Entrevue avec Alex Chassagne, alias Ace

Benson Deverze et Wendy Isson, Droit de Réplique

Raymond Viger | Dossiers Graffiti, Hip-Hop, Culture

Alex Chassagne, alias Ace, est un ancien participant du stage de La Réplique. Il est également DJ, MC, musicien et graffiteur, en plus de travailler pour les Pairs Aidants, au Bon Dieu dans la Rue. Comme si ce n’était pas suffisant, il est aussi un des organisateurs du Festival Expressions de la Rue, qui a lieu chaque année à Montréal, Place Pasteur, en plus d’en assurer l’animation. L’équipe Droit de Réplique rencontre Ace, un jeune impliqué socialement, artiste dans le milieu hip-hop, et pour qui la vie semble être un tourbillon de motivations.

Ace, t’es toujours impliqué dans un paquet de projets créatifs. Qu’est-ce qui se passe dans ta vie artistique?

Ace: Plein de bonnes choses! J’ai longtemps parlé de monter mon propre studio. C’est presque fini; j’ai mon ordinateur, ma console, etc… Je travaille sur un démo hip-hop avec un de mes amis. Je fais beaucoup d’art, des graffs surtout, ici dans le cadre de l’atelier d’art avec les jeunes du Bon Dieu dans la rue, où je suis Pair Aidant. J’ai aussi travaillé pour La Conscienza; j’ai créé un logo pour eux. Ils ont bien aimé et veulent me donner d’autres contrats. En plus, je suis DJ de temps en temps dans des bars au centre-ville.

Parle-nous un peu de ton travail avec les Pairs Aidants?

Ace: Le projet des Pairs aidants a commencé en 1996. On forme des anciens jeunes de la rue pour faire de l’intervention et de la sensibilisation auprès d’autres jeunes qui vivent présentement cette réalité. Dans le fond, il s’agit de faire le lien entre les services offerts par les organismes et les jeunes de la rue. C’est le CLSC des Faubourgs, dans Centre-Sud, qui a lancé l’initiative.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’impliquer auprès des jeunes de la rue?

Ace: Malgré les difficultés que je vivais moi-même, j’ai toujours essayé d’aider les autres. En me retrouvant dans la rue, j’ai été surpris de constater l’étendue des ressources disponibles pour les jeunes. La plupart des jeunes de la rue recherchent d’autres modèles à suivre que des intervenants. Ils cherchent quelqu’un qui a vécu ce qu’ils vivent, qui est passé par le même chemin qu’eux, et qui s’en est sorti.

Y a-t-il un lien entre ta vie créative et ton intervention communautaire?

Ace: Les deux vont super bien ensemble. Ma culture, c’est le hip-hop et j’ai toujours été quelqu’un qui rappait pour dénoncer. Vu que je baigne dans la pauvreté toute la journée, ça sert à m’inspirer et ça me donne des sujets à  développer pour ma musique. C’est la base du mouvement hip-hop: dénoncer la pauvreté et les injustices de la société; le fait qu’il y ait des gens coincés en bas et ceux au-dessus qui profitent d’eux. Aussi, pour être un artiste, il faut avoir l’esprit ouvert. D’être ainsi exposé à toutes sortes de monde: punks, gais, hippies, etc, ça m’amène à mieux les connaître et à faire tomber les préjugés… autant les leurs que les miens! Les jeunes que je rencontre sont eux aussi confrontés à mon style. On m’étiquette fresh, avec tous les préjugés qui viennent avec… En m’approchant, ils voient que j’ai une conscience, ça ouvre leur esprit au mouvement hip-hop. C’est ce que j’aime de mon travail. Ça ne s’arrête pas à de l’intervention, je peux aller plus loin que ça…c’est un partage.

Qu’est-ce que tu retires du contact avec les jeunes marginaux?

Ace: Ça amène à grandir, man… Ça m’ouvre les yeux sur la vie, sur d’autres vies. Ça m’amène à être reconnaissant, aussi, parce que j’ai passé par ce chemin-là, et je peux voir mon évolution à travers les autres. Certains des jeunes auprès de qui j’interviens étaient dans la rue quand j’étais moi-même dans la rue. Ça m’aide à voir où j’en suis et où je m’en vais. En connaissant mieux les autres, je me rends compte que peu importe quel style on a, on vit tous les mêmes problèmes!

C’est quoi ta première source de motivation dans la vie? Qu’est-ce qui te booste?

Ace: Ce qui me motive le plus, c’est de rencontrer du monde bien, faire de la musique avec des nouveaux musiciens, partager avec les autres. Si ma vie était basée sur une routine, toujours avec le même monde, je ne ferais même pas de musique, au fond.

Où tu espères être rendu dans une dizaine d’années?

Ace: J’espère pouvoir vivre de ma musique, de mon art, de mes peintures, de ce que j’aime faire. L’intervention, ça me pose des difficultés parce que je vis tout le temps avec les problèmes des autres. Je passe ma journée à donner de l’énergie. C’est bien, mais à la fin de la journée, si les autres sont boostés, moi, je suis vidé! Pour intervenir auprès du plus grand nombre possible, je dois le faire à travers la musique.

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