Les limites de l’implication bénévole
Le bénévolat, moteur d’action?
Un jeune se suicide. Son père n’accepte pas de voir que des jeunes souffrent et qu’il n’y a pas assez de ressources pour les aider. Il crée une association pour venir en aide aux jeunes. En moins d’une année, épuisé devant le travail que cela représente, il se suicide lui-même. Par respect pour ses proches, je garderai le nom de cet homme sous silence.
Raymond Viger | Dossiers Suicide, Bénévolat
- Tuerie à la Polytechnique. La sœur d’une des victimes, Heidi Rathjen, part en croisade pour le contrôle des armes à feu.
- Pacte de suicide de deux filles, sur une voie ferrée, Rive-Sud de Montréal. La mère, Lise Mondor, crée une fondation pour faire de la prévention dans les écoles.
- Mélanie Cabay, une petite fille, est enlevée, agressée et retrouvée morte. Sa mère crée la fondation Mélanie Cabay, pour venir en aide aux parents et aux proches d’enlèvements.
- Le petit Daniel Durocher est tué lors d’une escarmouche entre deux bandes de motards rivales. Jusqu’à ce que la maladie l’emporte prématurément, sa mère tient à bout de bras une fondation pour venir en aide aux victimes des groupes criminalisés…
Des histoires comme celles-là, il y en a plus que l’on pense. Au Québec, le bénévolat aura été longtemps motivé par des convictions religieuses. Pour certains, il est une forme d’autothérapie pour faire le deuil d’un être cher, d’une situation injuste et que nous ne voulons pas voir arriver à d’autres. Pour plusieurs d’entre nous, le bénévolat est une question de survie, une façon de donner un sens à un événement traumatisant, un besoin viscéral de changer le monde dans lequel nous vivons.
À la suite d’une grande dépression qui m’a poussé vers deux tentatives de suicide, j’ai erré dans les rues de Montréal. J’ai tellement erré que je suis devenu travailleur de rue. En 1992, avec le père André Durand, nous étions deux bénévoles au Journal de la Rue à parcourir les rues de la province pour aider les jeunes marginalisés. Nos motivations étaient différentes, mais nous avons réussi à développer une complicité dans notre missionnariat.
Être bénévole, pour certains, ce n’est pas seulement donner du temps. C’est aussi mettre à contribution les équipements que l’on possède. C’est aussi, ponctuellement ou d’une façon permanente, refuser un salaire pour son travail, de façon à s’impliquer encore plus. Dans certains cas, il faut même payer pour faire du bénévolat. Une façon d’aider un jeune et d’aider l’organisme à poursuivre sa mission. Pour d’autres, le bénévolat devient un prétexte pour se rencontrer, échanger, éviter d’être seul à la maison.
Quelques grands bénévoles
Au cours des années, nous avons tenté de vous faire découvrir quelques grands bénévoles du Québec. Louise Gagné qui a participé à la création de plus d’une trentaine d’organisme communautaire. André Paradis de l’Estrie, un jeune bénévole de 76 ans. Laurent Pontbriand du Cap-de-la-Madeleine et sa bonne humeur contagieuse. Éléonore Mainguy, ancienne croupière qui dénonce les abus de Loto-Québec envers les joueurs. Did Tafari Bélizaire, ce joueur compulsif qui a sauté en bas du pont Jacques-Cartier et qui est devenu conférencier dans les écoles en prévention du jeu compulsif. Docteure Christiane Laberge que nous avions proclamé personnalité de l’année. Jacqueline Blais de Sept-Îles avec la médaille du gouverneur et l’ordre du mérite. Chéli Sauvé-Castonguay, vidéojockey de Musique Plus. Alain Dubois qui se dévoue corps et âme pour la cause des joueurs compulsifs. Julie Rhéaume à la radio communautaire de Québec. Ou encore les 50 ans d’implication de Louis-Phillipe Tremblay de St-Félicien. Des gens qui méritent qu’on écoute le message qu’ils ont à nous livrer et qu’on les soutienne dans leurs actions.
Le bénévolat est aussi important pour les gens qui le font que pour la société. Trop souvent, des bénévoles se brûlent à vouloir changer le monde. Parce que le changement demande du temps, de la patience, de la persévérance… De l’organisation aussi.
Des bénévoles sont prêts à faire des conférences dans les écoles auprès de jeunes. Il faut avoir une ligne téléphonique, répondre aux informations, trouver l’argent pour le transport, prendre une journée de congé (souvent pas payée) pour se rendre dans l’école… Beaucoup de temps de gestion. En plus, ce n’est pas facile pour un bénévole de dire non, de mettre ses limites.
Prenons le temps de soutenir les bénévoles qui se donnent corps et âme pour une société meilleure, de les aider à éviter le burnout, de définir avec eux les limites qu’ils doivent s’imposer. Reconnaissons le travail qu’ils font auprès des jeunes. Merci à vous tous pour votre engagement. Merci pour votre générosité.
C’est en informant et en sensibilisant les jeunes que nous allons réussir à changer le monde, à bâtir une société plus humaine, plus juste et plus équilibrée.
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Témoignage sur l’implication bénévole
La récompense
Regard sur des gens de cœur. Documentaire sur l’implication bénévole. Découvrir sa communauté, donner un sens à sa vie… Briser son isolement et celui d’autrui.. Découvrir de nouveaux amis… Prendre part à la vie sociale et de quartier… Une source de contact et d’échange… L’acquisition de nouvelles connaissances… Une occasion d’expérimenter et mieux se connaître…. S’impliquer c’est trippant et ça mérite d’être vécu. 26,50$
Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009
Par Internet: http://www.editionstnt.com/videos.html
Par la poste: Reflet de Société 4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.
Bien dit!
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Bonjour M. Andreino.
Il y a des bénévoles qui cherchent plus a répondre a leurs propres besoins que celui des gens qu’ils doivent accompagner. Cela met parfois de la pression sur les autres bénévoles.
Il n’est pas facile de trouver des gens prêt a être bénévole sans attente, et sans retour, tout en acceptant les limites et les sensibilités des gens qu’on accompagnent. Soutenir une personne sensible ne veut pas dire le changer a tout prix pour qu’il se conforme a nos attentes.
Raymond.
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Je comprends très bien le bénévole, je le fait depuis 45 ans.
J’ai jamais mandé rien en retour, juste aider mon prochain et être humain à mes limites pour ne pas bruler mon énergie.
Mais des fois ça dépasse nôtre capacité à cause du système d’aide d’aujourd’hui.
Les gens son individualisme dans leur action d’implication dans leur limite de bénévolat.
Je peux écrire des histoires d’horreur et de bonheur sans fin.
Mais sa ne chanche pas mon moral pour le bénévol que j’aime faire dans la vie!
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