La langue française contient 26 lettres et 36 sons, ce qui permet bien des possibilités de combinaisons quand vient le temps de former des mots…mais pour notre plus grand malheur et celui des apprenants, certains mots finissent quand même par s’écrire ou se prononcer de la même façon alors qu’ils n’ont pas du tout le même sens! Bienvenue dans le monde merveilleux de l’homonymie, dans lequel le sympathique homonyme, en sa qualité de source de confusion monumentale, n’évolue jamais seul, mais toujours en couple, voire en groupe. 

Un texte de Aude Charrin publié sur Reflet de Société – Dossier Éducation

Prenez le mot mère par exemple, synonyme de maman, il fait partie du même groupe que mer, l’étendue d’eau dans laquelle on aime se baigner et que maire, le responsable politique d’une ville. Ce groupe est donc constitué de trois homophones, des mots dont la prononciation est identique, mais dont le sens et l’orthographe diffèrent.

Certains groupes peuvent comprendre jusqu’à six homophones, comme « le groupe des 100 » : Il s’est vidé de son sang; J’ai cent dollars dans ma poche; Je ne peux pas vivre sans toi; Tout ça n’a aucun bon sens; Cette fois, c’en est fini pour toi! et enfin, il s’en fout carrément! 6 sens différents, 6 façons d’écrire différentes, mais une seule et même façon de le dire!

Visualisez maintenant le verbe conter dans la phrase Les parents content des histoires aux enfants pour les endormir; et l’adjectif content dans la phrase Paul est content.

Vous avez peut-être remarqué que l’orthographe du verbe conter à la troisième personne du pluriel et celle de l’adjectif content est strictement identique! Ce couple de mots est ce qu’on appelle des homographes, des mots qui s’écrivent de la même façon, mais dont le sens, et quelquefois la prononciation, diffèrent. C’est le cas de nombreux couples formés d’un verbe et d’un nom comme Les poules du couvent couvent ou Ces cuisinières excellent dans la préparation d’excellents gâteaux. Homophones et homographes sont donc deux catégories distinctes d’homonymes, mais dans le monde merveilleux de l’homonymie, il arrive que des mots soient à la fois des homophones et des homographes, c’est-à-dire qu’ils se prononcent et s’écrivent de la même façon, ce qui en fait le piège numéro un pour les personnes apprenant le français! Mais vous qui êtes des francophones avertis, je suis sûr que vous en connaissez déjà plein : la pêche, qui fait référence à la fois au fruit et à l’activité consistant à attraper des poissons; le palais, qui désigne la résidence somptueuse et la partie supérieure de notre bouche; ou encore vers, qui exprime à la fois la direction, le segment d’un poème et le pluriel de ce petit animal qu’on accroche au bout de sa canne à pêche!

Mais l’homonymie ne sert pas qu’à nous donner des mots de tête, elle permet aussi de jouer avec la langue, de tirer parti de ces ressemblances graphiques ou phonétiques, comme dans le calembour, une figure de style dont l’effet comique ou stylistique réside dans la double interprétation que l’on peut donner à un énoncé, tout en choisissant volontairement la forme qui ne convient pas au contexte. Ainsi, Jacques Prévert écrivait « De deux choses Lune, l’autre le soleil! », c’est bucolique non? Comme un pré vert!

27 capsules sur les difficultés de la langue française sont présentées par l’humoriste Fred Dubé.

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