Un texte de Lewis Gagnon publié sur Reflet de Société | Dossier Sexualité et LGBTQ+

Imaginez, le jeune Lewis, 16-17 ans, qui se pose des questions sur son identité sexuelle. Il espère trouver des réponses en lisant un livre dont le personnage principal est homosexuel et le seul livre qu’il trouve est dans la collection Tabou. Il se pose encore plus de questions sur la validité de ses sentiments.

Depuis quelques années, je m’intéresse à la littérature LGBTQ+ et cela a été un départ assez tremblant. Voulant lire une histoire avec des personnages homosexuels pour confirmer mes sentiments, je suis allé chez Renaud-Bray à la recherche d’un livre à ce sujet. Dans ma main, j’avais mon téléphone cellulaire ouvert avec la page de recherche gay de Renaud-Bray, je me suis vite rendu compte que les choix étaient minces. Surtout rien de trop attrayant pour un jeune homme qui veut passer inaperçu. Je suis donc retourné chez moi ce jour-là, déçu et encore plus mêlé.

Deux ans plus tard, fraîchement sorti du placard, j’ai finalement acheté mon premier livre avec un personnage homosexuel, Recrue de Samuel Champagne de la collection Tabou. 284 pages plus tard, j’ai vécu beaucoup d’émotions parce que pour la première fois de ma vie, je pouvais complètement m’identifier à un personnage.

Comme Thomas, j’ai fait de la danse au secondaire et je me suis beaucoup fait intimider sur mon orientation à cause de cela. Il parle aussi de la difficulté d’avouer ton homosexualité à tout ce monde qui s’en doutait depuis des années. Pour ma part, c’est une des raisons pour laquelle ça m’a pris autant de temps avant de faire mon coming out. Je ne voulais pas donner raison à toutes ces personnes qui avaient eu tant de pouvoir sur moi durant toutes ces années.

Un manque linguistique

Après quelque temps à ne plus consommer de littérature LGBTQ+, je me suis remis dans le bateau avec des livres jeunes adultes LGTBQ+. Par contre, j’ai trouvé qu’il y avait un manque dans la littérature francophone comparativement à la littérature anglophone. Du même coup, j’ai décidé de faire mon aventure en améliorant mon anglais. J’ai découvert quelques auteurs classiques de la littérature LGBTQ+ comme Adam Silvera et Nina Lacour ainsi que des romans cultes comme Call me by your name.

Parmi les premiers livres que j’ai lus, History is all you left me d’Adam Silvera est celui qui m’aura vraiment donné la piqûre pour la littérature LGBTQ+. Une histoire de deuil, sans tourner autour du coming out et avec des émotions particulièrement intenses. La façon dont l’auteur écrit ses livres est totalement différente des autres livres que j’avais lus. Ayant dû faire face à la mortalité à un jeune âge, Adam apporte d’une bonne façon le deuil et les problèmes autour de la mort.

Après plusieurs romans LGBTQ+, je me suis rendu compte que plusieurs auteurs apportent beaucoup d’importance aux deuils, aux problèmes de santé mentale et aux problèmes familiaux. Est-ce que les membres de la communauté LGBTQ+ sont plus susceptibles de vivre des problématiques sociales ? Peut-être qu’ils sont simplement plus ouverts à avoir des personnages « brisés ». Pour ma part, je trouve important qu’il y ait plus de représentation afin de mieux comprendre ce que les minorités peuvent vivre, souvent sous-représenté dans la société d’aujourd’hui.

Dernièrement, j’ai eu envie de revisiter les romans de Samuel Champagne, lui qui m’avait fait découvrir la littérature LGBTQ+. Il a sorti une collection durant les dernières années qui suit l’histoire de trois jeunes dans la même école secondaire. Chacun des livres porte sur un personnage et fait des références aux autres personnages. J’ai trouvé la façon d’écrire de Samuel très intéressante et profonde. Il aborde le sujet des familles nombreuses, de la bisexualité, de l’abandon, des tentatives de suicide et de la pression sociale. Chaque histoire prouve que les gens que tu côtoies au quotidien peuvent renfermer beaucoup plus que ce que tu vois.

Ouverture de la littérature LGBTQ+

Après autant de lecture, je me suis rendu compte que la littérature LGBTQ+ est dans un élan et qu’elle devient de plus en plus populaire auprès des jeunes. Les jeunes d’aujourd’hui sont choyés d’aller en librairie et de pouvoir choisir l’histoire qui les touche le plus avec des personnages de la communauté. Je peux voir que l’hétéronormativité est en train de se faire questionner de plus en plus. J’aime voir que les livres, tout comme l’univers cinématographique, montrent de plus en plus de représentations de la communauté LGBTQ+ afin d’inclure plus de minorités dans leur projets.

La seule question qui me reste en tête c’est que la majorité des histoires que j’ai lues se passe au secondaire et parle toujours de coming out. Mais le coming out n’est que le début de l’aventure de son orientation sexuelle. Où sont les histoires sur la réalité d’être pris entre les « one night » de Grindr et l’envie de trouver l’amour de ta vie ou les soirées glorieuses avec ta gang de fille à sortir au Mado ? Peut-être que je ne suis pas tombé sur ces histoires-là dans ma recherche de littérature LGBTQ+, mais je crains qu’elles soient plus cachées que je ne le pense.

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