Québecor VS journalistes du Journal de Montréal en lock-out

L’avenir de Rue Frontenac

Fin d’un conflit qui dure depuis plus de 2 ans. Pierre-Karl Péladeau voulait négocier la fermeture de Rue Frontenac. Les journalistes du Journal de Montréal réussissent à sauvegarder le média Internet qui attire 500 000 visiteurs par mois. Malheureusement, les finances permettront-elles à Rue Frontenac de voler de ses propres ailes?

Raymond Viger | Dossiers Rue Frontenac, Journal de Montréal

Pendant 2 ans, Rue Frontenac a été publié grâce à la présence des journalistes du Journal de Montréal en lock-out qui recevaient une allocation du fond de grève de leur syndicat. Un vent de sympathies du public permettait à Rue Frontenac d’avoir le vent dans les voiles.

Ma crainte initiale était de voir la fermeture de Rue Frontenac incluse dans les conditions du retour au travail. Ce que je m’attendais à être la pire difficulté a été écarté et Rue Frontenac avait la possibilité de continuer sa vie, autonome. Pourtant, d’autres difficultés semblent empêcher la continuité de Rue Frontenac qui a dû se mettre sur la loi de la protection de la faillite pour se protéger de ses créanciers. Rue Frontenac traîne une dette de 120 000$. Le cofondateur et coordonnateur de Rue Frontenac, Jean-François Codère, estime qu’il faudrait de 2,5 à 3 millions de dollars pour consolider le modèle d’affaires du site la première année.

Je ne comprends vraiment pas les difficultés financières de Rue Frontenac, je suis dépassé par la situation et je me pose plusieurs questions.

Rue Frontenac un journal papier gratuit

À l’automne dernier, Rue Frontenac lance une version papier. Pendant 6 mois, 25 numéros version papier ont été distribué gratuitement à 75 000 exemplaires. Est-ce que cette expérience a causé ce boulet de 120 000$ que traîne aujourd’hui Rue Frontenac? Rue Frontenac avait-il les moyens financiers de lancer un nouveau produit? Cette expérience a-t-elle causée la perte de Rue Frontenac?

Quand Pierre Péladeau a tenté l’expérience d’ouvrir un journal à Philadelphie (Philadelphia Journal), il avait le budget pour le faire. Il a pris un risque de 15 millions pour se rendre compte que ce projet ne fonctionnait pas. Mais Pierre Péladeau avait le 15 millions et il pouvait se permettre de le perdre sans que cela affecte la continuité du Journal de Montréal.

Les forces de Rue Frontenac

Les premières années d’un démarrage d’entreprise sont pénibles et périlleux. Rue Frontenac avait 3 grandes forces: 243 employés bénévoles, la sympathie du public et une excellente couverture médiatique. Rue Frontenac a eu 2 longues années pour préparer sa continuité.

Jamais un entrepreneur a autant d’outils à sa disposition pour créer une entreprise. Comment se fait-il que, malgré tout, sans investisseur Rue Frontenac doive fermer?

Le manque d’entrepreneurship de Rue Frontenac

Derrière une entreprise qui démarre, nous retrouvons un entrepreneur. Un entrepreneur ne se contente pas de faire un budget prévisionnel et de dépenser de l’argent en fonction d’une prévision. Un entrepreneur a les chiffres de vente en main, un budget qu’il révise constamment. Un entrepreneur se questionne sans cesse et se remet constamment en question. Qu’est-ce que j’ai comme revenu et qu’est-ce que l’entreprise peut se permettre avec la réalité de nos ventes?

C’est correct de faire un budget prévisionnel et de dire qu’il faut trouver 3 millions pour continuer avec la même grosseur d’entreprise. Mais en même temps, il faut un entrepreneur qui travaille avec la réalité. Rue Frontenac avait des revenus. Avec les revenus que j’ais présentement, qu’est-ce que je peux faire et me permettre. Parce qu’en entreprise, on ne fait pas ce que l’on veut, on fait ce que l’on peut avec ce que l’on a.

La question que Rue Frontenac aurait dû se poser n’est pas comment faire pour trouver un investisseur de 3 millions. Rue Frontenac aurait dû faire un plan d’urgence qui défini qu’est-ce que je peux offrir et qu’est-ce que je peux conserver avec le budget que j’ai?

Il est évident qu’avec la fin du lock-out et en perdant ses employés bénévoles, Rue Frontenac devait passer sous le bistouri. Un plan de crise, un plan de survie devait être concrétisé. Parce que dans la vie d’une entreprise il faut être capable de gérer autant la croissance que la décroissance.

Pierre Péladeau a créé le Journal de Montréal à l’occasion de la grève de La Presse. Avec la fin du conflit à La Presse, tous avait prédit la fermeture du Journal de Montréal. Et pourtant…

On crée des entreprises à partir de rien. Rue Frontenac avait-il tout en main? Des entrepreneurs tels que Pierre Péladeau doivent se retourner dans leurs tombes en regardant les déboires de Rue Frontenac.

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couverture  livre jean-simon copiePoésie urbaine. Je me raconte. Jean-Simon Brisebois

Depuis 1997 Jean-Simon s’est découvert un goût pour l’écriture. Après avoir publié une trilogie poétique aux Éditions TNT(Entité en 2008, L’âme de l’ange en 2007 et Renaissance en 2006), plusieurs de ses lecteurs étaient curieux de savoir lesquels de ces textes parlaient le plus de lui. Il revient donc en force avec Je me raconte, un court récit autobiographique. Laissez-vous guider dans le monde particulier de ce jeune auteur!

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