Chaises roulantes et accessibilité des salles de spectacles

Le Quartier des spectacles, une jungle urbaine

La ville de Montréal entend s’imposer comme un modèle en matière d’accessibilité universelle. En juin dernier, cette volonté s’est matérialisée par un document officiel de la mairie. Mais, la route est encore longue : plusieurs associations d’handicapés essayent de faire entendre leur voix. Pour elles, le Quartier des spectacles en phase finale de travaux, est une véritable jungle urbaine.

Lucie Barras | Dossiers Culture, Handicapés

Cet été, difficile de manquer le nouveau Quartier des spectacles de Montréal et son foisonnement d’activités.

Le très fréquenté festival de jazz, sur l’esplanade de la Place des Arts, ou le festival des Nuits d’Afrique en sont de beaux exemples. Pour les personnes qui se déplacent facilement, il est difficile d’imaginer que s’engouffrer sur le site peut vite se transformer en enfer, lorsqu’on a un handicap.

L’accueil des spectateurs handicapés

À première vue, la logistique des festivals a bien prévu l’accueil des spectateurs handicapés. Oui, il existe des rampes pour l’accès au restaurant, des espaces pour les fauteuils roulants devant les scènes, ou encore des toilettes équipées adéquatement pour eux et elles.

L’agencement du quartier, qui se déploie autour de l’intersection Sainte-Catherine / Saint-Laurent, inquiète pourtant certaines associations d’handicapés. Ainsi, il serait impossible pour certains de se repérer dans le Quartier des spectacles.

La sécurité des personnes handicapés

handicapes-comment-vivre-avec-handicap-accessibiliteLe Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) et le Regroupement des organismes pour la promotion du Montréal métropolitain (ROPMM), associés à plusieurs autres associations, avaient indiqué des risques pour la sécurité des personnes handicapées et particulièrement les malvoyants bien avant l’été. Aujourd’hui, alors que le chantier est en phase avancée, trois points sont particulièrement visés :

  • Le manque de distinctions claires, et notamment la délimitation entre la voie piétonne et la piste cyclable à la hauteur de la rue Maisonneuve.
  • Le manque de garde-corps sur les estrades, qui peut conduire à des accidents.
  • Les difficultés pour s’orienter dans le Quartier des spectacles, notamment l’absence de dénivellation des trottoirs de la rue Sainte-Catherine, pourtant nécessaire aux personnes malvoyantes équipées d’une canne.

« Dans le Quartier des spectacles, tout est grand, tout est vaste. Au final, tout est pareil » déplore Yvon Provencher, coordonnateur du développement organisationnel du RAAMM. Des remarques d’autant plus justifiées que Montréal se veut leader en la matière : le 20 juin dernier, la ville de Montréal a entériné sa politique municipale d’accessibilité universelle et invité tous les quartiers à l’adopter d’ici la fin de l’année 2011.

Associations d’handicapés VS Quartier des spectacles

Pourtant, depuis le début des travaux en 2009, un bras de fer oppose les associations et les autorités en charge du fameux projet du Quartier des spectacles. Monique Lefebvre, directrice générale d’Altergo, une association spécialisée dans les loisirs des handicapés, souligne : « Nous avons discuté avec la mairie et nous avons perdu : nous avons des intérêts complètement contradictoires. »

Le porte-parole du comité exécutif de la ville, Derren Becker, admet une contradiction, mais invoque le temps : « Tout n’est pas encore clair dans le Quartier des spectacles, le marquage n’est pas terminé et les travaux font sans cesse obstruction aux piétons. Mais, les choses vont aller en s’améliorant. Dès cet automne, les zones pour véhicules, piétons et cyclistes seront clarifiées. Les piétons, handicapés ou non, devraient être libérés de ces entraves. Il faut prendre en compte que cet aménagement s’étale sur plusieurs années. »

Les dangers du Quartier des spectacles

Les associations n’en sont pas convaincues. « Je ne suis pas sûre que la pose de quelques marquages et d’un lampadaire va révolutionner la situation », constate Monique Lefebvre. Même si les recommandations des associations n’ont pas été suivies, les autorités montréalaises ont reconnu, au fil des discussions, l’existence d’obstacles dans le nouveau quartier. Et un point clé s’est dégagé : l’endroit est dangereux pour les handicapés comme pour les autres personnes.

Dès l’automne, et pour un an, un comité des différents acteurs du projet se réunira régulièrement pour plancher sur l’amélioration des conditions de sécurité. « Nous osons espérer que cette fois, c’est la bonne. Qu’ils exploreront des solutions ou qu’au moins, ils accepteront d’écouter ce que l’on a à dire », ajoute Yvon Provencher. Alors que les sollicitations des associations avaient toujours été refusées par les autorités, Monique Lefebvre voit des progrès. « On remarque quand même une ouverture au dialogue. »

Montréal, modèle d’accessibilité ?

En matière d’accessibilité aux handicapés, Montréal avance comme en témoigne sa politique universelle, unique en son genre. La politique universelle d’accessibilité est un document très court, inscrit dans les registres de la ville, qui ne stipule pas d’actions concrètes. C’est un document de travail destiné à sensibiliser les employés municipaux. Il a été créé dans l’optique d’une ligne de conduite qui doit être mise en application au fil des mandats de tous les élus.

Montréal compte déjà de bons points comme des livres adaptés en fonction des handicaps dans les bibliothèques, l’accès au bibliocourrier ou encore la gratuité des accompagnateurs dans les transports en commun. Certains arrondissements, comme Villeray / Saint-Michel / Parc-Extension, traduisent même l’ensemble de ses conseils municipaux dans le langage des signes.

Le Code du travail et les handicapés

Mais, certaines carences demeurent comme le soulèvent les associations. Les terrasses gérées par les arrondissements sont peu accessibles et placées de façon anarchique. « Changer les mentalités prend du temps. Il y a 20 000 employés à la ville, et autant de personnes qui doivent adapter leurs méthodes de travail », explique Monique Lefebvre.

S’il n’est pas simple de s’adapter à l’échelle municipale, on est loin de l’adaptation des entreprises privées, qui n’ont aucun intérêt pécuniaire à mettre l’accent sur des installations pour handicapés. « Les entrepreneurs, les gens en général, croient que le code du bâtiment garantit l’accès aux handicapés. C’est faux. Le code du travail prend en compte le strict minimum. Ça n’est pas suffisant », explique Monique Lefebvre.

Si les mesures ne sont pas déployées pour les handicapés, c’est la population dans son ensemble qui va en souffrir car d’ici 2040, les plus de 65 ans devraient représenter plus de 30% de la population québécoise. Dans quelques temps, l’accessibilité deviendra un problème global.

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