Suicide et Internet
Intervenir auprès des personnes suicidaires sur Internet
La Presse a publié une série d’articles sur le suicide sur Internet. On y présente les prédateurs qui poussent les gens à se suicider, la difficulté des personnes dépressives et suicidaires à trouver de l’aide…
Raymond Viger | Dossier Suicide
Une série d’articles qui me met en état de choc. Je suis probablement trop visionnaire, trop fonceur, pas assez à l’argent ou je ne sais trop.
En 1995, quand j’ai questionné la DPJ sur certaines problématiques et certains agissements, je suis devenu non grata et disgracié. Dix ans plus tard, Paul Arcand avec son documentaire Les voleurs d’enfance ramène les faits et on l’écoute. Si on était intervenu dix ans plus tôt au lieu de réagir et de vouloir se protéger, peut-être qu’on aurait sauvé beaucoup de souffrances à des jeunes et que Paul Arcand n’aurait pas eu à alerter l’opinion publique avec son documentaire.
Le suicide sur Internet
Le suicide sur Internet est un sujet tabou, sensible et qui montre bien le laxisme de la société québécoise.
J’interviens auprès de personnes suicidaires depuis maintenant 20 ans. Cinq ans auprès des Inuits dans le Grand Nord et maintenant cinq ans sur Internet.
Suicide Action Montréal ne veut pas toucher au suicide sur Internet
Quand j’ai débuté sur Internet, j’ai appelé Suicide Action Montréal pour leur offrir ce type d’intervention. Je trouvais que c’était bien plus leur mandat que le mien en tant que bénévole. Le directeur de l’époque n’était pas intéressé à toucher à Internet. “C’est pas notre spécialité, on ne sait pas trop comment faire…”
La demande était pourtant là. Des gens faisaient des pactes de suicide, se rencontraient sur Internet pour passer à l’acte… Personne d’autres n’était prêt à intervenir.
Du travail de rue dans la blogosphère
C’est à ce moment que j’ai décidé de m’impliquer auprès des personnes suicidaires sur Internet. Parce que si on attends d’avoir le financement pour le faire. Si on attends d’avoir la structure. Si on attends d’avoir 23 études qui coûtent la peau des fesses… On ne fera jamais rien. Et pendant ce temps-là, des gens souffrent, d’autres meurent.
Ce que La Presse fait ressortir dans ses reportages c’est, qu’en plus de l’absence de ressources, il y a des prédateurs sur Internet. Des gens qui jouissent à en voir d’autres se suicider. Internet est devenu un lieu de rencontres entre des gens sensibles et des abuseurs.
On y apprend aussi qu’au Québec, la police ne fait rien. C’est pourtant pas trop compliqué d’attraper ces prédateurs. Juste un peu de volonté. C’est pas trop compliqué de se donner des lois pour pouvoir intervenir. Juste un peu de colonne vertébrale de nos gouvernements.
Est-ce que les gens ont peur d’intervenir et de sortir de leur zone de confort? Ne peut-on pas faire du mieux que l’on peut, avec ce qu’on a, d’agir en bon père de famille?
Intervention passive ou pro-active?
Les centres de crise commencent à regarder comment offrir une présence Internet et offrir un service d’aide pour les personnes suicidaires qui cherchent des moyens pour s’en sortir. Cela devient une extension du téléphone. Cela peut être efficace pour la personne suicidaire qui cherche un moyen pour s’en sortir. C’est une intervention passive. J’atttends qu’une personne suicidaire décide de s’en sortir et vienne me contacter!
Mais que fait-on pour les personnes suicidaires qui cherchent des moyens pour se suicider. Il faut que nous soyons pro-actif. C’est dans ces recherches que nous devons nous retrouver pour rejoindre ceux qui veulent se suicider et qui ne veulent pas d’aide. Une intervention pointue qui nous oblige à sortir de nos zones de confort et dans les méthodes conventionnelles d’intervention.
La personne qui veut se suicider va taper dans les moteurs de recherche: moyens pour se suicider, comment se suicider sans souffrir… Il nous faut être présent dans les résultats de recherche et être capable d’intervenir avec des gens qui ne veulent pas d’aide.
C’est correct d’avoir une intervention passive et d’attendre que les personnes suicidaires veulent avoir de l’aide. Mais il faut premièrement être sur le terrain, être là où les personnes suicidaires se retrouvent pour les motiver à bien vouloir demander de l’aide.
Suicide sans frontière
Et le prochain mur que tous ces biens pensants auront à frapper: Internet est internationale, sans aucune frontière. Quand tu offres un service sur Internet, c’est tout le monde de la Francophonie qui peut y répondre. Cela veut dire que les corps policiers à travers le monde auront à se parler et collaborer ensemble. Cela veut aussi dire que les intervenants auront à s’adapter à intervenir avec des personnes en crise dans des pays où les services sociaux n’existent peut-être même pas. Cela veut aussi dire que le ministère de la Santé du Québec devra accepter de financer des équipes d’intervenants qui ne travailleront pas exclusivement avec des Québécois.
Et pendant ce temps, des chercheurs déposent des demandes de financement pour faire des belles pages Internet pour attendre les personnes suicidaires. Peut-être seront-elles en ligne dans 1 an ou 2. Cela représente combien de personnes qui vont continuer à se suicider avec Internet pendant ce temps?
Est-ce qu’on a peur de se mouiller? Est-ce qu’on a peur d’être là où l’action se trouve? Continuons de faire des tables de concertation sur le suicide sur Internet. Continuons d’organiser des colloques et des recherches qui viendront garnir les archives déjà bien remplies. Pendant ce temps, j’essaye de tenir le fort et d’aider des gens qui ont besoin de ressources et d’aide.
Ressources sur le suicide
- Québec: 1-866-APPELLE (277-3553). Les CLSC peuvent aussi vous aider.
- Canada: Service de prévention du suicide du Canada 833-456-4566 Ligne d’aide 24/7 : 988
- France Infosuicide 01 45 39 40 00 SOS Suicide: 0 825 120 364 SOS Amitié: 0 820 066 056
- Belgique: Centre de prévention du suicide 0800 32 123.
- Suisse: Stop Suicide
- Portugal: (+351) 225 50 60 70
Guide d’intervention de crise auprès de personnes suicidaires
Le guide d’intervention auprès de personnes suicidaires démystifie le suicide. Il permet d’aider les proches à reconnaître les signes avant-coureur du suicide et de déterminer qu’est-ce qui peut être fait pour soutenir la personne en crise.
Une section du guide est réservée aux endeuillés par suicide.
Le livre est disponible au coût de 9,95$. Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009. Par Internet.
Par la poste: Reflet de Société, 3894, Ste-Catherine Est, Bureau 12, Montréal, Qc, H1W 2G4
Maintenant disponible en anglais: Quebec Suicide Prevention Handbook.
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Survivre, un organisme d’intervention et de veuille en prévention du suicide et en promotion de la Santé mentale. Pour faire un don. Reçu de charité pour vos impôts. Merci de votre soutien.
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Les ressources d’intervention sont un peu frileuses de se risquer sur la première ligne d’intervention. Elles préfèrent jouer »safe » et attendre l’appel de la personne en crise ou de faire de la prévention. Pas sûr que la volonté y soit vraiment.
On se donne les moyens que l’on veut bien se donner. Si dans leur demande de subvention ils se limitent à demander de l’argent pour faire des sites Internets qui »attendent » la personne suicidaire, il est évident qu’ils n’auront jamais les moyens pour une intervention de première ligne.
L’intervention de première ligne leur cause un grand problème. Quand tu attends les personnes suicidaires, tu peux annonces que tu as des services pour les Québécois. Si tu es en première ligne, tu peux arriver face à face avec des suicidaires de n’importe où à travers le monde… Et tu dois intervenir. Tu ne peux pas croiser un suicidaire et dire que tu n’interviendras pas.
Il est fort possible que Demi Moore ait aidé une personne sur Twitter. C’est ce que disent les médias. Ce fût par hasard. Ici on parle d’aller au devant des personnes suicidaires et non pas d’attendre que le hasard nous en amène un.
Raymond.
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Selon vous, M. Viger, est-ce que les ressources d’intervention auraient les moyens et la volonté pour créer un genre d’équipe d’investissement et de « surveillance » des médias sociaux afin de repérer les gens sur le bord du suicide?
À mon avis, il serait possible de trouver des situations de crise et de les récupérer pour les envoyer à des personnes-ressources pour qu’elles les traitent et les aident à se sortir de leur crise suicidaire. L’actrice Demi Moore a déjà sauvé une personne du suicide sur Twitter.
Mais peut-être que je me trompe aussi.
Anders
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Pour que cela soit possible, il faut que les ressources d’intervention en ait la volonté et se dote d’une structure adéquate pour le faire.
Quand le leur ai proposé de le faire, ils ne voulaient pas quitter le téléphone qui était leur spécialité. Maintenant ils s’organisent pour offrir des services en ligne pour ceux qui cherchent des moyens pour sortir de leur crise suicidaire.
Mais toujours rien pour aller au devant de ceux qui cherchent les moyens pour se suicider.
Raymond.
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Bonjour M. Viger,
Serait-il possible que les autorités et les ressources en intervention investissent davantage les réseaux sociaux pour rejoindre plus rapidement les gens en situation de détresse psychologique?
Anders
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Bonjour M. Turgeon.
Effectivement, il y a un certain laxisme des autorités qui n’osent pas s’imposer sur l’Internet même quand des situations d’abus sont évidentes et nécessiteraient une intervention plus rapide.
Il est malheureux de voir comment des gens, sous le couvert de l’anonymat utilise l’Internet.
Raymond.
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Bonjour M. Viger. C’est le passage suivant, lorsque vous dites:
« Ce que La Presse fait ressortir dans ses reportages c’est, qu’en plus de l’absence de ressources, il y a des prédateurs sur Internet. Des gens qui jouissent à en voir d’autres se suicider. Internet est devenu un lieu de rencontres entre des gens sensibles et des abuseurs. »
Je l’ai interprété comme étant un certain « free-for-all » sur le web où, puisqu’il y a manque de ressources, il y a des gens qui abusent et exploitent la vulnérabilité et la souffrance des gens qui exposent leur mal-être. Ils semblent en tirer une satisfaction à voir les autres souffrir. C’est là qu’ils peuvent amener les personnes souffrantes à se suicider.
Anders
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Bonjour M. Turgeon.
À quel endroit voyez-vous que je parle de gens qui exploitent la souffrance des autres pour les inciter au suicide?
Raymond.
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C’est horrible lorsque c’est rendu qu’il y a des âmes peu scrupuleuses qui exploitent la souffrance des autres pour les pousser à se tuer, et ce, au nom d’un prétendu « spectacle » qui assouvit la morbidité de ces gens.
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