Une première ministre, une députée, une avocate, une professeure, une écrivaine. Ces appellations nous semblent aller de soi. Pourtant, le fait de mettre au féminin les titres et fonctions est un phénomène très récent. Ça s’explique par le fait que ces métiers étaient, auparavant, occupés par des hommes uniquement. C’est avec la 2e vague de féminisme qui débute dans les années 1960 que les femmes revendiquent l’accès à l’éducation ainsi qu’aux métiers traditionnellement réservés aux hommes au Québec. Avec l’accession à ces postes vient la volonté de féminiser les titres de celles qui les occupent.

Un texte de Mylène Roy publié sur Reflet de Société – Dossier Éducation 

Le Québec a d’ailleurs été le premier à se prononcer sur la question. L’Office québécois de la langue française a effectivement émis des avis de recommandation en 1979, 1981 et 1984 avant de mettre en place sa politique officielle en 1986. Cette dernière a été résumée dans le premier guide de féminisation des titres publié la même année. La Suisse et la Belgique ont toutes deux suivi le mouvement en publiant également leur premier guide en 1991 pour la Suisse et en 1994 pour la Belgique.

En France, les termes féminins connaissent plus de résistance encore aujourd’hui. Il faut comprendre que la fonction au masculin possède un certain prestige, alors plusieurs femmes préfèrent garder l’appellation de « Mme le secrétaire général », par exemple. Ça s’explique par le fait que, dans la tradition française, l’appellation féminine désigne l’épouse de l’homme qui occupe la fonction en question. La mairesse n’était pas celle qui occupait la fonction de la mairie, mais bien la femme du maire. Les noms de fonctions au féminin sont donc perçus comme étant réducteurs pour les Françaises. Il ne faut pas s’étonner si certaines femmes s’offensent du titre, par exemple, de directrice d’un organisme, parce qu’on l’associe au métier de secrétaire d’école, qui encore une fois, leur apparaît moins prestigieux (ce qui peut sembler ironique parce que directeur d’école n’a pas cette connotation). Par contre, le fait de ne pas adhérer à la féminisation des titres peut parfois créer des incohérences et des incompréhensions. Si, par exemple, on voyait un article où on annonçait que le député est enceinte, ça semblerait assez étrange, ou encore pourrait-on croire à une erreur.

Si on remonte le cours de l’histoire de la féminisation des métiers, on peut voir que les métiers traditionnellement occupés par des femmes ont toujours été féminisés. On parlait donc de la boulangère, de l’épicière ou de l’institutrice. En fait, beaucoup de noms de métiers féminins existaient au Moyen Âge, qu’ils aient été prestigieux ou non. Il y avait des titres tels que chevalièrebanquièreagente secrètechasseusejoaillièrefileuse pour ne nommer que ceux-là. Ces réalités ont pourtant été effacées de la mémoire collective en n’étant tout simplement pas mentionnées dans les livres.

Malgré cette résistance et ce passé bien chargé, la France a également un guide de féminisation des titres et fonctions qui est paru en 1999, donc quelques années seulement après celui de la Belgique. La difficulté d’adhésion est avant tout idéologique. Il faut aussi mentionner que de plus en plus de femmes, en France, insistent pour que le nom de leur métier soit féminisé, ce qui veut dire qu’on se défait tranquillement de l’idée que le masculin est plus prestigieux.

Donc, peu importe la zone de la francophonie où l’on se trouve, on retrouve des titres féminisés. Ils peuvent varier selon la région, mais une chose est sûre : le Québec a été le leader en la matière, prouvant ainsi que les Québécoises ne sont certainement pas nées pour un petit pain !

27 capsules sur les difficultés de la langue française sont présentées par l’humoriste Fred Dubé: https://www.refletdesociete.com/francais/

Capsule de français : La féminisation des titres : le Québec prend les devants

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