Musée du crime génocidaire
Deux millions de morts en moins de quatre ans. Le musée est une ancienne école qui a servie de prison de torture sous Pol Pot entre 1974 et 1979. Je l’aurais appelé le «musée de l’horreur cambodgien.
Dominic Desmarais | Dossiers Enfants-soldats, International
Je suis allé au musée du crime génocidaire. Je l’aurais appelé le «musée de l’horreur cambodgien». C’est barbare, inhumain… J’ai failli pleurer. Je suis tellement bouleversé que je ne réussit pas à mettre le doigt sur l’émotion – ou les émotions – qui m’envahissent. C’est complètement tordu… Deux millions de morts en moins de quatre ans. Le musée est une ancienne école qui a servie de prison de torture sous Pol Pot entre 1974 et 1979. D’ailleurs, elle a ouvert ses portes le lendemain de mon premier anniversaire.
On y incarcérait les intellectuels du pays, qui représentaient une menace à la révolution des Khmers rouges. Par intellectuel, il faut comprendre enseignants, diplomates, ingénieurs… ou toute personne sachant lire. Pour la révolution, elle devait passer par les paysans. Pol Pot voulait recommencer à zéro un système où l’économie ne passait que par la production de riz.
Dans la prison que j’ai visitée, 15 000 intellectuels y ont séjourné. Aucun ne s’est échappé. Seule la fuite du régime de Pol Pot provoquée par le Viêt-Nam a permis de récupérer sept survivants. Je vous épargne les différentes méthodes de torture utilisées. Cruelles, abominables, bref l’être humain dans ce qu’il a de plus laid. Si on peut appeler ça être humain. Ces 15 000 personnes étaient torturées afin de leur soutirer le nom des gens qu’ils connaissaient, les membres de leurs familles. Quand les tortionnaires étaient satisfaits, ils envoyaient le prisonnier – et sa famille découverte grâce à ses aveux – dans un camp pour les assassiner. Pas avec des balles, jugées trop coûteuses, mais à coups de bambou. On les enterrait ensuite dans de fosses communes, même ceux qui n’étaient pas morts. Assez horrible.
Dans les salles de classes, utilisées comme cellules, on peut encore voir, près de 30 ans plus tard, des flaques de sang séché. En quatre ans, le bilan du régime de Pol Pot s’établit, selon ce qu’on peut lire sur les affiches du musée, à 3,3 millions de morts ou disparus, près de 150 000 invalides, 200 000 orphelins. Sans compter les écoles et industries détruites. La guerre civile aura duré près de 30 ans, pour se terminer à la fin du siècle dernier (1998). Un pays ne se remet pas du jour au lendemain d’une telle catastrophe. Trois générations qui n’ont pas reçu d’éducation (qui doit éduquer les générations suivantes sans trop savoir comment s’y prendre) et une économie complète à reconstruire.
Dans ce musée, il y a des salles remplies de photos des 15 000 prisonniers. Je ne sais combien il y en avait, des milliers assurément. Je les ai regardées une a une. Des gens qui ne savaient pas ce qui les attendaient. Le regard fier, courageux. Je n’y ai pas vraiment vu de peur. Ces gens sont pourtant allés à l’abattoir. Les tortionnaires ont même installé des barbelés aux étages pour éviter toute tentative de suicide…
Les gens photographiés n’étaient pas très vieux. Il y avait même des enfants. Devant chaque visage, je frissonnais. J’ai dû sortir après quelques salles, question de prendre un peu d’air. Je ne sais comment exprimer ce que j’ai ressenti. De l’impuissance, de l’incompréhension. Comment peut-on être si sadique? Massacrer en masse des humains? Comment a-t-on pu laisser une telle chose se produire? Ces tortionnaires, qui passaient leurs journées à infliger les pires sévices à leurs prisonniers, comment faisaient-ils ensuite pour retrouver leur famille, leurs enfants, et oublier ce qu’ils avaient fait la journée durant?
Je n’ai pas visité de musées ou de charniers concernant l’Holocauste en Allemagne. Je peux m’imaginer, encore plus aujourd’hui, l’horreur de ce carnage organisé.
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Raymond,
Je vous en remercie et je vous ai indiqué de bien vouloir prendre les dispositions qui vous semble les meilleures afin de préparer votre interview.
Oui nous avons finalement réussit à nous joindre et ce fut un plaisir
Je suis persuadé que Dominic prendra bien du plaisir avec Jean-Pierre sur ses questions !!
Cordialement,
Le Panda
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Bonjour.
Votre premier message était trop tôt, avant le début de notre journée. Le second, j’étais en meeting. Nous sommes dans la haute saison présentement et ça ne dérougit pas.
Nous avons finalement réussi à nous rejoindre.
Au plaisir,
Raymond.
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Raymond,
Je tente de vous joindre à trois reprises, je vous ai laissé « deux messages » sur votre boite vocal.
Merci d’avoir l’obligeance de m’indiquer à quelle heure France, je puis vous joindre sans vous déranger.
Très cordialement,
Le Panda
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Vous pouvez me joindre au (514) 256-4467.
Au plaisir,
Raymond.
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Raymond,
merci de ces précisions et bravo à Dominic d’avoir fait un tel travail dont vous vous faites l’écho à juste titre.
J’aurai besoin le cas échéant de vous joindre téléphoniquement cela est possible et le souhaitez-vous ?
Merci pour la réponse
Cordialement
Le Panda
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Bonjour Le Panda.
J’ai les réponses de Dominic aux questions posées.
Dominic est resté 1 mois au Cambodge pour faire ses reportages.
Les 15 000 intellectuels qui y ont été torturés pour donner les noms des autres restaient moins d’une année avant de se faire tuer.
Dominic avait un visa de touriste pour faire son reportage.
Au plaisir,
Raymond.
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Bonjour Raymond,
Bon dimanche,
Désolé juste un peu de vous mettre dans le besoin de complément, mais je suis ainsi et je cherche à savoir simplement.
Vous remercierez Dominic Desmarais.
Puis si vous obtenez les réponses j’en prendrais connaissance avec le plus plaisir, je vous remercie de votre démarche.
Patrick
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Bonjour Le Panda.
Je vérifie avec notre journaliste Dominic Desmarais et vous reviens avec les réponses.
Raymond.
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Dans la prison que j’ai visitée, 15 000 intellectuels y ont séjourné.
Vous y êtes resté combien de temps, de quelles sources viennent les 15000 personnes en lieux?
Vous aviez un visa particulier ?
Merci de vos réponses.
Le Panda
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Merci pour votre commentaire, votre implication et complicité.
Raymond.
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Merci de cette recommandation ceci étant dit, il me semble que si les lecteurs s’inscrivent dans un 1er temps à la newsletter de tous les articles des Voix du Panda, ils pourront apprécier la qualité des propos autant dans les échanges que dans la qualité des articles publiés.
En premier lieu je tiens à vous féliciter vous, pour votre engagement qui témoigne d’un professionnalisme et d’un humanisme indéniables à mes yeux.
J’ose croire et je le pense que de là, naitra une forte complicté. Vous avez raison d’écrire que « devant l’émotion on ne peut mettre un mot cela se vit »
Mais vous pouvez aussi lire mes articles sur CentPapiers, que je tente de mettre en symbiose avec les Voix dans le sens du partage.
Bien à vous ainsi qu’à vos lecteurs.
Le Panda
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Merci au Panda pour votre accueil et votre implication.
Je suis honoré de pouvoir participer aux Voix du Panda. J’invite les lecteurs réguliers de mon blogue à prendre le temps d’aller visiter et commenter sur le site: http://www.panda-france.net/
Raymond.
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Un article de très haute qualité qui démontre la valeur de son sens humanitaire.
juste un conseil à tous les visiteurs sur Les Voix merci de cliquez sur le site de l’auteur une pépinière de vécu.
Votre article se trouve aussi à présent sur Les voix du Panda.
Un seul mot bravo !!
Le Panda
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