pure asiatique, elle!!! Mon guide me demande si je l’aime… Je lui réponds que je la trouve très belle, mais que je ne la connais pas. Essayez d’expliquer la différence entre attirance et amour à un guide qui parle correctement l’anglais sans plus, et qui de surcroît comprend ce qu’il veut bien comprendre… Peine perdue! Mon guide m’a aussitôt suggéré de la marier! Merde, je la vois pour la première fois, et lui me parle de mariage. Il ne me lâche pas avec ca. «Tu pourrais l’amener au Canada.» Bien oui, c’est ça.
Sans m’en aviser, il dit au patron de Qanh de la faire venir… Son groupe se donne devant un tas de touristes, et elle quitte pour venir me parler. J’ai envie de me sauver. Je suis aussi gêné qu’elle. Non, quand même pas… Je ne sais quoi lui dire, elle encore moins. Je suis mal à l’aise, car je sais trop bien qu’elle est venue non pas par envie, mais par obligation: son boss le lui a dit. Maudit touriste qui contrôle tout… Je suis ce que je déteste le plus des touristes… On a finalement discuté cinq minutes. J’imagine que mon guide lui a dit que je voulais la marier. J’en mettrais ma main au feu. Il n’a pas arrêté de me parler d’elle, que j’étais en amour avec elle. Pour lui, c’est normal. Ça fait pourtant partie de ce qu’on appelle la traite des êtres humains.
J’aurais pu forcer la chose. La marier, la ramener. Normal pour mon guide, normal probablement pour les parents de Qanh. Qanh aurait une vie meilleure, pense mon guide, sa famille aurait reçu de l’argent une fois leur fille installée, ils seraient probablement venus par la suite. Qanh n’aurait pas eu un mot à dire. Peut-être le voudrait-elle, peut-être pas. Je ne pense pas que son opinion soit importante de toute façon. Elle aurait dit «oui» parce que ses parents lui auraient dit que c’est la bonne chose à faire… Mon point n’est pas là, cependant. Il est dans cette mentalité qui trouve normal qu’un fille de la place se marie avec un étranger, peu importe qu’elle ne le connaisse pas, pour aller vivre dans un autre pays.
Roman de cheminement humoristique. Pour dédramatiser les événements qui nous ont bouleversés. Pour mieux comprendre notre relation envers soi, notre entourage et notre environnement. Peut être lu pour le plaisir d’un roman ou dans un objectif de croissance personnelle. Le livre, au coût de 19,95$ est disponible dans toutes bonnes librairies au Québec ainsi qu’à la Librairie du Québec à Paris.
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