Comment bien manger avec 600$? Avec des loyers mensuels avoisinants 500$ en métropole, peu de chance d’être un modèle d’équilibre et de nutrition. Sans parler des familles dont au moins un des conjoints travaille et qui pourtant sont sous le seuil de pauvreté…

Un texte de Delphine Caubet publié sur Reflet de Société – Dossier Santé

Malgré ces situations, avec du temps et de l’énergie, il est possible d’améliorer son alimentation sans pour autant faire flamber la facture. Voici quelques petits trucs pour apporter variété et santé à vos assiettes.

Collectivement tu cuisineras

Les cuisines collectives ont la réputation d’être «pour les pauvres», pourtant pas besoin d’avoir un faible revenu pour aimer cuisiner à plusieurs. Par groupe de 3 à 6 personnes, vous planifiez le menu, faites les courses et cuisinez. D’après Brigitte Laquerre, administratrice au Regroupement des cuisines collectives du Québec, chaque portion reviendrait de 1$ à 2$. Être à plusieurs vous donne un pouvoir d’achat plus important.

Pour les frileux qui hésiteraient à cause d’un régime alimentaire spécifique (végétariens, allergies…), sachez que les groupes sont conçus en fonction de vos besoins. Donc vous cuisinerez avec des personnes qui ont les mêmes particularités. En plus de ramener à votre domicile une grande quantité de plats cuisinés, ces groupes vous permettent de socialiser, tout en développant vos connaissances en cuisine et en nutrition.

Selon les demandes de chaque groupe, des nutritionnistes ou autres intervenants peuvent ponctuellement offrir leur lumière. Et pour les novices qui n’ont pas l’habitude de manier le fouet et la poêle, c’est une excellente façon d’apprendre.

Les cuisines collectives nécessitent un engagement de temps lors de la rencontre, mais au final, c’est du temps et des tracas épargnés durant le reste de la semaine. Et si vous travaillez, pas d’excuses: il existe des plages horaires le soir et la fin de semaine.  

Planification tu opteras

Ce n’est pas exactement une révélation, mais planifier ses repas permet non seulement de moins dépenser à l’épicerie, mais également de gagner du temps. Fini l’observation du frigo, porte grande ouverte, à rêver aux multiples et impossibles combinaisons. Votre menu est déjà fait, il ne vous reste qu’à l’appliquer.

Suzanne Lepage est diététicienne au Dispensaire diététique de Montréal. Son travail est de suivre les femmes enceintes pour qu’elles prennent soin de leur santé et du petit bout de chou à venir. Séraphine, l’une de ses clientes, cuisine environ 3 fois par semaine, mais en grande quantité. «Et c’est une excellente initiative», s’exclame Suzanne. Dans les prochains mois, Séraphine va retourner aux études et c’est le meilleur moyen de concilier travail et vie familiale.

Polyvalent tu deviendras

«La plupart des femmes que je rencontre mangent plutôt bien vu leur revenu, explique Suzanne. Mais le problème est qu’il y a peu de “polyvalence” avec les ingrédients. Il faut apprendre à faire différents plats avec les mêmes éléments.»

Les fruits et légumes de saison sont imbattables côté prix. Et en fin de récolte, nombre d’entre eux coûtent moins cher. Il est toujours pratique d’en acheter en grande quantité et d’en congeler. Mais l’idéal est aussi d’apprendre différentes recettes avec les mêmes ingrédients de base. Vous pouvez varier les épices, alterner entre soupe et plat composé…

Mais plus que toute autre chose, le gaspillage est à proscrire. Les pelures de légumes peuvent servir à faire un bouillon de légumes, le pain sec à de la chapelure… Et que ce soit au magasin ou dans votre placard, n’ayez pas peur des dates de péremption (exception faite pour les viandes et poissons!). Si des conserves sont au rabais car elles se périment dans les 24h ou 48h… pas de panique. Quelques jours de plus ou de moins ne changeront pas grand-chose.

Ta région tu observeras

Chaque région a des programmes qui lui sont particuliers. Il peut y avoir des banques alimentaires, des marchés ambulants pour lutter contre les déserts alimentaires, des fruiteries consacrées aux surplus…

En Outaouais, il existe notamment l’Escouade anti-gaspillage. Leur initiative est simple: récolter les fruits et légumes invendus des marchés et des agriculteurs, et les redistribuer. En 2014, ce n’est pas moins de 7 tonnes de produits qui ont pu être redonnées!

Comme l’explique Nathalie McSween, coordinatrice de l’Escouade anti-gaspillage: «C’était un pari. On a fait le pari que les agriculteurs seraient prêts à donner leur surplus si des bénévoles venaient les récolter. Et ça a été le cas! L’Escouade est un succès! Le projet est renouvelé pour 2 ans.»

L’Escouade anti-gaspillage redistribue ses glanages à d’autres organismes en sécurité alimentaire. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les légumes moches (invendables dans les commerces car trop petits, déformés…) ont le vent dans les voiles et plusieurs organismes se consacrent à leur revente.

Calcul tu feras

Chaque semaine les boites à lettres sont bombardées de promotions. Certaines d’entre elles sont intéressantes, mais d’autres laissent à désirer… «Il faut être outillé pour comparer les prix», explique Suzanne Lepage. Ce à quoi acquiesce Brigitte Laquerre.

Dans un monde parfait, nous serions tous des as en mathématiques et pourrions comparer instantanément les prix. En attendant, le mieux est de prendre une calculette est de faire une règle de 3 pour comparer les produits.

L’enjeu de la sécurité alimentaire n’est pas juste de diversifier l’assiette. Il est surtout question de santé. En 2012, au Canada, c’est 13,8% de la population qui vivait sous le seuil de pauvreté, dont 1,1 million de jeunes de moins de 17 ans.

Au quotidien, une alimentation déséquilibrée signifie entre autres des difficultés de concentration, mais sur le long terme cela peut engendrer de l’anémie, du diabète, de l’obésité et autres problèmes cardiovasculaires.

D’après le Dispensaire diététique de Montréal, le coût minimum pour une alimentation saine est de 8,30$ par jour et par personne

Décryptage des étiquettes

Les tableaux de valeurs nutritives des produits peuvent être incompréhensibles. Beaucoup de chiffres, d’abréviations… Voici quelques clés pour s’y retrouver:

– Comparer les aliments à partir du poids et non de l’unité. Exemple: 4 craquelins à 20g ou 80g n’ont pas les mêmes valeurs;

– Comprendre les pourcentages des valeurs quotidiennes. Moins de 5% signifie que c’est peu et plus de 15% que c’est beaucoup. À vous de juger si vous devez diminuer votre sodium ou augmenter vos apports en fer.

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