Georges-Hébert Germain et Robert Bourassa
Le 19 février dernier, Georges-Hébert Germain était l’invité de Guy A. Lepage à l’émission Tout le monde en parle pour nous présenter sa nouvelle biographie: Robert Bourassa.
Raymond Viger | Dossiers Médias et Publicité, Tout le monde en parle
Georges-Hébert Germain fait une grande confession lors de son passage à Tout le monde en parle.
Si j’avais fait relire mon manuscrit au moins cinq erreurs auraient été sauvé dans le livre sur Robert Bourassa.
Un livre peut être écrit en tant que journaliste ou comme auteur. Je ne m’attarderais pas ici à savoir quel chapeau Georges-Hébert Germain a utilisé pour écrire le livre Robert Bourassa. Je me limite ici à cette éternelle question à savoir s’il est acceptable de faire relire nos écrits en journalisme.
Le code de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec est clair sur ce point:
5 c) Approbation par les sources
Les journalistes ne soumettent pas leurs reportages à leurs sources avant de les publier ou de les diffuser.
Et pourtant, plusieurs journalistes, en chuchotant et discrètement, avoue faire relire leurs reportages par les personnes concernées. Plusieurs raisons peuvent le justifier. En journalisme scientifique, lorsque vous passez en entrevue une personne qui possède 23 doctorats hyper spécialisés, il peut être intéressant de faire relire certains passages plus techniques question d’éviter de grossières erreurs qui discréditeraient l’ensemble du reportage ainsi qu’induire le public en erreur.
Pour obtenir une entrevue, certaines vedettes exigent de pouvoir relire le texte avant publication. Ici on peut se questionner à savoir s’il y a ingérence ou si c’est la recherche de vérité qui motive une telle demande. Je ne peux endosser que la personne passée en entrevue ait le pouvoir de décider ce qui est acceptable ou non de publier.
Comment interpréter le code de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes?
Le mot clé est l’approbation par les sources. Dans notre magazine Reflet de Société, il est d’usage courant de faire relire les reportages, ou du moins certains passages avant publication. Nous travaillons souvent avec des personnes sensibles, fragiles et qui n’ont aucune expérience avec les médias.
En faisant relire le texte, nous voulons vérifier si la personne s’est bien exprimée, si ce que nous en avons compris représente bien la réalité. Il arrive qu’en se relisant, la personne nous rajoute un commentaire en disant qu’elle avait oublié un détail. Et ce détail amène parfois un nouvel éclairage intéressant au reportage.
Parfois c’est nous qui questionnons le sujet et lui présentons les conséquences possibles de l’entrevue. En se présentant sous son vrai nom et décrivant certains agressions, les gens de son entourage vont reconnaître certaines personnes. Pour sa propre protection, est-ce préférable d’avoir un pseudonyme?
Nous interprétons cette idée de faire relire un reportage non pas comme étant une demande d’autorisation mais plutôt comme un travail d’équipe avec la personne concernée. L’objectif demeure de présenter un texte le plus complet et le plus véridique possible.
La question qui tue
Georges-Hébert Germain n’a pas fait relire sa biographie de Robert Bourassa. Cinq erreurs ont été publiées qui auraient pu être corrigé s’il l’avait fait.
Pourquoi ne pas prendre avantage d’un travail d’équipe possible et de risquer de faire des erreurs? Si je fais relire, on me pointera du doigt sous prétexte que ce n’est pas “journalistiquement” acceptable. Si je fais des erreurs d’interprétation, on me pointera du doigt sur les erreurs qui se sont glissées.
Pendant ce temps, plusieurs journalistes font relire en cachette leurs textes. Presqu’honteusement.
À Reflet de Société, non seulement c’est d’usage courant, mais nous exigeons de nos journalistes qu’ils le fassent.
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Intéressant. Mon impression, c’est qu’en disant qu’il ne faut pas faire « relire », on implique qu’il ne faut pas que les sources « approuvent » ou non le contenu. Autrement dit, il ne faut pas que la source soit celle qui ait le pouvoir de dire oui ou non à la publication. Par contre, s’assurer qu’il n’y ait pas d’erreur factuelle est la moindre des choses dans un travail journalistique (ce que Germain a indiqué ne pas avoir voulu faire).
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Bonjour M. Dor.
Effectivement, cette nuance est très importante.
Je crois que l’interprétation que les journalistes en font les stigmatisent un peu trop. Si on ne donne aucun pouvoir à notre sujet mais qu’on cherche à améliorer la présentation, il n’y a rien de répréhensible dans cette démarche.
RAymond.
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