Spiritualité et soin de santé
Delphine Caubet | Dossiers Religion et spiritualité, Croissance personnelle
Charbel Ibrahim travaille au CHU Sainte-Justine. Dans son bureau, attenant au lieu de recueillement, il reçoit un appel. Un enfant autochtone est gravement malade. S’il ne reçoit pas une greffe, il risque de décéder. Charbel s’apprête alors à rejoindre la famille. Pourtant, il n’est pas médecin et son domaine n’est pas médical. Alors que fait-il dans un hôpital? Il est «intervenant en soin spirituel». Un nom étrange pour une profession souvent incomprise.
Les intervenants en soin spirituel sont des membres à part entière des travailleurs de la santé. Leur mission: soutenir patients et familles par le spirituel, le moral ou le psychologique.
Leur travail n’est pas de prêcher. Bien au contraire. Les hôpitaux sont laïques, et la profession est déconfessionnalisée. Donc, les chapelles se transforment en lieux de recueillement, et les pasteurs sont remplacés par des intervenants: des diplômés, des universitaires.
Charbel assiste les patients dans leur quête de sens. «Pourquoi moi, disent-ils. J’ai un cancer alors que je fais du sport, je mange bio… Pourquoi?» Des questions que beaucoup se posent.
Des travailleurs de la santé comme les autres
De plus en plus d’hôpitaux ont une approche globale des patients. Ils prennent en compte le physique et l’affectif. «C’est un grand processus d’humanisation», précise Charbel. Et contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas que les croyants qui viennent le consulter. «Car le spirituel est partout. Un non-croyant peut avoir une vie spirituelle.» «Mais les gens ne veulent plus être enfermés dans des catégories.»
À Sainte-Justine, Charbel est présent dans les unités de soins prioritaires. En soins intensifs, mais également en hémato-oncologie et au service mère-enfant. Lors des réunions interdisciplinaires, les membres du personnel soulignent des cas qui auraient besoin de son assistance. Il va alors proposer son soutien à la famille.
Pour intervenir, Charbel écoute les besoins des patients. Il les assiste pour qu’ils trouvent un sens aux événements. Ce travail, loin d’être superficiel, apporte un soulagement aux malades et à leur entourage. «Lorsqu’un individu est malade, son identité et son intégrité sont touchées, car le corps et ses capacités changent. C’est toute son identité qui est affectée.» Le travail consiste alors à écouter le patient pour lui faire accepter la situation.
Rituel et prière
Il y a peu de temps, Charbel a aidé des parents à faire le deuil de leur enfant mort-né. Comme il le dit: «On ne peut pas nier le passage de cet être sur terre.» Pour cela, il a effectué une «célébration de l’amour». Une façon pour les parents d’extérioriser leurs émotions. Dans ce rituel, ils ont partagé le vécu de la grossesse, et ont exprimé leurs attentes. Ils les ont matérialisés par des objets destinés à l’enfant, et retracé l’histoire qu’ils en avaient vécue et auraient pu vivre.
Durant cette expérience, le couple a donné un nom à l’enfant. Charbel a laissé les parents appréhender leur nouvelle réalité. Le silence a eu son importance, mais également le toucher. Par les objets, et parfois par l’enfant lui-même. Pour appréhender cet être qui est venu et qui est parti.
Si les familles le souhaitent, Charbel prononce des paroles, athées ou religieuses, pour s’adresser au transcendant.
Une profession incomprise
C’est par le biais de ces outils que les intervenants soutiennent les patients. Mais attention: ils ne sont pas «des distributeurs de rituels!» dit Charbel. Leur profession, parfois ignorée de leurs collègues, est perçue comme limitée. Et si le personnel ignore les services qu’offrent les intervenants, ils ne peuvent pas agir adéquatement. Encore aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif, ils sont associés aux agents de pastorale et aux prédicateurs.
Pour démystifier cette profession, Charbel fait des formations, entre autres, auprès des infirmières et des médecins. Pour que chacun comprenne son rôle et puisse y référer adéquatement.
Mais la quête de sens n’est pas uniquement auprès des patients. Il peut arriver que les intervenants agissent auprès des membres du personnel hospitalier (toujours à leur demande). Ces derniers, en contact quotidien avec des situations difficiles, peuvent ressentir le besoin de trouver un sens aux événements.
Une fenêtre sur les religions
D’après Mélany Bisson, chargée des communications à l’Association des intervenantes et des intervenants en soins spirituels du Québec (AIISSQ), la plupart d’entre eux ont un DESS en santé, spiritualité et bioéthique. Bien qu’avec des connaissances religieuses variées, ils sont formés pour intervenir sur le spirituel dans un sens large. À la suite de quoi, ils effectuent au minimum un stage clinique.
Des patients qui refusent des soins par convictions religieuses ont fait les manchettes. Dans ce type de circonstance, c’est l’intervenant en soin spirituel qui agit. Mélany Bisson raconte sa propre expérience. Alors qu’elle intervenait au CHUM (Centre hospitalier de l’Université de Montréal), un témoin de Jéhovah a refusé une transfusion. Bien qu’elle ne le fît pas changer d’avis, l’hôpital respecta sa décision, car elle était en harmonie avec les valeurs du patient. Son travail ne consistait pas à le convaincre de bafouer ses croyances. Mais plutôt de vérifier si cette personne était consciente de l’impact de sa décision et si cela correspondait à ses valeurs.
Si ce travail est difficile (Sainte-Justine étant un hôpital pour enfant), Charbel ajoute que sa profession est avant tout un beau défi. Elle fait grandir. Quant aux patients, certains d’entre eux témoignent de l’empathie et de l’ouverture de l’intervenant; celui-ci ne cherchant pas à les enfermer dans un dogme.
Refus de traitement pour motif religieux
La Charte canadienne des droits et libertés reconnaît la liberté religieuse de chaque individu. En conséquence, une personne en état de prendre ses propres décisions peut refuser un traitement médical.
Dans le cas d’enfant de moins de 14 ans, c’est aux parents de prendre la décision. Selon leurs convictions religieuses, ils décideront si leur enfant peut recevoir le traitement. Pour des mineurs de plus de 14 ans, l’accord est validé automatiquement. En revanche, s’il refuse un soin, les parents possèdent un véto pour l’obliger à accepter. Toutefois, la loi n’a pas prévu le cas où les parents refuseraient également le traitement pour leur enfant de plus de 14 ans.
Si le médecin considère comme injustifiés les refus de traitements, il peut passer outre en contactant un tribunal. En cas de doute raisonnable, le médecin doit choisir la meilleure solution pour le patient. Mais il devra prouver qu’il existe des doutes quant à la conviction religieuse du patient.
Dans ce type de circonstance, le droit canadien se trouve dans une ambiguïté. En effet, dans le cas de secte, des coreligionnaires peuvent exercer une emprise sur le patient et l’empêcher de prendre une décision librement. Mais dans tous les cas, le droit canadien doit respecter la décision du patient.
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Un livre de poésie de 128 pages. Liberté politique, liberté journalistique, liberté émotionnelle… Toutes les couleurs de la liberté, individuelle et collective.
Une belle suite pour mon premier livre de poésie, Après la pluie… Le beau temps. Parce qu’après la crise… on peut trouver la liberté… sa liberté.
Liberté… Un sourire intérieur. Une façon de souligner les 5 000 exemplaires vendus du premier livre Après la pluie… Le beau temps.
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Il ne faut pas s’inquiéter Julien. Il n’y a pas d’obligation. C’est un service offert et disponible. On l’utilise si on le veut bien.
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«La Charte canadienne des droits et libertés reconnaît la liberté religieuse de chaque individu. En conséquence, une personne en état de prendre ses propres décisions peut refuser un traitement médical.»
J’espère que cela inclut le droit, pour un athée, de refuser d’avoir un »intervenant en soin spirituel » qui vient charlataniser a son chevet…
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Merci pour les explications. Il est vrai que tant que l’on cherche à l’extérieur, on risque d’être envahi par toutes sortes de choses qui risque de ne rien avoir avec notre quête.
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Je comprend ce que vous voulez exprimer!
La spiritualité dont je parle est une spiritualité que l’homme recherche extérieurement, et non intérieurement. Il cherche les réponses chez d’autres que lui-même, plutôt que de regarder dans son propre cœur. Se faisant, il rencontrera sur sa route toutes sortes de gens qui se feront un plaisir de lui proposer autant de choses qui le mettront toujours en distance par rapport à son propre être.
Merci de la précision!
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Il ne faut pas confondre Religion et Spiritualité. Il est vrai que certaines religions ne sont que des acnaques ou encore que certains participants à une religion soit un arnaqueur. Mais la Spiritualité est quelque chose de très personnel et intime.
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Le monde est bâti sur les transactions déshonnêtes, sur la fraude. Mais la plus grande fraude, la plus grande escroquerie, c’est la spiritualité mais ne le répétez pas, vous vous ferez des ennemis. Avez-vous eu besoin d’exercices particuliers pour entrer dans le ventre de votre mère ? Y a-t-il quelque chose à faire pour que la graine en terre produise des racines ? Tout ce qui se produit, se produit spontanément. Si une graine prend racine, laissez-la pousser, ne vous en mêlez pas.
Le monde de la spiritualité est une fraude, il ne peut exister que par la fraude. La spiritualité n’existe pas; il n’y a que la vie dans le monde, le jeu des cinq éléments. Vous n’êtes pas plus que du végétal. L’herbe pousse, les êtres humains poussent aussi.
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