Durant 3 ans, Naomi Fontaine a enseigné le français à l’école secondaire d’Uashat, une réserve innue située à deux pas de la municipalité de Sept-Îles. Ses classes débordaient alors d’adolescents brillants et épatants, de modèles inspirants de résilience.

Un texte de Alexandra Duchaine publié sur Reflet de Société – Dossier Autochtone

«Mes jeunes étudiants vivaient des épreuves à première vue insurmontables, des difficultés que des adultes ne sauraient surmonter, raconte la professeure. Mais, robustes, ils trouvaient toujours les outils pour en sortir plus grands», ajoute-t-elle.

Je voulais qu’ils se voient à travers mon œuvre et qu’ils soient fiers de ce qu’ils sont

Par le biais de son deuxième roman, Manikanetish Petite Marguerite, Noami Fontaine souhaitait énoncer le courage et la force des adolescents d’Uashat.

«Je désirais rendre hommage aux jeunes Innus de la Côte-Nord, met au jour l’écrivaine. Je voulais qu’ils se voient à travers mon œuvre et qu’ils soient fiers de ce qu’ils sont», explique-t-elle. Elle-même innue, Noami Fontaine a quitté Uashat alors qu’elle n’était qu’une enfant.

Hommage aux jeunes

Dans son récit, Naomi Fontaine a romancé ses échanges avec les étudiants de Manikanetish, l’école secondaire d’Uashat où elle enseignait. Le lecteur y découvre le quotidien semé d’embûches d’un petit groupe d’adolescents. Il fait connaissance avec Marc, Mikuan, Myriam, Mélina, entre autres, qui font face au racisme, à la pauvreté, aux grossesses impromptues.

Les uns survivent au suicide d’un proche, les autres au décès tragique d’un pair.

Les peines que connaissent les protagonistes de l’autofiction sont loin d’être exagérées. «À Uashat, la vie n’est pas facile, se désole Naomi Fontaine. Il fallait que je partage les obstacles que les jeunes affrontent, que je les révèle aux yeux du monde», souligne la candidate à la maîtrise en littérature de l’Université Laval. Tous les personnages et péripéties trouvent ancrage dans la réalité.

Les jeunes innus de la communauté qui ont lu Manikanetish se reconnaissent dans la parution. «Ils sont satisfaits et fiers du portrait que je leur propose», avance Naomi Fontaine. Car le tableau que peint la littéraire reste réaliste, certes, mais n’est pas du tout misérabiliste. Les Innus au centre du roman sont intelligents, travaillants, assidus, créatifs et passionnés. Ils poursuivent leurs études même si à la maison, rien ne va. Ils s’impliquent à l’école, montent une grande pièce de théâtre. Ils rêvent d’un bel avenir, de quitter la réserve ou de devenir infirmiers, et se serrent les coudes dans l’espoir de jours meilleurs.

Manikanetish révèle une communauté innue solidaire, tissée serrée, d’où l’amour émane.

Incursion à Manikanetish

En complément à Reflet de Société +

Retrouvez l’entrevue de Naomi Fontaine à Radio-Canada sur son premier livre Kuessipan.

Extrait lu du roman Manikanetish :

Crédit vidéo : François Bon.

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