Les producteurs de vins québécois regardent avec envie les succès de leurs confrères ontariens. Ils aimeraient écouler leurs millésimes avec autant de facilité. Vœux pieux? Reflet de Société s’est rendu dans le sud de l’Ontario pour découvrir les secrets de la recette ontarienne.
Dominic Desmarais | Dossier Société des alcools du Québec
Péninsule du Niagara, Ontario – Il est facile de se perdre d’extase dans la péninsule du Niagara, à 100 km au sud de Toronto. À l’automne, les arbres ressemblent aux feuillus multicolores québécois. Sur la bordure des petites routes, les branches s’offrent en un toit de fortune. Derrière cette façade naturelle se moulent les petites municipalités de la région.
Dans ce décor bucolique, des champs de vignes se dressent à perte de vue. À croire qu’il n’y pousse que ça. Environ 60% des quelque 100 vignobles recensés en Ontario ont pignon sur rue à proximité des chutes Niagara et du lac Ontario.
David et Goliath
Leonard Pennachetti est propriétaire du vignoble Cave Spring Cellars, dans la municipalité de Jordan. Nombre de ses voisins possèdent un vignoble ou font pousser du raisin qu’ils vendent à de grosses entreprises. Grand, svelte, les cheveux grisonnants, Leonard Pennachetti est l’ancien président et fondateur de la Vintners Quality Alliance (VQA), un regroupement de vignobles de la province. La VQA s’assure de la qualité du vin et désigne les appellations d’origine.
Dans le marché du vin, M. Pennachetti se considère comme un joueur de second ordre. «Une goutte d’eau», s’amuse-t-il à dire avec l’assurance d’un homme qui réussit bien. Son vignoble produit annuellement 720 000 bouteilles. À lui seul, il met en marché presque autant de bouteilles que l’ensemble des vignobles québécois qui avoisinent le million de bouteilles par an. Des broutilles, pour le marché ontarien. Les compagnies Vincor et Andrew Peller, les deux plus importantes, accaparent près de 80% des ventes de vins locaux à la LCBO, le pendant ontarien de la SAQ.
M. Pennachetti bredouille quelques mots de français, lointain souvenir de ses cours du secondaire. En fier ambassadeur de sa région, il s’improvise guide touristique. Délaissant son bureau au profit du volant de sa berline, il parcourt les petites rues de sable des environs. Du doigt, il montre les champs de cultivateurs qui font pousser du raisin pour les deux principaux vignobles. Il distingue les différents cépages d’un champ à l’autre.
À 5 km de ses bureaux, il désigne un vignoble, le Flat Rock Cellars, propriété d’Edward Madronick, un jeune trentenaire. Un petit vignoble, au dire du guide improvisé, qui produit 180 000 bouteilles deux ans après sa fondation. À titre d’exemple, le vignoble L’Orpailleur, de Dunham, est le plus gros producteur québécois avec ses 125 000 bouteilles.
L’Ontario, un climat unique
Les vignobles ontariens sont en bonne santé. Ils orientent leur production de manière industrielle, en espérant se faire une petite niche sur le marché international. Au Québec, le vin est produit de façon artisanale. «La différence, c’est le climat», tranche le propriétaire de Cave Spring Cellars.
Dans la cave du siège social, près des entrepôts, une carte géographique de la région est collée au mur. M. Pennachetti l’utilise pour expliquer les conditions avantageuses dont bénéficient les vignobles de la péninsule. La profondeur du lac Ontario et l’escarpement du Niagara tempèrent les vents et limitent les températures glaciales. Moins affectées par le froid, les vignes permettent au raisin de mûrir plus longtemps.
Grâce à ce micro climat unique, les vignerons ontariens utilisent les mêmes vignes pour leur raisin que les grands vignobles de la planète, comme celles de la France ou l’Espagne. Les vignes, appelées vitis vinifera, permettent, selon M. Pennachatti, de produire un vin de qualité supérieure.
«Au Québec, on utilise des vignes hybrides. C’est une grosse différence. Les vitis vinifera font de meilleurs vins», assure M. Pennachetti. Auparavant, les producteurs ontariens utilisaient eux aussi des hybrides, un croisement entre deux sortes de vignes pour résister au froid. En juin 2007, le ministère de l’Agriculture ontarien lançait un programme de 3,8 millions de dollars pour que les cultivateurs de raisins arrachent leurs vignes hybrides.
Denis Drouin, président et fondateur du vignoble le Cep d’Argent, en Estrie, ne partage pas cette opinion sur les hybrides. «Ça n’a rien à voir avec la qualité. Le vitis vinifiera se conserve plus longtemps et arrive à maturité plus lentement. L’hybride, c’est le contraire.» Son vignoble, comme ceux de ses confrères, utilise des vignes hybrides, froid québécois oblige. Ce qui ajoute aux coûts de production. En novembre, M. Drouin et ses employés doivent enterrer leurs vignes les moins résistantes. Un exercice que n’a pas à subir Leonard Pennachetti.
Les raisins de Niagara
La majorité des vignobles ontariens sont situés près des chutes du Niagara. L’une des attractions touristiques les plus prisées au pays, les chutes attirent plus de 12 millions de touristes par année, selon Tourisme Niagara. Une manne qui profite à l’industrie. En 2007, le Wine Council of Ontario recensait 1 million de visiteurs dans les vignobles de la province. Ce conseil, composé de membres du gouvernement, de vignerons et de producteurs de raisin, établit les politiques de l’industrie du vin.
Leonard Pennachetti suit le courant touristique. Il se voit d’abord comme un producteur de vin. Mais la réussite aidant, son entreprise a pris de l’expansion. M. Pennachetti s’est diversifié. Il a ajouté un restaurant chic à son vignoble, possède un hôtel luxueux avec spa, un resto-bar, des boutiques qu’il loue à des commerçants. Il développe sa région en créant des entreprises connexes.
Au Québec, Nadeige Marion, propriétaire du vignoble Les Trois Clochers, estime à 100 000 le nombre de visiteurs qui ont parcouru la route des vins de Dunham, cette année. Les vignerons du Québec, qui produisent moins, doivent attirer les visiteurs pour écouler leur production. «Nous avons un gros boom pour la période des vendanges, en septembre. Mais comment faire pour attirer les gens à l’année?» se demande Jean-Paul Scieur, propriétaire du Cep d’Argent, qui avoue trouver les mois de janvier à avril plus difficiles.
Les vignerons québécois ne peuvent concurrencer leurs confrères ontariens. Le climat, les vignes et la différence d’achalandage touristique contribuent à creuser un écart difficile à rattraper. Mais nos producteurs de vin, avec l’aide de la Société des alcools du Québec, ont la capacité d’augmenter leurs parts de marché. Et ainsi devenir une locomotive pour le développement des régions.
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Merci pour vos précisions. J’ai corrigé le texte avec vos propos.
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Il y a (peut être) une coquille : vous parlez d’unifera comparé au hybrides, il faut comprendre « vitis vinifera »,les vins les plus qualitatifs semblent être issus de cette espèce.
Les hybrides sont des croisement complexes entre vinifera et d’autres espèces comme vitis riparia,vitis rupestris. Ils produisent des vins de moindre qualité organoleptique. Cependant le vin le plus emblématique de votre pays, le Icewine, est souvent produit à partir du Vidal Blanc, un hybride inter-spécifique. Comme quoi il ne faut pas jeter tout les hybrides dans le même panier
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Merci M. Juan pour cet avis sur les vins chinois. Tenez-nous au courant lorsque votre article sur les vins du Sud de la France sera disponible. Il me fera un grand plaisir d’inviter les gens de mon blogue à aller le consulter.
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J’ai voulu éviter de parler des vins du Québec que je connais mal, mais que j’ai pu apprécier lorsque je me suis rendu à Montréal.
La raison est simple je prépare un article sur les vins du sud de la France. Qui me demande pas mal de travail d’investigation allant jusqu’à la vignification. La raison des appellations A.O.C
Ensuite je ne trouvais pas trés correct de ma part de comparer un patrimoine de terroir et une région bénit des Dieux par 300 jours de soleil.
Par contre en chine j’ai gouté un vin, afin de ne froisser personne, je dirai que personne n’en a reprit. Ces articles démontrent que celui qui en parle, sait se rendre sur place et dégsuter avec modération.
Bien à vous, Le Panda
Patrick Juan
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Je ne connais pas les vins russes. Je viens de recevoir en cadeau un vin Tchèque qui ne se vend pas à la Société des Alcools. Je vous tiens au courant de son goût et de mon appréciation.
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Des goûts et des couleurs….
Je crois qu’il y a ceux qui aiment et ceux qui n’aiment pas et que c’est toujours une comparaison qui n’a aucune objectivité avec un goût acquis.
En Russie, après quelques mois, j’en étais venu a adorer le vin georgien, surtout le préféré de Staline… ! Sans parler de la Resina, qu’on ne peut boire qu’en gardant fermement en tête une image de ciel bleu, de mer verte et du sable blanc d’une ile grecque…
Pierre JC Allard
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Merci M. Niquet pour les informations complémentaires sur les vins québécois et ontariens.
Vous semblez bien connaître nos trésors nationaux!
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Très bon article.
Il y a ausi Prince Edward County en Ontario qui est promis à un bel avenir. Certains comparent cette découverte à celle Saint-Émilion il y a plusieurs centaines d’années.
http://www.thecountywines.com/
Et dire que c’est à moins de 4 heures de Montréal…
J’ai bon espoir que le Québec réussira un jour à tirer son épingle du jeux.
Selon-moi 3 vignobles d’ici se démarquent.
http://www.domaineduridge.com/
http://www.marathonien.qc.ca/
http://www.vignoblecarone.com/fr/winesfr.html
Aussi, le Riesling de ce domaine qui se compare avantageusement aux produits allemands, autrichiens et français. http://www.cotesdardoise.com/fr/vins.html#blanc
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