Frais de scolarité et manifestations étudiantes

Couper dans les frais de scolarité

Les étudiants manifestent contre l’augmentation des frais de scolarité. Contrairement à Richard Martineau qui proposait, à Tout le monde en parle, de faire payer les plus riches et que les étudiants devaient faire leur part, j’irais plus loin que la demande des étudiants. Pourquoi ne pas offrir la gratuité scolaire aux étudiants en grève?

Raymond Viger | Dossiers Éducation, Culture, Économie

La grève des étudiants et leurs différentes manifestations contre les augmentations des frais de scolarité nous forcent à faire une réflexion sur le financement de nos universités et l’éducation de nos jeunes. Nous ne pouvons demeurer indifférents à ce débat et nous nous devons de prendre position.

Notre système d’éducation tourne en rond d’une réforme à l’autre. Chaque fois qu’on essaye de mettre un plaster sur un problème, on met en place une série de fonctionnaire pour gérer ce plaster. Arrêtons de tourner en rond et prenons le taureau par les cornes. Le système d’éducation est en crise. Les étudiants sortent dans la rue pour nous le dire. Le mot crise vient du grec et veut dire changement. Profitons de cette occasion privilégiée pour faire les changements qui s’imposent.

Pour un système d’éducation gratuit

Considérant que l’éducation de nos jeunes est importante et que c’est l’avenir d’une société, arrêtons de niaiser avec le puck et offrons une éducation gratuite à nos jeunes. Ne me dites pas qu’en contrepartie il y aura trop de jeunes qui vont aller à l’université. On ne cesse de nous rabattre les oreilles à dire que des jeunes instruits font une meilleure société, créent des emplois mieux rémunérés et payent plus d’impôts. C’est important ou ce ne l’est pas. Si ce l’est, qu’on l’assume. Alors allons-y pour la gratuité universelle.

Je viens de mettre le système d’éducation en crise. Je viens de leur couper des revenus tout en augmentant le nombre d’étudiants qui vont utiliser leur service. Excellent, je suis un intervenant de crise, j’aime les crises et comme je le mentionnais, la crise est un instant privilégié pour faire des changements en profondeur.

Évidemment une gratuité scolaire pour les étudiants québécois. Si tu es un étudiant étranger et que tu veux utiliser les services de nos universités il est normal qu’on te facture le prix réel de cette scolarité. Soyons compétitifs avec les différentes universités à travers le monde. La facture pour les étudiants étrangers pourrait tourner entre 20 000$ et 40 000$ par année.

Travailler à l’étranger

Si un étudiant québécois décide de profiter de notre système d’éducation gratuit pour se trouver un travail à l’étranger, c’est correct. On ne peut pas brimer un Québécois qui décide d’aller travailler ailleurs. Sauf que l’éducation gratuite est offerte dans un objectif d’avoir des travailleurs mieux rémunérés, qui vont payer des impôts au Québec et nous aideront à créer une meilleure société québécoise. Il y a donc une dette morale qui est rattachée à cette gratuité scolaire. Tu dois travailler au Québec pour un certain temps. Nos actuaires et nos financiers s’amuseront à en faire le calcul. Si tu veux quitter le Québec à la fin de tes études, soit que ton entreprise étrangère paye les frais de scolarité à notre système d’éducation pour rembourser les efforts de scolarisation que nous avons eus, soit que cet étudiant qui vient de se trouver ce magnifique emploi à l’étranger doive nous les rembourser.

La fin des prêts et bourses

L’éducation étant gratuite, les besoins financiers des étudiants viennent de diminuer. L’étudiant doit cependant se loger et se nourrir. Pour certains, ils doivent quitter leur région pour habiter plus près de l’université. Nous avons un système de prêts et bourses qui coûte cher, qui ouvre la porte à des injustices ou certains abus. Un étudiant à plein temps, qui prend le minimum de cours est considéré sur le même pied d’égalité qu’un étudiant qui prend un maximum de cours. Certains étudiants choisissent des cours faciles qui ne demandent que peu de travail tandis que d’autres se retrouvent dans des cours contingentés qui exigent beaucoup d’heures de lecture et de travail. Peut-on mettre sur le même pied d’égalité un étudiant qui prend un cours sur l’histoire de l’art et un autre qui prend un cours de pharmacologie ou de médecine? Pas pour les prêts et bourses en tout cas. Parce qu’être étudiant est une opportunité pour s’instruire pour éventuellement avoir un travail. Être étudiant ce n’est pas un travail où tu prends n’importe quel cours facile juste pour bénéficier d’un système de prêts et bourses.

En me référant au calendrier scolaire des universités, les sessions d’étude sont de 15 semaines. Deux sessions par année donnent 30 semaines. Avec deux semaines de vacances, cela laissent 20 semaines pour travailler à plein temps. Au salaire minimum, 9,65$ de l’heure, 35 heures semaine, cela donne un budget de 6 755$ que l’étudiant pourra planifier pour son logement et sa bouffe.  Ce n’est pas énorme. Mais c’est l’équivalent de ce que nous donnons aux assistés sociaux pour survivre. Avec un emploi temps partiel de 10 heures par semaine pendant ses cours, le budget de l’étudiant peut monter à 9 650$ par année.

Vous remarquerez qu’ici je ne tiens pas compte de l’aide familiale que l’étudiant peut recevoir. Le calcul se fait aussi avec le salaire minimum. Certains pourront trouver mieux.

En coupant dans le système de prêts et bourses, combien d’argent est épargné non seulement dans les montants versés aux étudiants mais dans tous les postes de fonctionnaires affectés à la gestion des dossiers des prêts et bourses? Parce qu’à chaque programme que nous mettons en place, nous avons d’énorme frais de gestion à assumer. Coupons dans les prêts et bourses. Coupons dans les frais de gestion des prêts et bourses. Remettons le tout aux universités pour leur financement et leur capacité d’offrir une éducation gratuite. Une façon rapide de dégraisser l’appareil gouvernemental.

Le plein emploi pour les étudiants

En tant que société, si nous voulons couper dans les prêts et bourses aux étudiants ainsi que tous les fonctionnaires reliés à la gestion de ce programme, il nous faut garantir un emploi d’été à chaque étudiant. On ne peut créer l’autonomie sans en donner les moyens. Cela veut dire qu’il faudra peut-être négocier avec certains syndicats municipaux pour leur dire que certains fonctionnaires qui partent en vacances l’été seront remplacés par des étudiants, que certains travaux d’été se feront avec l’aide des étudiants. Que les festivals (subventionnés par nos taxes) devront engager des étudiants… L’été est une saison forte pour des emplois occasionnels. Du gazon au festival, du tourisme à la restauration, relevons nos manches pour assurer le plein emploi des étudiants.

Taxer l’emploi et non l’étude

N’étant qu’un oiseau de nuit sans budget de temps pour trouver tous les chiffres nécessaires à connaître la réalité globale de cette proposition de gratuité scolaire, je suis limité à en faire une hypothèse qui devra être complétée par d’autres. Si le budget est légèrement déficitaire, il s’agira d’augmenter les impôts de ceux qui auront bénéficié de la gratuité du système d’éducation, c’est-à-dire de ceux qui travaillent et qui ont un emploi et non pas des étudiants qui travaillent avec acharnement pour en avoir un.

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