Britanny nous conte son histoire dans le monde de la prostitution. Une histoire qui se termine par le viol et l’agression sexuelle.
La journée de l’entrevue avait bien commencé pour Britanny. Elle était sereine à l’idée de raconter son expérience de la prostitution. Spontanée, articulée et enjouée, elle s’est ouverte sans pudeur ni censure. Pratiques sexuelles, relations avec les clients et dépendance à l’argent, elle n’éprouve aucun regret.
Les seules fois où Britanny devenait soucieuse c’est en abordant le sujet de sa sécurité avec la police, car elle craignait d’être fichée comme prostituée et surtout avec les clients. Le stress qu’elle vivait à chaque nouvelle rencontre était au cœur de ses préoccupations. C’est ce nouveau client, potentiel agresseur, qui la poussait à consommer davantage et c’est pour éviter ces premiers contacts qu’elle consacrait beaucoup d’efforts à se créer une clientèle régulière. C’est pour éviter les hommes agressifs qu’elle préférait recevoir elle-même les appels afin d’accepter, ou non, un nouveau client.
Prostitution, agression sexuelle et viol
Dès ses débuts, sa plus grande peur était de se faire agresser. L’acte sexuel, contre rétribution, ne l’indignait pas. Elle n’a jamais culpabilisé d’avoir pratiqué la prostitution. Britanny a commencé dans la rue. Puis, elle a essayé l’agence d’escorte pour, finalement, recevoir les clients chez elle. Mais la rue, c’est le dernier sujet qu’elle a abordé. Car c’est dans la rue qu’elle a vécu le pire moment de sa vie. Un souvenir enfoui bien loin dans sa mémoire et qui, 13 ans plus tard, la chamboule encore.
C’était en août 1997. Alors âgée de 23 ans, Britanny se trouvait sur la rue Ontario. Ses annonces classées et l’agence d’escorte pour laquelle elle travaillait ne lui rapportaient pas suffisamment de clients. Ce n’était pas la première fois qu’elle vivait une accalmie, depuis ses débuts, 5 ans plus tôt et à chaque fois, elle retournait à la rue, son dernier recours.
Prisonnier d’un prisonnier
Elle commence sa nuit de travail à 23h30. Très rapidement, un client en voiture l’aborde. «En ouvrant la portière, j’ai eu des doutes mas je n’ai pas écouté mon instinct. Il avait la fin trentaine, le regard mesquin, les bras pleins de tatouages. Je sentais qu’il avait fait de la prison mais j’avais déjà fréquenté des gars de pénitencier.»
Britanny cesse de respirer un moment. Elle revisite une scène qu’elle avait rayée de sa vie. Elle voit encore distinctement le visage de son agresseur, revoit son viol avant même de le raconter. La jeune femme s’excuse de pleurer et reprend le fil de son histoire. «J’ai embarqué. Il a commencé à rouler. J’étais nerveuse. Ma main s’agrippait à la poignée. Quand il l’a remarqué, il s’est mis à accélérer», dit-elle la voix tremblotante.
L’homme l’emmène dans le stationnement d’un concessionnaire automobile, à l’abri des regards. Il avait accepté de payer 30 $ pour recevoir une fellation mais, une fois le véhicule immobilisé, il tend un billet de 20 $ à la jeune femme affirmant qu’elle n’aura pas un sou de plus. «Il m’a dit: tu vas faire tout ce que je veux sinon, ne pense même pas sortir vivante de mon char.» Britanny prend une autre pause. Elle s’excuse à nouveau. «Le pire, c’est qu’il m’a payée», dit-elle en sanglotant.
La panique du viol
Britanny est en état de panique. Elle a peur de mourir dans cette voiture. Elle le supplie de ne pas lui faire de mal. En état de choc, elle se plie aux exigences de son bourreau. Elle est seule, sans défense, prise au piège dans un véhicule et personne pour les remarquer. Elle avait peur de fuir et d’être battue à mort. Elle ne se sentait pas de taille à lui tenir tête. «Il était très agressif. Il n’a pas eu besoin de sortir un couteau ou une arme à feu. Il m’a empoignée par les cheveux et les tirait pour me forcer à lui faire une fellation. Sans condom. J’étais affolée. J’ai pensé le mordre. Mais j’avais trop peur qu’il se déchaîne sur moi.»
À genoux, à se faire arracher les cheveux, Britanny se sent entre deux mondes. Sa peur prend toute la place. Elle ne réalise pas les gestes qu’elle pose tant elle est paniquée. «J’étais là mais j’étais absente», décrit-elle.
Un viol interminable
Britanny poursuit son cauchemar sans s’arrêter. Les images défilent dans sa tête. Des scènes crues, dures. Le bras de son agresseur qui passe au-dessus de sa tête pour atteindre la manette du siège pour l’abaisser et forcer ainsi la jeune femme à s’allonger. «Je savais ce qui s’en venait. Je l’ai supplié de mettre un condom. Il s’est étendu sur moi. Il m’a violé toute la nuit. Pendant 4 heures. C’était interminable», dit-elle encore ébranlée.
La jeune femme a réussi à se sauver alors que son violeur se retirait pour jouir. Elle s’est mise à courir, hystérique, au beau milieu de la rue, tout en se rhabillant. Des conducteurs, apeurés par son état, ont passé leur chemin. C’est un chauffeur de taxi qui a joué les bons samaritains. Il l’a reconduite jusqu’à sa porte gratuitement.
«Il a été très gentil. Il a essayé de me calmer. J’étais toujours en état de choc. Il m’a offert d’aller voir la police. Je ne pouvais pas. La police aurait alors su que je me prostituais. Et on m’aurait dit que rien ne serait arrivé si je n’avais pas fait la rue…»
Britanny sort de son cauchemar. La tension de ses souvenirs retombe. Elle se laisse aller à pleurer. Elle s’allume une rare cigarette pour se calmer. Puis elle replonge 13 ans en arrière.
L’après-viol
«J’ai pris des douches et des bains. Je me suis lavée, lavée. Pour enlever toute cette crasse. J’ai passé des tests pour savoir s’il m’avait refilé une maladie.» Les tests se révèlent négatifs. Mais l’attente de ces résultats s’ajoute au traumatisme d’avoir été sauvagement violée.
«J’ai été traumatisée pendant des mois. J’en faisais des cauchemars. Pendant au moins deux mois, peut-être plus, je ne me souviens plus, je ne recevais que mes clients réguliers. J’avais trop peur. Mais je devais payer mes comptes et mes habitués ne viennent pas me voir toutes les semaines», dit-elle d’une voix résignée.
Britanny ne voit pas d’autre solution. Elle retourne à la rue. «Je ne songeais pas à me trouver une autre occupation, je ne pensais qu’à survivre.» Sur la rue, elle analyse sans cesse les clients potentiels qui l’abordent. «J’avais peur des hommes. Même de mes clients réguliers. Je revivais mon viol avec eux. Dès qu’un client me prenait un peu vigoureusement, je l’arrêtais.»
Treize ans après le viol, Britanny reconnaîtrait facilement son agresseur. Mais avec le temps, ce visage ne revient plus la hanter. Elle est parvenue à l’oublier, à l’enfouir très loin. Pas complètement, mais assez pour vivre normalement. Sauf aujourd’hui. Le souvenir est frais. Comme si elle l’avait vécu hier. «Je ne veux plus y penser. C’était d’ailleurs mon dilemme, quand c’est arrivé. J’en parlais pour le faire sortir, mais ça me faisais trop mal car je le revivais.»
La journée de Britanny avait bien commencé. Mais son cauchemar a tout changé. Elle ira travailler dans quelques heures, un emploi légal, avec ces images sur le cœur. Puis, elle remisera ce visage au plus profond de sa mémoire. Jusqu’à la prochaine fois.
- youtube et le sexe
- sexualité des prisonniers
- sexualité, éducation sexuelle et hypersexualisation
- Hypersexualisation: le Québec abandonne-t-il ses enfants?
- Le sexe banalisé?
- Danse érotique, danse poteau et sexe récréatif
- Hypersexualité; la mode des jeunes
- Hypersexualité vue par de jeunes écoliers
- Jeune, sexe et alcool
- sexualité, jeunes et viols
- Peut-on jouir pendant un viol?
- entre libération et aliénation sexuelle
- vaccination au Gardasil: victimes et effets secondaires, une enquête est demandée.
- le sexe et les jeunes
- les difficultés d’avorter au canada
- les jeunes nous parlent de sexe et des gangs de rue.
- Pornographie féministe, une antithèse?
- pour ou contre l’avortement?
- Arabe et LGBT
- Bisexualité: diversité sexuelle
- Enfants transgenres
- l’avortement, 20 ans après sa légalisation
- L’église et la communauté LGBT
- trans et homosexuel, même combat?
- Diversité sexuelle; homosexualité, transgenre,
La relation à soi, aux autres et à notre environnement
Roman de cheminement humoristique. Pour dédramatiser les évènements qui nous ont bouleversés. Pour mieux comprendre notre relation envers soi, notre entourage et notre environnement. Peut être lu pour le plaisir d’un roman ou dans un objectif de croissance personnelle.
L’histoire est une source d’inspiration pour découvrir, d’une façon attrayante et amusante, une nouvelle relation avec soi-même et son environnement. Bonne lecture et bon voyage au pays de Tom.
Le livre est disponible au coût de 19,95$. Une co-écriture avec le journaliste Colin McGregor a permis de présenter une version anglophone LOVE in 3D.
Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009 Par Internet:Par la poste: Reflet de Société 4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.
Autres livres pouvant vous intéresser
WordPress:
J'aime chargement…
Filed under: prostitution, prostitution de rue Hochelaga-maisonneuve, sexualité | Tagged: actualité, actuality, agence escorte, agences d'escortes, agression, agression prostituée, agressions sexuelles, attouchement, éducation, bordel, escorte, escortes, fellation, histoire de sexe, histoire prostituée, histoire prostitution, la vie d'une prostituée, news, nouvelles, photos, prostituée, prostitution, prostitution agence escortes, Putain, pute, raccollage, Sexe, sexualité, témoignage d'une prostituée, viol, viol agression, viol d'une prostituée | 21 Comments »
Un voilier au Saguenay-Lac-St-Jean pour un nouveau départ
Jeune fille en détresse
Je suis une jeune femme originaire du Lac-St-Jean. Je suis partie demeurer en Beauce en 2003 avec l’espoir de travailler dans mon domaine d’études. J’étais certaine que ma vie commencerait pour de bon, mais je m’étais grandement trompée…
Propos recueillis par Gérald Tremblay | Dossier Communautaire
Cet évènement m’a alors incité à retourner au Lac-St-Jean auprès de ma famille. Dès mon arrivée, j’ai fais plusieurs démarches pour obtenir d’être traiter et tenter de m’en sortir, mais en vain.
Programme de réinsertion au Lac-St-Jean
Une belle surprise m’attendait à la fin de janvier 2004: un programme de 30 semaines visant le retour aux études ou sur le marché du travail. Il s’agissait de construire un voilier.
Au tout début du programme; j’étais faible, fatiguée et surtout je consommais tous les jours. J’avais un réel besoin d’aide et personne à qui en parler. Les responsables du projet ont vraiment été compréhensifs avec moi. Sachant les problèmes auxquels je faisais face, ils décidèrent de m’aider à m’en sortir. J’ai rencontré des professionnels en santé, toxicomanie, psychologie et autres. Les gens de CODERR-02 ont fait bien des démarches pour moi et avec leur aide j’ai réussi à m’en sortir.
J’ai retrouvé mon estime de moi, appris à reconnaître mes forces et mes faiblesses et cessé de consommer. J’ai également élaboré un projet de vie : retour aux études en septembre 2004. Ma participation à la construction de ce voilier fût pour moi, une très belle expérience de travail car j’ai pu y amener les connaissances que j’ai acquises lors de ma formation professionnelle. Ces programmes peuvent grandement aider les jeunes à se construire un avenir car ils permettent d’aller chercher des connaissances et de nouvelles expériences de travail. Ils montrent aux jeunes leurs forces et leurs faiblesses en offrant une variété de spécialisations.
La formation peut également aider car parmi les possibilités, il y a deux stages en milieu de travail pour vérifier ce que l’on aimerait faire dans le futur.
Pour lutter contre l’exode des jeunes: un voilier au Lac St-Jean
Pour faire de la voile, il y a présentement de petits bateaux qui chavirent facilement, peu spacieux et sans confort. À l’autre bout du spectre, il y a les quillards stables, habitables, confortables (toilette, douche et cuisine), mais avec un prix en conséquence. Entre les deux, il n’y a à peu près rien.
La coopérative de solidarité «La Vastringue flottante» s’est lancée dans l’aventure de répondre aux besoins des amateurs de la voile. La coopérative s’est donnée pour mission de mettre sur pied un programme de construction et de mise en marché d’une petite embarcation à propulsion humaine ou à la voile. La création d’emplois pour les jeunes est au cœur des préoccupations de l’organisme. C’est pourquoi la coopérative s’est associée au Groupe Coderr, expert en réinsertion auprès des jeunes et à la commission scolaire du Lac St-Jean pour leur formation.
Le Groupe Coderr
Le Groupe Coderr fabrique le prototype pour la coopérative. La fabrication passe par des apprentissages tel que l’histoire de la voile et les différents types de pratique. Pour se faire, ils complètent des recherches dans les bibliothèques et sur Internet. Pour sa part la coopérative fournit les matériaux et son expertise. Sous sa supervision, les jeunes apprennent comment fabriquer le voilier. C’est l’occasion de vérifier toutes les étapes de fabrication, les coûts, de réaliser un plan d’affaires, déterminer les meilleures techniques de fabrication, etc.
Le programme ne s’arrête pas là. Pour tester les qualités du voilier et ses limites, les jeunes apprennent comment naviguer. Ensuite vient l’apprentissage de la mise en marché et de la promotion de ce nouveau produit. La promotion est l’occasion de développer un carnet de commandes pour créer des emplois à la coopérative. En effet, il ne peut y avoir de mise en marché sérieuse sans avoir un premier exemplaire à montrer comme il ne peut y avoir de plan d’affaires vraiment crédible sans avoir d’abord testé la méthode. Aussi, les jeunes présentent le voilier dans les écoles de voile, dans les marinas, lors d’expositions, etc. Peut-être même s’inscriront-ils à des régates!
Ce partenariat entre un organisme communautaire, une coopérative de solidarité et la commission scolaire est un bel exemple que nous pouvons ensemble, intéresser et former nos jeunes pour leur donner des perspectives d’emploi et cela, en misant sur les forces de la région.
Quand vos déchets de toutes sortes deviennent source d’emploi
Un consortium d’organismes communautaires à Alma, au Lac-St-Jean: Le groupe Coderr
Le Groupe Coderr a un chiffre d’affaires de 2,5 Millions dont 85% sont des revenus autogénérés. Il emploie une trentaine de personnes. Il donne une formation variée, d’une durée de 6 mois, à des groupes de 40 à 50 stagiaires rémunérés. Plus de 500 jeunes ont ainsi complété leur stage de réinsertion. Je ne vous parle pas d’une entreprise privée, mais bien d’un organisme communautaire dynamique et novateur.
Mais qu’est-ce que le Groupe Coderr? C’est un groupe qui intervient auprès des jeunes pour lutter contre l’exclusion par l’insertion socioprofessionnelle et le développement d’activités dans le domaine du recyclage. Pour ce faire, le groupe a créé un ensemble d’organismes agissant comme plateaux de travail: une friperie, une usine de transformation de papiers récupérés et une ressourcerie.
Et ce n’est pas les projets qui manquent: une quincaillerie de produits récupérés et traités, une bouquinerie et la location de vêtements sont sur leur table à dessin. Toutes ces activités ont pour but d’accompagner les jeunes afin de les aider à prendre confiance en eux et à s’intégrer au marché du travail. Oui aider les jeunes et cela par le biais d’activités où l’environnement est mis de l’avant. Pour mieux connaître cet organisme, n’hésitez pas à consulter leur site Internet: www.chez.com/coderr02
Saviez-vous que…
Autres textes sur Communautaire
D’un couvert à l’autre
Une section est dédiée au dernier projet de l’organisme, le bistro Ste-Cath, l’histoire quotidienne de ce lieu mais également la relation entre les artistes et le public, notamment Elizabeth Blouin-Brathwaite, Pascal Dufour, Sule Heitner, B.U, Davy Boisvert,…
Une co-publication entre Delphine Caubet et Raymond Viger. Photographies Georges Dutil. Une couverture de l’artiste Geneviève Lebel. Le livre est disponible en édition de luxe (30 pages en couleur) à 24,95$ ou en noir et blanc à 19,95$ (plus 4,95$ taxe et livraison). Aux Éditions TNT. (514) 256-9000.
Autres livres pouvant vous intéresser
Merci de partager
WordPress:
Filed under: communautaire | Tagged: actualité, actuality, Alma, architecture, art, éducation, bateau, beauce, CODERR-02, comment fabriquer bateau, comment fabriquer voilier, culture, Drogue, fabrication bateau, fabrication voilier, fabriquer bateau, fabriquer voilier, formation navigation, formation voile, Groupe Coderr, La Vastringue flottante, Lac-Saint-Jean, news, photos, prostitution, prostitution juvénile, Psychose, récupération, recyclage, voile, voilier, voiliers | Leave a comment »