Le réchauffement climatique serait en partie dû aux appareils qui permettent de nous rafraîchir : les climatiseurs. C’est là que réside le paradoxe. Plus il fera chaud, plus il y aura de climatiseurs, et plus il y aura de climatiseurs, plus la température se réchauffera.

Un texte de Alexandra Bachot publié sur Reflet de Société | Dossier Environnement 

Les chiffres abondent dans ce sens en dressant un état des lieux inquiétant : 1,6 milliard de climatiseurs sont installés dans le monde, dont environ la moitié aux États-Unis et en Chine, premier marché mondial où près de 135 millions de nouveaux appareils sont vendus chaque année. Résultat : une étude américaine a montré que la climatisation est responsable d’une hausse de 3 à 4% des émissions de CO2 par degrés Celsius supplémentaire, par rapport aux normales saisonnières. Et les émissions de dioxyde de carbone liées à la climatisation ne sont pas prêtes de s’arrêter puisqu’elles devraient doubler entre 2016 et 2050, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

Certaines régions du monde sont davantage touchées par le dérèglement climatique, en particulier dans les villes où l’effet réchauffant des climatiseurs se fait d’autant plus ressentir. En effet, chaque appareil rejette dans la rue la chaleur qu’il a pompée pour rafraîchir l’intérieur d’une pièce.

Dans les pays en développement tels que l’Inde, l’Indonésie ou la Chine, la hausse du niveau de vie et l’urbanisation croissante accélèrent le phénomène du changement climatique. Le climatiseur constitue souvent l’un des premiers achats lorsque les revenus des ménages augmentent. En Inde, alors que seulement 4% des familles sont équipées en climatisation, tout laisse penser que la demande va exploser dans les dix prochaines années. A l’avenir, ces trois pays contribueront pour moitié à la hausse mondiale de consommation électrique pour la climatisation.

Face à ce constat sans appel, l’Agence internationale de l’énergie veut durcir les normes sur la consommation électrique des appareils. Mais ce n’est pas si simple : les consommateurs plébiscitent encore largement les appareils énergivores et moins chers, notamment aux États-Unis, en dépit de technologies plus économes.

Angle mort du débat énergétique actuel, la question des climatiseurs admet pourtant des solutions, notamment l’amélioration de l’isolation énergétique des bâtiments ou le développement de l’énergie solaire dont le pic de production, en journée, correspond au pic de consommation des climatiseurs.

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