Un portrait dérangeant de la lutte pour l’égalité des sexes
Lisa Melia | Dossiers Égalité Homme-Femme, Famille
Le 25 novembre est la Journée internationale contre les violences conjugales. Le film de Patric Jean, «La Domination masculine», a donc choisi son jour pour sortir sur les écrans français. En une heure et quarante-cinq minutes, le cinéaste décortique les rouages de la domination masculine, inculquée dès la petite enfance, jusqu’à ses conséquences les plus terribles: la violence conjugale d’une part, et l’histoire de Marc Lépine, qui a abattu quatorze femmes à l’école Polytechnique le 6 décembre 1989, d’autre part.
Répartition des rôles
La distribution des rôles sexuels se fait dès l’enfance. La caméra de Patric Jean se promène dans un magasin de jouet et l’employé de l’enseigne lui sert de guide. D’un côté, explique-t-il, les déguisements de princesses et les reproductions d’objets ménagers, «pour imiter maman et ce qu’elle fait toute la journée». De l’autre côté, des déguisements et des jouets pour garçons qui évoquent l’aventure et stimule l’imagination.
Dans les livres pour enfants, les mêmes schémas se répètent : les garçons sont représentés à l’extérieur, dynamiques, et les filles à l’intérieur, souvent à la fenêtre. «La fenêtre, c’est la culture du rêve, explique une sociologue. La fille n’a pas d’ambition et se doit d’être spectatrice, c’est une princesse qui attend une protection masculine.»
Tout est ainsi fait pour construire un homme fort et protecteur, tandis que la femme est perçue comme gentille, douce et soumise. Lors d’une séance de speed-dating, une participante explique que le rôle de la femme est de valoriser l’homme, de préférence à son insu. Devant la caméra, elles expliquent toutes chercher des hommes ambitieux et capables, et quand on leur demande ce qu’elles ont à offrir, elles proposent leurs corps et leurs talents de cuisinière. De nombreuses femmes consentent ainsi à minimiser leurs capacités pour ne pas dépasser leur compagnon.
De la domination à la violence
Le cinéaste aborde ensuite la question de la violence conjugale, intimement liée à celle de la domination. La société dans laquelle nous vivons est, selon lui, « le terreau dans lequel se plantent les histoires individuelles». Une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les trois jours. «Est-ce une succession de cas malheureux ?» demande-t-il.
Aux urgences, des femmes de tout âge et de toutes origines acceptent de témoigner de ce qu’elles vivent. 85% des victimes de violences conjugales sont des femmes, rappelle un policier montréalais. Denis a été l’un de ces hommes violents et lutte encore aujourd’hui contre son agressivité. Il affirme que de plus en plus d’hommes prennent conscience de leur violence et cherchent à changer. Mais cela prend énormément de temps. Il se rappelle que sa propre prise de conscience l’a profondément ébranlé, comme «un coup de poing de le ventre», mais qu’il était loin «d’en avoir fini» et lutte encore aujourd’hui.
Les contre-féministes
Le 6 décembre 1989, Marc Lépine tira sur des étudiantes de Polytechniques et en tua quatorze, «par haine des femmes et des féministes», résume Patric Jean. Cet événement, assure un homme appartenant à un mouvement contre-féministe, a été le point de départ d’une contestation de la société «matriarcale québécoise qui castre les hommes». De nombreux «masculinistes» condamnent ainsi «la femme québécoise [qui] prend le rôle du mâle. Elle a tout obtenu et il ne reste plus rien pour l’homme». «Le féminisme est un crime contre l’humanité», achève l’un d’eux.
Les féministes tentent de lutter contre ces «masculinistes», mais le combat principal, pour elles, c’est de faire tomber «l’illusion que l’égalité est acquise», particulièrement présente chez les jeunes. «C’est une révolution inachevée», affirme une militante. Un homme impliqué dans le mouvement féministe explique que l’égalité signifie une acquisition de droit pour les femmes, mais un renoncement pour les hommes. Ce qui explique qu’ils mettent au point «des stratégies pour conserver [leur] privilèges».
Dans le quotidien 20 Minutes, Patric Jean résume la situation en ces termes: «On est passé de 0 à 10% de femmes à des postes de responsabilités. Au rythme actuel, il faudrait trois cents ans pour que le parlement français soit mixte. Côté tâches ménagères, les hommes y consentent une minute trente de plus tous les deux ans… Depuis trente ans, les femmes ont des droits équivalents aux hommes. Mais les mentalités doivent encore changer.»
Quelques liens
- Le site du film La domination masculine
- Le blogue du cinéaste Patrick Jean
Ressources
- Québec : Aimer sans violence : Site québécois de sensibilisation auprès des 11-17 ans qui vise à promouvoir l’égalité fille – garçon. Plusieurs ressources recommandées par l’Institut national de la santé publique
- France : Violence conjugale : 3919 (prix d’un appel local) Que vous soyez victime ou témoin de violences conjugales, appelez ce numéro. Vous serez conseillé et informé sur les démarches à suivre.
- France : Viol femmes, information(collectif féministe contre le viol) : 0 800 05 95 95
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