Rémi Bédard, RDV 133 et l’art contemporain

Le marché de l’art passe par les métropoles. Pas besoin de faire un dessin. Organisateur d’expositions à ses heures et propriétaire de deux ateliers d’encadrement à Montréal, Rémi Bédard veut toutefois faire sortir l’art contemporain des enceintes de la ville grâce au RDV 133… Un rendez-vous créatif sur la route 133 entre artistes de l’avant-garde et résidants du village de Saint-Armand, dans les Cantons-de-l’Est.

Guillaume Brodeur | Dossiers Culture

De simple rencontre artistique aux allures familiales en 2004, le RDV 133 est devenu, au fil des ans, un lieu d’échange et de création prisé autant par les artistes de l’avant-garde que par les 1300 habitants du village de Saint-Armand. Aux vieux routiers Armand Vaillancourt et Raoul Duguay s’est greffé une belle brochette d’artisans moins exposés mais tout aussi inspirés tels Julie Arkinson, Vicki Tansey, François Rossignol ou le duo L’œil de verre. «L’objectif en est un de diffusion, explique Rémi Bédard. En invitant un ou deux gros noms, ça nous permet de faire découvrir des artistes moins vus et moins connus.»

Peinture, sculpture, gravure, vitrail, photographie, musique, danse, projection lumineuse… Bédard croit qu’il faut non seulement décloisonner l’art de la ville, mais aussi les formes d’art entre elles. «Au-delà de l’exposition, on veut créer des liens entre les artistes pour qu’ils se nourrissent mutuellement.»

Un désir d’interaction qui a profité à Jean-Pierre Contant, un artisan du vitrail qui habite Saint-Armand. «L’an passé, l’objectif du RDV 133 était de mettre l’accent sur la performance, quelque chose que je ne connaissais pas et qui m’a permis ensuite d’avancer dans mon travail. Avec le temps, tu t’enracines dans une façon de faire, une façon de penser. Un laboratoire comme celui-là te permet de créer des choses auxquelles tu n’aurais jamais même osé penser.»

Des arbres ou du béton

Dès l’adolescence, Rémi se passionne pour l’art. Il crée son propre atelier de poterie chez ses parents, à Jonquière. Après ses études en communication et un détour par l’industrie du voyage, Bédard est revenu à ses vielles amours artistiques il y a une dizaine d’années en reprenant les rênes d’Encadrex, une entreprise – ô surprise! – d’encadrement de la métropole québécoise.

Du haut de son superbe loft/ galerie d’exposition, construit d’une savante alliance de bois et de métaux, on surplombe le Plateau Mont-Royal, quartier jouissant de la plus haute concentration d’artistes au pays. Pourtant, même si son entreprise y brasse des affaires, Rémi Bédard voulait retourner s’installer au grand air après plusieurs années confiné à Montréal. Alors pourquoi avoir préféré Saint-Armand, un petit village aux abords du lac Champlain, près de la frontière américaine, à son Saguenay natal? «Je suis plus du type feuillu qu’épinette, dit-il. J’aime ce territoire vallonné et parsemé de vergers où l’on peut exercer son art en toute tranquillité dans un environnement sain.» Le cadre idéal pour accueillir une manifestation culturelle comme le RDV 133.

«L’idée de départ était d’organiser avec des amis une exposition autour de Laurent Viens, un peintre-sculpteur qui habite sur la route 133», explique-t-il. En invitant d’autres artistes, c’est tout naturellement devenu une exposition multidisciplinaire d’art contemporain qui se déroulait en parallèle du Festival des Films… du Monde de Saint-Armand! Un événement qui fait cependant relâche cette année. Les visiteurs
pourront quand même faire d’une pierre deux coups en visitant le Festiv’Art de Frelighsburg, une petite ville adjacente qui présente ses expositions début septembre. La même fin de semaine que le RDV 133.

Rat des villes, rat des champs

L’initiative profite autant aux habitants du coin qu’aux artistes venus de l’extérieur selon le créateur Jean-Pierre Contant: «C’est intéressant pour notre petite municipalité d’accueillir le RDV 133 et un Festival des Films du Monde… Ça fait connaître Saint-Armand, un endroit magique!» jure-t-il avec bonhommie.

«D’un autre côté, ça fait découvrir de nouvelles formes d’art à des gens qui n’y sont pas habitués. Saint-Armand, c’est pas gros et c’est à une heure de Montréal. Le RDV 133 permet aux gens de la place, qui en ont rarement l’occasion, d’admirer des œuvres originales et d’en discuter avec les artistes. Ça fait tomber des barrières… Il y a beaucoup moins de préjugés qu’avant à Saint-Armand.» Ici, on a comblé le supposé fossé qui existe entre la «clique du Plateau» et les ruraux.

«À la campagne, l’offre culturelle est limitée, c’est évident, abonde Rémi Bédard. En y amenant des artistes de l’avant-garde, on voulait faire découvrir des œuvres aux gens de la campagne. Pas qu’ils ne connaissent rien à l’art, loin de là, mais ils n’ont pas souvent l’occasion de fréquenter le milieu de l’art contemporain qui se situe plus souvent qu’autrement en ville. Question de voir, d’admirer, d’apprivoiser le travail des artistes, d’interagir avec eux et ultimement de comprendre leur démarche.» Deux regards différents, même constat.

Des graffitis sous le clocher

Dans son désir de brasser les choses, le passionné d’art éclectique a tenu le pari de présenter au public rural des œuvres de Fluke, un artiste associé au Café-Graffiti. Armé de ses bonbonnes de peinture, le graffiteur a décoré des panneaux de bois qui faisaient office de salle de projection extérieure l’an dernier… À l’ombre du clocher de l’église! «C’était assez particulier, surtout dans un village où il n’y a absolument aucun graffiti. On a en quelque sorte déménagé quelque chose de la ville, que parfois les gens ont en horreur. En isolant le graffiti du milieu urbain, où il est si bien ancré, pour le transposer sur une belle pelouse propre, c’est comme si on le rentrait au Musée d’art contemporain!»

Un coup de dés audacieux en soi, car rien ne laissait présager que les habitants de la baie de Missisquoi seraient réceptifs à cette discipline foncièrement urbaine. «C’est très sain d’établir une communication entre ces deux mondes en apparence aux antipodes.

D’ailleurs, il se crée de plus en plus de musées d’art contemporain à l’extérieur des grands centres. Je pense par exemple au MassMoCA de North Adams, au Massachussetts, ou à la Cité de l’énergie à Shawinigan, une salle d’exposition installée dans l’ancienne aluminerie d’Alcan. C’est une tendance dans laquelle on veut s’inscrire.» D’élitisme réservé à l’intelligentsia des métropoles, l’art contemporain prend désormais la clé des champs… par la 133!

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