Note spéciale: Jean-Pierre Bellemare a été reconnu coupable en mai 2021 pour un autre crime commis en 2018 et se retrouve maintenant en prison.
Raymond Viger | Dossiers Chroniques d’un prisonnier , La Presse, Patrick Lagacé
-Patrick Lagacé vient de publier dans La Presse un article sur notre chroniqueur-prisonnier, Jean-Pierre Bellemare. Un article qui m’a ému et touché pour son côté humain et sensible.
J’avais oublié que Patrick Lagacé avait aussi un blogue. Un blogue sur lequel il fait la présentation de l’article publié dans La Presse en y faisant un hyperlien. J’avais oublié que les gens commenteraient l’article de Patrick Lagacé. J’avais oublié de tenir compte de tous les préjugés que certaines personnes peuvent avoir envers les prisonniers et les criminels.
Avec toute ma candeur d’enfant, avec toute ma sensibilité d’homme j’ai commencé à lire les commentaires. Malgré que les commentaires soient partagés presque moitié-moitié entre des mots d’encouragements et une volonté de rétablir la peine de mort, j’ai été profondément blessé par plusieurs de ces commentaires.
Je commencerais par remercier les gens qui ont pris le temps de laisser un mot d’encouragement à Jean-Pierre. Ces mots vont le toucher et l’encourager, j’en suis convaincu. Ces mots d’encouragement auront aussi été très importants pour moi. Non pas que j’ai besoin d’encouragement personnel. Dans le choix de m’investir auprès des personnes marginalisés, criminels ou pauvres, je savais que je ne choisissais pas une mission très « glamour ». Je fais mon travail sur le terrain en dérangeant parfois certains principes et certaines valeurs morales, en remettant en question des règles, des façons de faire. Ces mots d’encouragements me sont très utiles pour pouvoir accepter les attaques sur un être humain que je connais et que je soutiens dans sa réhabilitation depuis plusieurs années.
Je voudrais aussi remercier tous ces gens qui ont dit, haut et fort, ce qu’ils pensaient des prisonniers en général et le sort qu’ils voudraient réserver à Jean-Pierre Bellemare. J’avais oublié la méchanceté de certains préjugés encore fortement ancré dans notre société. Votre discours me permettra de mieux me préparer pour soutenir Jean-Pierre lors de sa sortie de prison. Sans votre honnêteté à dire ce que vous pensez réellement, j’aurais sous-estimé le travail qui m’attend à sa sortie.
Finalement, un gros merci à Patrick Lagacé. Un article qui aura été long et pénible à écrire. Les démarches pour entrer en prison n’ont pas été facile. Vous avez eu, M. Lagacé, la patience et la persévérance d’aller jusqu’au bout. En plus des difficultés administratives pour rencontrer Jean-Pierre Bellemare, une émeute à la prison de Cowansville avait cancellé votre premier rendez-vous. De plus, Cowansville nécessite un temps de déplacement qui est non négligeable. Un gros investissement pour une chronique et je vous en félicite. Les réactions obtenues à la suite de votre article me plongent dans une réalité que Jean-Pierre et moi auront à affronter sous peu. Cela nous permettra de mieux nous préparer.
En lisant les commentaires sur le blogue de Patrick Lagacé, j’aurais voulu répondre à chacun d’eux, tenter de justifier, d’expliquer… J’ai changé d’idée. Est-ce que les gens savaient que les prisonniers sont payés 1$ de l’heure pour le travail qu’ils font en prison? Qu’ils doivent acheter tous leurs effets personnels à la cantine, c’est-à-dire au plein prix du dépanneur? Que certains de ces travaux permettent des économies appréciables à la société? Que Jean-Pierre Bellemare ne sera pas libéré au 1/6 ou 1/3 de sa peine, mais qu’il a fait tout son temps? Dans le milieu on appelle ça LO. Libération Obligatoire. Les plantes qu’il a ne lui ont pas été fourni par le système mais qu’il a dû se les payer? Est-ce que les gens sont au courant de tout le cheminement et le travail que Jean-Pierre a fait sur lui en assistant à toutes sortes de rencontres avec des professionnels ou des bénévoles? Est-ce que les gens sont au courant que Jean-Pierre s’est impliqué dans des groupes de prévention du suicide, qu’il a été un réconfort pour plusieurs prisonniers et qu’il a permis à plusieurs de cheminer?
Sûrement pas. Parce que les gens qui l’ont déjà condamné ne condamne pas Jean-Pierre Bellemare. Ils condamnent tous les prisonniers et tous les criminels, sans prendre le temps de les connaître.
Pour ceux qui ont demandé la peine de mort pour un homme comme Jean-Pierre Bellemare, j’aimerais que vous me condamniez aussi à la peine de mort. Parce que si Jean-Pierre mérite la peine de mort, un homme comme moi qui l’accompagne dans son cheminement doit l’accompagner jusqu’au bout. Qu’on me pende haut et court et qu’on me pende le premier. Parce que s’il est criminel de croire en la réhabilitation d’un prisonnier, je suis un très grand criminel.
Crédit photo Sue R B
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Les livres de Colin McGregor
Journaliste dans divers médias à travers le pays; Halifax Daily News, Montreal Daily News, Financial Post et rédacteur en chef du Montreal Downtowner. Aujourd’hui, chroniqueur à Reflet de Société, critique littéraire à l’Anglican Montreal, traducteur et auteur aux Éditions TNT et rédacteur en chef du magazine The Social Eyes.
Parmi ses célèbres articles, il y eut celui dénonçant l’inconstitutionnalité de la loi anti-prostitution de Nouvelle-Écosse en 1986 et qui amena le gouvernement à faire marche arrière. Ou encore en Nouvelle-Écosse, l’utilisation répétée des mêmes cercueils par les services funéraires; scoop qui le propulsa sur la scène nationale des journalistes canadiens.
Love in 3D
Enjoy our tale of the quest, the human thirst, to find light from within the darkness.
This is a tale for everyone, young and old, prisoner and free.
Love in 3D. Une traduction de L’Amour en 3 Dimensions.
Teammates
Three teenage friends on a college rugby team in the shrinking community of English Montreal – three friends each facing wildly different fates.
This is the story of Bill Putnam, whose downward trajectory we first begin to trace in the late 1970s, and his friends Rudy and Max.
Teammates, their paths will cross in ways they never dreamt of in the happier days of their youth.
Quebec Suicide Prevention Handbook
Le suicide dérange. Le suicide touche trop de gens. Comment définir le suicide? Quel est l’ampleur du suicide? Quels sont les éléments déclencheurs du suicide? Quels sont les signes avant-coureurs? Comment intervenir auprès d’une personne suicidaire? Comment survivre au suicide d’un proche?…
Ce guide est écrit avec simplicité pour que tout le monde puisse s’y retrouver et démystifier ce fléau social. En français. En anglais.
Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009
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Merci de votre soutien.
Merci Mme Turcotte pour votre témoignage.
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P.S. Monsieur Viger,
Je n’ai pas besoin d’ajouter la seconde réflexion que j’ai réussi finalement à insérer dans le premier texte.
Patricia Turcotte
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Raymond Viger,
Puisque mon commentaire était trop long, il ne passait pas; alors je poursuivrai dans une seconde réflextion suite à celle-ci.
Très touchant cet article et vraiment réaliste. C’est tellement dommage de parler de peine de mort quand un prisonnier comme Jean-Pierre Bellemare met tout en œuvre pour se rétablir et préparer sa sortie en société.
Je ne serais pas assez brave pour me écrire que je choisirais de me faire pendre avec vous deux, quoique mes pensées vont dans le même sens que vous, en ce domaine.
Quand on pense aux erreurs dans le monde de la loi et justice des hommes, même de 1% me permettrait encore de me prononcer CONTRE la peine de mort. Le cas de l’affaire Coffin de la Gaspésie en est un bel exemple.
Sachez que j’envoie à nouveau toutes mes salutations amicales même éloignées, à Jean-Pierre Bellemare qui ne doit pas se laisser abattre par des individus qui souvent ne pensent pas plus loin que leurs bouts du nez, lorsqu’ils émettent des opinions très dures, concernant les prisonniers qui font tout pour se réhabiliter en société.
La peine de mort psychologique se vit à plein gaz, ça c’est certain, mais de là à remettre la peine de mort en vigueur au Canada, il y aurait des limites. Jamais la peine de mort physique ne devrait revoir le jour, ni même partout sur la Terre; du moins à mon avis personnel de personne et de citoyenne.
Bravo à Raymond Viger et à Patrick Lagaçé, ainsi qu’aux lecteurs et lectrices qui prennent le temps d’écrire des commentaires encourageants pour ces hommes et ces femmes qui ont connus les chemins des prisons, mais qui ont payés leurs dettes dans la société. Le commentaire de Gaétan Bouchard me rejoint aussi beaucoup, alors je n’aurai pas à ajouter un autre paragraphe.
Au revoir de,
Patricia Turcotte
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Bonjour M. Sauvageau.
Je vous remercie pour le commentaire que vous adressez à Jean-Pierre. Je vais lui faire parvenir. Il sera très heureux, j’en suis convaincu, d’avoir de vos nouvelles et de savoir que vous avez pu en avoir de lui.
Moi aussi j’ai été bénévole à l’Institut Leclerc pendant plusieurs années. Avec le transfert de Jean-Pierre à Cowansville et l’ensemble des projets que je soutiens dans notre organisme, j’ai dû cesser, à regret, mon implication à l’Institut Leclerc. Maintenant je vais cesser d’aller à la prison de Cowansville pour aller voir Jean-Pierre en maison de transition.
Bonne continuité et saluer la gang du Leclerc pour moi.
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Bonjour M. Viger
J’ai lu, avec grand intérêt, l’article de Patrick Lagacé et les nombreux commentaires qu’ont suscités cet article.
Je suis bénévole à l’Institut Leclerc depuis l’an 2000 et j’ai cotoyé Jean-Pierre à cet endroit jusqu’à son transfert à Cowansville.
Pendant ces nombreuses années j’ai eu des échanges personnels et en groupe avec lui et je n’ai pas décelé la pourriture dont certains l’affligent.
Jean-Pierre est un jeune homme qui a eu une jeunesse assez difficile, il a opté pour le crime et en a subi les conséquences.
Pour moi il était une personne très inteligente, perspicace et empathique.
Je suis très heureux d’apprendre qu’il sera bientôt libéré et lui souhaite la meilleure des chances dans la vie qui s’ouvre à lui.
Si on appliquait la peine de mort à la façon que certains la préconisent, un individu pourrait être condamné à mort pour le simple vol à l’étalage, pas très logique.
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Merci M. Bouchard pour votre commentaire très apprécié. Les références à l’histoire sont très intéressantes.
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Je connais plein de personnes qui, bien qu’elles aient été en prison, sont plus honorables que bien d’autres qui n’y sont jamais allées et portent le titre de Très Honorable.
Notre système judiciaire a profité de l’exemple de Jean Valjean. Un malandrin peut devenir un grand homme.
Il serait dommage que nous prenions le parti de l’inspecteur Javert, sous prétexte de se venger de Dieu sait quoi, de battre le misérable jusqu’à son dernier souffle à coups de canne à pommeau d’or, juste pour calmer son anxiété et nourrir son ressentiment.
Henry David Thoreau disait que la place d’un homme juste est en prison quand l’État emprisonne injustement. Gandhi et Vaclav Havel disaient la même chose. Sans compter un certain Jésus qui, lui aussi, passa par la geôle et devait penser un peu comme ça.
Alors, faut-il vraiment rendre plus lourd le sort des prisonniers?
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Merci Mistral pour vos bons mots. Je fais la référence sur votre billet. Bonne continuité et au plaisir de vous lire.
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On n’a pas à réintégrer les ex-détenus dans notre société, puisqu’ils ne l’ont jamais quittée. La prison fait partie de notre société au même titre que les Résidences Soleil, l’Urgence Psychiatrique de Notre-Dame et la Mission Old Brewery, les polyvalentes bétonnées, les discos de Brossard pour secrétaires, vendeurs de BlueTooth à commission, hygiénistes dentaires et thanatologues en sabbatique Prozac. Les hommes rendus à la liberté sont nos frères, comme le gars dans votre classe au primaire qui cumulait retenues et mises à l’écart temporaires, les exils de pupitre et le nez au mur: quand c’est fini, c’est fini.
Les vilains gnomes qui scandent au clavier tels appels à la pendaison publique, de préférence bien longue et bien douloureuse, peuvent toujours y venir. Ils nous trouveront sur leur chemin, qui sera de Damas. On les fera sauter à la corde et jouer à la marelle.
Pour aider. Tu feras suivre? http://vacuum2scrapbook.blogspot.com/2008/09/un-jardin-l-intrieur.html
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La relatioin que l’on établi avec le prisonnier est l’accueil que l’on doit lui fournir. En liberté, le détenu doit retrouver et définir de nouveaux points de repères, de nouvelles baliser. C’est pour cela qu’il y a des maisons de transition. Mais ce n’est souvent pas suffisant. C’est pourquoi ses proches doivent devenir un filet pour celui-ci.
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La sagesse des anciens jeunes terribles, profession de ceux-ci, prisonniers. Je réagis au texte de monsieur Lagacé et je soulève des questions suite à ma lecture de son article Un homme presque libre. Comment accueillir ou réintégrer des criminels dans notre société ? Quel sont les impacts d’une incarcération sur une personne ? Après une sentence de douze ans, Jean-Pierre est libérer, avait il les outils nécessaires afin de bien réagir dans la société? Concernant la deuxième sentence de Jean-Pierre, devons-nous être moins répressif et plus compréhensif ? Certain confondent peut-être la sagesse avec l’inaction de l’homme!
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Effectivement, si on est capable d’emprisonner des innocents et de reconnaître nos erreurs pas la suite, avec la peine de mort, qui a aussi ses histoires d’horreur, comment fait-on pour réparer notre erreur après que la personnes est morte?
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Il est, en effet, étonnant et très troublant, de réaliser que tant de gens sont en faveur de la peine de mort… C’est un message vraiment négatif! C’est croire qu’aucune réhabilitation n’est possible… et c’est surtout ouvrir la porte à des erreurs possible…
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Merci M. Folly pour votre commentaire.
C’est tout un honneur que vous me faites, compte tenu de la retraite de l’Internet que vous aviez prise pour terminer votre spécialisation.
C’est vrai que derrière un clavier certaines personnes semblent avoir une 2e personnalité. Je connais des gens qui, en personne, je suis capable d’intervenir et d’avoir un bon niveau de communication. Quand on communique par courriel, je ne les reconnaît plus, ni dans le style, ni dans le ton.
Au plaisir de vous lire et d’être lu par vous.
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Merci M. Allard pour votre implication et vos commentaires toujours bien apprécié.
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Salut Raymond,
je ne peux passer sous silence ces textes, le tien et celui de Lagacé.
Les blogues de Cyberpresse sont infectés de vermines. Bien sûr, il y a des gens censés et civilisés, mais les coups bas irréfléchis sont omniprésents.
On ne sait rien sur eux : l’âge, la scolarité et surtout le sérieux du propos. Veulent-ils seulement provoquer et attirer l’attentions sur eux? Derrière un clavier, certains se transforment en super-connard.
Anyway, Lagacé a fait un bon boulot et toi aussi.
Au plaisir de te relire
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J’ai lu l’article de Lagace et j’ai commenté en référant a vous et a votre article sur Dubois; ceux sur la prostitution sont déja bien véhiculés.
Coninuez le combat
PJCA
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