L’auteure-compositrice-interprète Izabelle ne croyait jamais qu’elle se retrouverait un jour dans une relation toxique teintée par des épisodes de violence conjugale. L’artiste s’est libérée de cette histoire douloureuse en écrivant la chanson Amour bipolaire. La jeune femme souhaite désormais aider d’autres victimes à s’en sortir, notamment avec les textes engagés que propose son premier album Version 2.0.

Un texte de Frédéric Lebeuf publié sur Reflet de Société – Dossier Culture 

La chanteuse, originaire de l’Estrie, est tombée amoureuse d’un homme rencontré dans le cadre d’une tournée musicale à l’étranger. « Je le trouvais un peu trop protecteur au début. Je me disais qu’il voulait peut-être faire attention à moi. La violence s’est installée d’une façon graduelle et sournoise. » La manipulation et la prise de contrôle de son ex-conjoint étaient déjà bien enracinées dans toutes les sphères de sa vie lorsqu’elle en a réellement pris conscience, deux ans plus tard.

« Ma première impression me prévenait de me méfier de lui. Il semblait avoir tout un caractère. C’est un homme très séducteur. J’ai fini par croire que mon intuition s’était trompée, explique-t-elle. Je voulais croire que ses crises de colère étaient des cas isolés, un signe de fatigue ou une mauvaise humeur passagère. »

Et pourtant, Izabelle a glissé doucement dans le cycle de la violence conjugale. Elle est devenue l’ombre d’elle-même pour ne pas provoquer son assaillant. « Ce n’était pas si facile de partir sur un coup de tête. Je donnais régulièrement des spectacles en Asie. Mon conjoint contrôlait tout. Je n’osais pas imaginer sa réaction si je le quittais. »

Lors des épisodes de violence, la jeune femme a développé le réflexe de se détacher de ses émotions. Elle estime avoir réussi à traverser les crises en gardant cette carapace. « Je visualisais la scène comme une spectatrice. C’était comme si la situation ne m’arrivait pas à moi. Je me réfugiais dans ma tête en attendant que mon agresseur se calme. C’était le meilleur moyen pour éviter de nourrir sa haine. »

Retour bénéfique

Vegas, New York, Dubaï, Asie, Hawaï, Australie, Maroc, Mexique… après des années à l’étranger passées à travailler sur diverses grosses productions, la nouveauté et l’attrait de l’aventure finissent par perdre de leur éclat. Le Québec lui manque. La musicienne désire alors se rapprocher de sa patrie pour écrire les chansons de son premier album. Pendant ce temps, son ex-conjoint décroche un emploi aux États-Unis. Elle en profite pour visiter sa famille en sol québécois en attendant de recevoir son permis de travail américain.

« Mon départ pour les États-Unis n’arrêtait pas d’être repoussé et mon envie de rester au Québec ne cessait de croître », souligne-t-elle. Cette distance lui permet de prendre du recul sur sa relation de couple. « J’ai réalisé que j’avais beaucoup changé. Je m’en voulais d’être restée. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais enduré cette relation toxique. J’avais eu tendance à excuser beaucoup des comportements agressifs de mon ex-conjoint. »

Un soir où Izabelle n’en peut plus de garder le silence, elle se confie à deux amies. « À partir de ce moment, je ne pouvais plus reculer. J’en avais parlé à quelqu’un. On allait désormais me questionner à propos de mon couple. C’était le point de non-retour. »

Montagnes russes

L’auteure-compositrice-interprète a ressenti le besoin d’écrire son histoire pour se libérer l’esprit. Izabelle croyait à tort que la violence conjugale touchait particulièrement des personnes plus vulnérables, manipulables et influençables. « Je suis une femme forte et indépendante qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Je ne croyais jamais que j’accepterais de tels comportements abusifs pendant aussi longtemps. »

L’artiste s’est finalement reconnectée à sa vulnérabilité en écrivant son premier album. « On ne peut pas demeurer en surface lorsqu’on écrit. La violence conjugale peut se comparer à des montagnes russes. On traverse de grands bonheurs autant que d’extrêmes malheurs. »

Cette dualité lui a inspiré l’image d’un amour atteint de bipolarité. Sa pièce Amour bipolaire est devenue l’emblème de son projet. À sa sortie en novembre 2019, la chanson s’est hissée dans le palmarès Top 10 de Niky Radio (division iHeart radio) pendant 25 semaines.

Dans les paroles, Izabelle s’adresse directement à son agresseur. La jeune femme n’a jamais eu la chance de lui dire ce qu’elle avait sur le cœur. Initialement, elle a pondu ce texte intime pour son bien-être mental, avec l’intention de le garder privé. Cet exercice libérateur lui a donné le courage de lancer publiquement la chanson.

« J’ai fait la paix avec le passé et avec moi-même. Je me suis servie de cette expérience pour devenir plus forte. J’ai un profond besoin de sensibiliser les gens, confie-t-elle visiblement émue. C’est une énorme marque de confiance quand mes fans me racontent leurs histoires. J’aimerais les aider à trouver le courage de s’en sortir tout comme moi. »

Amour bipolaire : Contrer la violence conjugale en chanson

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