Homosexualité et politique
L’arène politique québécoise compte peu de personnes ouvertement homosexuelles. Les hypothèses sont nombreuses pour expliquer cet état de fait mais un consensus prédomine parmi les personnes interrogées : l’orientation sexuelle demeure du domaine privé et le « coming-out » public est un libre choix.
C’était au lendemain des élections provinciales de 2007. Le Parti québécois (PQ) terminait derrière l’Action démocratique du Québec (ADQ). Une défaite cuisante pour les péquistes qui ont obtenu leur pire score électoral depuis 1970. Certains candidats du PQ ne se sont pas gênés pour blâmer l’homosexualité de leur chef, André Boisclair. Un facteur qui aurait fait perdre des votes, selon eux.
Trois ans plus tard, le principal intéressé refuse de rejeter le blâme sur son homosexualité. M. Boisclair, aujourd’hui consultant en Développement stratégique et affaires publiques pour la firme Ernst & Young, juge que les résultats électoraux sont là pour en témoigner. « Je regarde l’appui, il venait surtout des régions comme l’Abitibi et le Saguenay Lac-Saint-Jean, des endroits aux valeurs plus conservatrices et traditionnelles », se défend-t-il. L’ancien chef péquiste admet que l’homophobie est encore existante, mais demeure minime au Québec.
Homosexualité, politique et les régions
Le maire de Bécancour, Maurice Richard, abonde dans le même sens, son homosexualité n’a plus aucune importance chez ses électeurs. Le politicien a fait son « coming-out » public depuis longtemps, soit en 1975. « Les gens ne sont pas réticents à élire des homosexuels. Je ne vois pas l’ombre d’un problème dans la population. L’homophobie existe bien sûr dans certains milieux, mais nous sommes reconnus comme une société progressiste », soutient M. Richard.
Malgré cela, le Québec compte pourtant une liste bien courte d’hommes et de femmes politique ouvertement gais. Pourquoi? La peur de mettre en jeu leur avenir politique en incite certains à ne rien révéler sur leur orientation sexuelle, croit le professeur en sociologie à l’Université Laval, Michel Dorais.
Ils réfléchiront sur les conséquences qu’aura une sortie du placard sur les intentions de vote de l’électorat, soutient le président de Gai Écoute, Laurent McCutcheon. « Lors des élections, le vote est souvent serré dans une marge de 10%. Il faut seulement 5% des électeurs qui décident de ne pas voter pour un candidat parce qu’il est homosexuel pour qu’il soit défait », prétend le militant gai.
« Nous comptons entre 15 et 18% de gais dans la société, c’est donc tout à fait normal d’avoir peu d’homosexuels en politique », rappelle toutefois le maire Richard.
Coming-out politique
Le
coming-out médiatique de l’ancien chef du Parti québécois a été motivé par le désir d’être un modèle pour les jeunes. « Il faut en parler publiquement parce que certains gais vivent des difficultés et cherchent des modèles pour s’en sortir », soutient M. Boisclair.
Sans prétendre que c’est une nécessité, le maire de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, juge que de rester dans le « placard » n’apporte rien de bénéfique. « Ne pas le dire amène certainement plus de problèmes. Ils seront victimes de chantage parce qu’ils gardent secret leur orientation sexuelle», dit l’ancien député bloquiste.
Le libre choix s’impose également en ce qui concerne présenter son amoureux ou son amoureuse en public. C’est une question de vie privée. La décision revient aussi aux conjoints ou conjointes de participer aux sorties publiques ou de rester dans l’ombre, même du côté des politiciens hétérosexuels, selon le professeur Michel Dorais.
« Est-ce qu’un politicien hétérosexuel montre toujours sa conjointe en public ?, questionne Maurice Richard. Ce qui n’est pas obligatoire pour un hétérosexuel ne l’est pas pour un gai », ajoute-t-il.
Compétence d’abord
Au final, les aptitudes d’un candidat priment sur son orientation sexuelle. « Être homosexuel ne réduit pas les standards au niveau éthique », affirme Réal Ménard.
Le professeur Michel Dorais juge que les gais en politique doivent être meilleurs afin de compenser leur homosexualité qui, selon lui, peut être encore vu par certaines personnes comme un « léger handicap».
Lorsqu’on demande à André Boisclair si un jour le Québec aura à sa tête un premier ministre gai, il ne peut s’empêcher de rire. « Je n’y vois aucun obstacle. Cela dépend de ses compétences », conclut-il.
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J’ai toujours de la difficulté avec l’expression »fif », même mise entre guillemet.
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En effet.
Et il y a un posteur fréquent au Devoir qui unit les deux combats ensemble; ca ressemble pas mal quand on y ressemble. Une femme et un ‘fif’. Machisme.
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Si par exemple, il y a 10% de la population qui serait homophobe, c’est amplement suffisant pour empêcher un homosexuel d’avancer librement.
Pour qu’un homosexuel puisse prendre sa place, comme ce fût le cas avec les femmes à leur entrée dans différents postes, il doit être 20% meilleur que les autres pour compenser le boulet de l’homophobie.
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L’idée d’un Agenda Gay, comme les américains de droite paranoie dessus, est ridicule et bien sur brisée en brêches et combattus.
Mais… les gens ne sont pas encore près, même au Québec-plus-è-gauche, de voter pour un PM au québec ou Ottawa gay. Pas sur. boisclair a été ridiculisé et tout cà, quoique sa personalité, un peu Ignatieff-like, a été une part de cà.
Parait qu’un pays nordique-scandinave a une PM LESBIENNE. MARRIÉE. (Icelande?)
Une femme, peut-être… si les USA pourraient avoir pris Ms CLinton (quoique MS Clinton a son ‘hate club’)…. Y’a Kim Campbel, mais a pas durée,
Un noir ou autre ethnie? Plus de chance, moins de flammes que pour Obama « Obaman’/ »Muslim Apostate Hussein. »
Un athée? Une frontière jamais parlée… Mais des pays comme l’Inde acceptent des minoritées religieuses.. Parait que présentement, y,a actuellement presque pas un seul Hindou au parlement indien; le PM esr Sikh je crois, y’a un ou une chrétienne, un musulmain, peut-être un Jain (religion aussi vielle que le bouddhisme, fascinante)…
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Raymond,
Le débat est de taille, il n’est pas proche de s’éteindre, mais les ayant droits doivent êtres respectés c’est indéniable.
Dans le micromosme politique français le taux de gays est trés faibles, mais souvent mit en avant pour des raisons strictement politique.
Je suis suffisamment ouvert pour accepter le droit au différence, mais sans aucun jugement dans un sens ou dans l’autre.
Il y aurait un excellent papier à faire, sur la violence chez les gays pour la valeur et le respect des lois sont-ils identiques ?
L’homophobie est un autre contexte ayant fait l’objet de diverses publications en France où j’ai souvent participé aux débats dont le « fameux Livre Blanc
Le Panda
Patrick Juan
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