Quand les fonctionnaires se cachent derrière le secret professionnel
L’employabilité, secret mieux gardé que la santé!
Ne lisez pas ce billet. Vous seriez trop déçu de la façon d’agir de certains fonctionnaires. C’est un texte trop démotivant. C’est pourquoi je vous invite à ne pas le lire. Surtout si vous êtes fleur bleue et croyez que nous vivons dans un système qui est beau et parfait. Continuez de voguer sur votre nuage et ne lisez pas ce billet.
Raymond Viger | Dossier Communautaire
Il existe plusieurs programmes de réinsertion pour les gens qui sont loin du marché du travail ou qui ont des choses à régler pour pouvoir y faire leur entrée. Depuis quelques années, la pression est forte sur les coupures et les restrictions pour les programmes de réinsertion. Un peu comme en santé, il coûte moins cher de prévenir que de guérir, en employabilité, il coûte moins cher d’investir pour aider les gens à retourner vers le marché du travail que de les laisser sur l’aide sociale.
Mais ce principe pourtant simple à comprendre n’est pas la panacée de nos politiciens qui s’amusent diaboliquement à couper partout et à augmenter les contraintes pour y avoir accès.
Les programmes de réinsertion sociale
Mais revenons aux fonctionnaires qui sont les intermédiaires entre les organismes communautaires, les bénéficiaires et les programmes de réinsertion. Lorsque nous référons une personne pour adhérer à un programme d’insertion, nous l’avons évalué et nous considérons que le programme choisi est le meilleur outil pour soutenir la personne dans son cheminement et sa continuité. Nous la référons donc au Centre local d’emploi pour entériner notre proposition.
En encadrant 165 jeunes qui nous proviennent des différents coin de la ville, avec plusieurs programmes possibles pour eux, nous sommes en contact avec beaucoup de fonctionnaires différents ainsi que des politiques internes pour chaque bureau qui passent d’un extrême à l’autre. Pour la majorité des fonctionnaires qui travaillent dans les Centre locaux d’emploi, nous avons normalement un excellent service et une excellente communication. Un partenariat dans le soutien des gens que nous accompagnons conjointement.
Fonctionnaires insécures et infantilisant
Mais il arrive parfois que nous tombons sur les 3% de fonctionnaires qui font honte à la profession. C’est ce qui nous est arrivé la semaine dernière. Je me permet de vous partager cette triste réalité. Une forme d’auto-thérapie pour me calmer les nerfs. Mon thérapeute étant décédé depuis quelques années, je dois maintenant me débrouiller seul pour ventiler mes frustrations envers le système. Mon blogue devient donc mon nouveau thérapeute.
Nous référons au Centre local d’emploi une personne que nous accompagnons dans un cheminement de retour au travail. La personne se fait refuser l’accès au programme. Elle quitte le Centre local d’emploi traumatisée et en pleurant. Les raisons qu’elle nous donnent sont difficiles à croire. Elle s’est senti brusquée par le fonctionnaire. Celui ne l’aurait écouté que 2 minutes et aurait fait venir son patron pour compléter l’entrevue. C’est déjà surprenant qu’un fonctionnaire ne soit pas capable de rencontrer une bénéficiaire sans faire venir son supérieur dans le bureau.
Qu’une personne soit refusée dans un programme, cela fait parti des pouvoirs qui sont conférés aux Centres locaux d’emploi. Pour aider la personne que nous accompagnons, pour nous il est important de connaître les motifs du refus et ce qu’ils lui ont réellement proposés. J’appelle donc le fonctionnaire responsable, comme nous le faisons régulièrement pour le bien-être des gens que nous accompagnons et pour nous assurer de pouvoir donner le meilleur suivi à ces gens. Le fonctionnaire ne réussi à me parler que 2 minutes, se cachant derrière une phrase apprise par coeur:
Nous avons tout expliqué à la bénéficiaire, qu’elle vous explique les raisons du refus.
J’avais l’impression de parler à un robot, insécure, inexpérimenté et incapable de parler à un autre être humain. Je ne lui demande pas de se justifier. Je cherche juste à comprendre pour mieux aider une personne dans son cheminement. En moins de 2 minutes, comme il l’avait fait avec la bénéficiaire, il me transfère à sa supérieure! Pas fort sur la communication et le partenariat!
Le patron du fonctionnaire et le patron du patron du fonctionnaire
Je parle donc à son patron. Elle me dit que les informations sont confidentielles et qu’elle ne peut pas me parler. Voyant que j’insiste, elle me demande de lui donner les motifs que j’ai reçus de la bénéficiaire. Je lui en donne quelques-uns. Sur la défensive, elle me dit que ce n’est pas ce qu’ils ont dit à la bénéficiaire. Parfait lui dis-je, pouvez-vous me dire quels sont les motifs de son refus. Je ne peux vous en parler, c’est confidentiel me répond-elle encore une fois. D’un côté, elle me dit de demander au bénéficiaire les raisons du refus. De l’autre elle me confirme que ce qu’elle me dit ne sont pas les vrais motifs. Et malgré tout, elle ne veut pas me donner les vrais motifs du refus.
Comme nous le faisons avec les psychiatres, psychologues, médecin et autres professionnels, je lui offre de lui faire parvenir une lettre d’autorisation de la bénéficiaire pour connaître les motifs du refus et savoir qu’est-ce qui lui a été offert. Elle me répond que même avec une lettre d’autorisation de la bénéficiaire elle ne pense pas qu’elle puisse me parler. Puisqu’elle ne pense pas, je lui demande de vérifier pour être sûr de sa position. Elle vérifie donc au central avec le patron du patron du fonctionnaire du début. Le big big bus régional. La réponse est la suivante:
Même avec une lettre d’autorisation de la bénéficiaire, je n’ai pas le droit de vous parler. Nous sommes en Employabilité et nous n’avons pas les mêmes normes qu’en Santé. La bénéficiaire a eu les informations, qu’elle vous explique les raisons du refus.
Ça fait 20 ans que j’interviens auprès des jeunes. Je parle à toutes les semaines à différents fonctionnaires. Mais quand je tombe sur ce 3% de fonctionnaires, incapables de réfléchir et de prendre position, qui se cache derrière des procédures parce qu’ils ont peur de prendre des initiatives ou de me parler… je fulmine. Je suis en ta… Nous sommes tous en état de choc et consternés dans l’organisme. Nous mettons tellement d’énergie pour aider et soutenir les gens que nous accompagnons qu’il est très pénible et difficile de se heurter à de tels fonctionnaires.
Je vous avais prévenu de ne pas lire ce billet. Rien pour nous remonter le moral en ce lundi matin. Rien pour aider ma pression non plus.
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Il y a toutes sortes de formations professionnelles. Ce que je leur reproche c’est tout ce qu’il demande et les exigences pour y avoir droit qui décourage bien des gens.
Le parcours peut exiger plusieurs années de formation en français, en anglais et en mathématiques avant de pouvoir avoir accès à la formation professionnelles.
Savoir compter c’est correct, mais désolé, je ne suis pas convaincu que l’étude des sinus et des cosinus soit nécessaires pour faire un métier.
La majorité des jeunes que j’ai connus ont décroché après une année, soit avant même de débuter leur formation professionnelle.
Raymond.
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je suis d’accord , surtout pour ne mener nulle part !
mais les théories ne servent qu’à noyer et occuper le temps de ceux qui sont sans rien ! de faux espoirs leur sont donnés en vain !
le contenu des formations a changé ! on place des gens dans des formations qui ne vont pas aboutir sur une embauche !
voir avec les écoles militaires hum qui proposent des formations et un engagement de quatre ans pour la France , pour le Québec je ne sais pas !
y a t-il dans votre pays des systèmes de remise à niveau scolaire , professionnel ?
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Bonjour Ève.
L’AFPA semble bien démontrer qu’on peut facilement et rapidement permettre aux gens de se former et de se trouver un emploi. Pas besoin de grande réforme et de grandes théories inutiles comme le Québec semble être devenu le grand spécialiste.
Et évidemment, comme toute chose qui fonctionne bien, on veut le démanteler.
Raymond.
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Merci de votre réponse
AFPA
ASSOCIATION DE FORMATION PROFESSIONNELLE POUR ADULTES !
mais en fait des jeunes à partir de 16 17 ans peuvent prétendre à une préparation à la formation choisie , ( sorte de remise à niveau ) elle dure de 3 à 6 mois , rémunérée par les conseils régionaux , l’afpa elle – même , le patronat si c’est pour un de leurs employés etc…. c’est une formule de réinsertion qui projette l’intéressé directement dans les situations professionnelles dans lesquelles il sera amené à travailler , tant sur le plan relationnel que sur le plan entreprise puisque deux stages sont prévus en entreprise pendant la période de formation !
mes trois fils sont passés par là , mon mari et moi-même !
je me permets !….
mon mari , formations de mécanicien – diéséliste , carrossier et passage perso de son permis poids lourd
débouché direct six mois après, sur un emploi de chauffeur déménageur routier !
après 3 ans de gendarmerie ( ben oui , il a mal tourné que veux-tu !)
lol mon ainé , technicien de maintenance réseaux et assistance en informatique !
débouché : emploi à plein temps à l’île de la Réunion chez orange !
arrivé en juillet , début d’emploi en aout , rapide
mon cadet , chimiste responsable secteur recherche et développement , a cassé son contrat pour être maçon à son compte !
stage de maçonnerie ! il avait déjà son emploi à la sortie puisque son associé était en fonction !
et le petit dernier qui en sort depuis Décembre 11 avec un diplôme européen de CATIC
technicien conseiller assistant en technologies informatiques et de la communication !
un peu trop pompeux pour la formation obtenue qui avait selon mon fils beaucoup de passages blancs ! rien en vue encore
personnellement , j’ai appris et possède un CAP en montage câblage en électronique , assez ancien ! le secteur a beaucoup évolué dans le sens ou on change la carte et on s’casse’ pas la tête ! lol
l’autre est un diplôme européen de niveau 4 : électricien en équipement industriel ! maintenance en fonctionnement de grosses machines génératrices de courant alternatif !
stage très valorisant et extrêmement intéressant ! j’ai adoré
sortie de là , j’ai pas pu aller bosser , avec trois enfants à la maison et mon mari enfin ex-mari sur les routes routier d’abord , ensuite chauffeur de cars grand tourisme ! jamais là
un énorme regret ! passons , c’est passé
pour accéder à ces stages , il faut quand même un minimum d’instruction , savoir lire et compter !
souvent c’est là que réside la difficulté chez les jeunes en rupture avec l’école et tout le système d’ailleurs , je ne t’apprends rien !
l’Afpa est pour nous un organisme indispensable pour une réinsertion après la perte d’un emploi ! pouvoir se reconvertir …..
et le gouvernement actuel est sur le point de démanteler les centres de France ! ça leur coute trop cher parait-il !
mais tous les gens qui sont sortis de là et ont trouvé du travail ont bien cotisé longtemps , alors ou est passé l’argent ?????
bonne soirée Raymond
ève
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Bonjour Ève.
La création de petites entreprises est importante. Elles permettent de créer des emplois, d’offrir même des services dans les communautés que les grandes entreprises ne veulent pas offrir…
Ce n’est pas seulement au démarrage qu’il faut soutenir les petites entreprises, mais tout au long de son cheminement. Plus l’entreprise est petite et moins les charges fiscales devraient être grande.
Malheureusement c’est souvent le contraire que l’on voit. Ce sont les grandes entreprises qui bénéficient des plus grandes exemptions fiscales.
C’est quoi au juste une AFPA?
Raymond.
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bonjour Raymond !
journée très ensoleillée aujourd’hui ! je vous en souhaite une comme celle-là
PÔLE EMPLOI !
je ne comprends pas trop le pourquoi du comment du motif invoqué pour passer outre les fonctions dans lesquelles le ou la fonctionnaire a été placée ! elle n’est pas là pour juger autrui , elle est là pour faire participer les gens à des séances d’insertion et les autres fonctionnaires derrière aussi !
Combler les espaces vides , limiter le chômage !
Dans ce cas , ce sont des personnes payées pour être assises derrière un truc qui serait vide sans cela , pour faire croire à un possible intérêt pour les autres ! emplois fictifs ??????
rencontrer les gens en demande d’insertion revient à les faire bouger , tourner en bourrique , perdre leur temps avec des rendez-vous bidons , et leur argent pour se déplacer dans ce genre de réunions !
j’ai souvent fréquenté ces sites de recherche d’emploi , ils ne m’ont jamais rien proposé de concret pour me faire travailler ! chaque fois que j’ai travaillé , c’est moi seule qui ait trouvé !
pour les ASSEDICS , c’est pareil ils ont toujours pris de l’argent pour payer soi-disant les retraites ! tous ceux qui ont travaillé avant , ont cotisé toute leur vie , y compris les artisans , artistes , commerçants à qui on prend sur un an 50 % du chiffre d’affaire annuel !
je voulais ouvrir un accès aux techniques du pastel dans un milieu rural et itinérant à raison de deux cours par semaine et par village
pour une durée indéterminée !
le prévisionnel étant satisfaisant , à savoir que hors de mes émoluments mensuels de 1000 euros par mois , j’avais un bénéfice
de 19800 euros par an avant le passage ASSEDICS !
après , il me serait resté 9000 euros , à peine assez pour garder un fond de roulement [rachat du matériel , frais de déplacements , frais d’hébergements ( eau – électricité – chauffage) courrier ,
flayers , etc …. ] j’ai dû abandonner ! alors même quand on se bouge bien , ils ne font rien pour aider ! les commerces ici tiennent trois ans
maximum , les charges sont trop élevées !
ya un truc qui pousse bien , ce sont les kébabs !
les gars ont trouvé la solution , ils ouvrent un commerce , touchent les aides la première année et se déclarent en faillite la deuxième !
ils en ouvrent un second et font pareil !
elle est pas belle la vie ?????
mais ce n’est pas une généralité !
certains font leur travail en dépit des patrons des patrons !
et à ceux-là , je tire mon chapeau !
si comme en France vous avez une AFPA , un petit tuyau , ne pas passer par le pôle , aller directement dans les bureaux psychotechniques !
amicalement
ève
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Bonjour Normand.
Merci pour votre visite matinale.
La relation fonctionnaire – communautaire est malheureusement trop souvent basé sur l’insécurité du fonctionnaire qui veut protéger ses arrières et ne pas avoir à répondre de ses initiatives vis-à-vis ses supérieurs que sur une saine relation axée sur l’aide qu’on peut réellement apporter aux jeunes que l’on représente.
Nous y perdons beaucoup d’énergie grugée par cette relation mal orientée.
Raymond.
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Oui, je sais… Ce genre de choses est terrible, mais pas rare du tout ou surprenant en bureaucratie, qu’il s’agisse d’administrations gouvernementales ou même de sociétés privées. Ces dernières peuvent parler deux langages différents : celui, mielleux, de la vente… et celui beaucoup plus vinaigré de l’après-vente. Lorsque les administrations travaillent pour elles-mêmes et non pour leurs clientèles… Cette façon d’être, fausse et mensongère (même lorsqu’elle est « légale »), est un poison pour les relations humaines et la santé morale de nos sociétés. Le message qu’elle donne, inconsciemment, c’est celui de la domination du mensonge (et de la méfiance et de la haine qui l’accompagnent). Belle recette pour les conflits de toutes sortes. … Ceci dit, j’ai beaucoup de compassion pour ceux qui essaient de s’en sortir et pour ceux qui les aident comme vous, malgré les embûches nombreuses.
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