La guerre des gangs de rue s’intensifie
Journal intime d’un membre de gang de rue qui veut s’en sortir. Histoire de Général, un membre de gang de rue qui a changé son fusil d’épaule. Reflet de Société raconte la vie dans un gang de rue à travers l’histoire de Général.
Dominic Desmarais | Dossier Gang de rue
Général a fait son entrée dans l’univers des gangs de rue en voulant défendre son clan. Au début du secondaire, son appartenance se traduisait par de violentes bagarres contre les ennemis de sa famille, les Bleus. En vieillissant, sa guerre a pris un nouveau visage: l’argent du crime.
Porté par une haine, Général se défoule dans la violence au début de son adolescence. Avec ses amis de Montréal-Nord, il fait la guerre aux Bleus de Saint-Michel. Ses pensées sont dirigées vers ses ennemis, qu’il aime détester. Il carbure à ça. Leader né, il en mène large. Ses amis le respectent et recherchent sa compagnie. Ses rivaux le craignent et veulent le faire tomber. Il se fait une réputation de dur, de chef. Il n’a peur de personne. Il n’a aucune limite.
Général est une arme chargée à bloc. La guerre de ses aînés est devenue la sienne. Mais les plus vieux, eux, ne font pas que se battre. Forts de leur nombre et du peu de respect qu’ils éprouvent pour la société, ils ont développé un lucratif business qui devient un mode de vie. Ils volent, fraudent, vendent de la drogue, des armes, assassinent. Pour de l’argent. Ils sont prêts à se battre farouchement pour conserver et augmenter leur part du gâteau. Et ils ont une armée à leur disposition. Des jeunes fidèles à la cause, à la famille, prêts à tout pour vivre comme eux.
Le mentor
Général faisait partie d’un groupe d’environ 40 jeunes. «On avait un parrain. Notre vétéran direct. De la première génération. C’est lui qui nous donnait des ordres. On le suivait. S’il devait se débarrasser d’un stock volé, on le vendait pour lui. S’il avait des problèmes avec la mafia, on allait incendier des bars italiens pour lui. On cassait la gueule de gens pour lui. Ce n’était pas un gentil!» Général parle de son initiateur, Teken, avec admiration. Le plus vieux l’impressionnait. «On le voyait comme une idole. Et il s’occupait toujours de la job sale.» Un chef qui montre l’exemple à ses jeunes recrues, en repoussant les limites de la violence.
«Une fois, dans sa jeep, alors qu’on fumait des joints, il s’est arrêté sec. Il est sorti de sa voiture et on l’a vu aller sortir son revolver pour canarder quelqu’un dans une auto. J’avais 16 ans! Mes premiers coups de feu live! J’étais excité et nerveux. On était fiers d’être là, cette journée-là. On s’en vantait auprès de ceux qui n’étaient pas là!» Un chef qui prend les choses en main, qui agit sans peur, rend les amis de Général plus hardis pour gagner son respect. «On voulait lui montrer qu’on avait des couilles. Donc quand il nous demandait quelque chose, on ne se faisait pas tirer l’oreille! On le faisait!»
Les petits trafics d’un gang de rue
Général délaisse quelque peu la guerre frontale avec les Bleus. Il commence à vendre du pot à l’école et au centre-ville. Il développe son réseau avec quelques amis. «On n’avait pas de comptes à rendre aux plus vieux. Mais on prenait notre drogue d’eux.» Teken est son fournisseur. Il lui vend sa marchandise et Général l’écoule. Il fait de même avec les marchandises volées que leur parrain leur fournit.
Entre ses petits trafics, Général décharge sa violence pour aider Teken dans son business. Et il continue la guerre contre les Bleus. Il nage entre deux eaux. «J’en ai vu des choses. C’était ça, mon quotidien. Je ne faisais pas de ski, moi! Chez mes amis, je voyais les plus vieux s’armer pour aller faire un job sale. Je trempais dedans! Chaque semaine, il y avait une histoire. Untel s’est fait battre, un autre s’est fait tirer.» Ces événements échauffent les esprits. Les gangs de rue deviennent de plus en plus sérieux. La violence augmente. Entre eux et dans le crime.
Déclaration de guerre
Entre 2000 et 2005, la guerre atteint son paroxysme. La police impose un couvre-feu à Montréal-Nord et à Saint-Michel. «On n’avait pas le droit d’être 3 gars à marcher ensemble dans la rue sinon, on était considérés comme un gang. Et la police pouvait nous fouiller sous ce prétexte. Mais nous, au plus fort de la guerre, on ne pouvait pas être seuls. J’ai perdu 4 amis proches. Des amis qui venaient régulièrement chez moi», dit-il en les nommant, le poing sur le cœur. Au début des années 2000, Général est très actif. Il participe activement à cette guerre, mais préfère ne pas en parler. Il a commis des gestes qu’il regrette aujourd’hui sans pouvoir revenir en arrière. Il a perdu des amis et il comprend que, de l’autre côté, c’est la même chose.
La guerre est déclarée. Il n’y a aucune règle. «Chaque semaine, il y avait un mort», raconte Général qui devient subitement émotif en abordant l’un des tournants du conflit. «Notre vétéran est mort. Je fumais un joint avec des amis dans le parc Henri-Bourassa. On marchait pour rejoindre les plus vieux. Ils étaient une vingtaine, il y avait des femmes. Ils faisaient la fête dans la rue. Au loin, j’ai vu une auto stationnée se mettre à rouler. J’ai tout vu au ralenti. Teken est sorti de la meute. Ils lui ont mis une douzaine de balles dans le corps. Et ils sont partis à toute vitesse. Tout le monde s’est précipité vers notre chef. C’était mon idole. Et je l’ai vu rendre son dernier souffle. Ils sont venus chez nous, devant nous. Et ils ont tué l’un des boss. On le respectait tous. Il disait que Montréal-Nord, c’est chez nous, c’est à nous. Ils ne voulaient rien savoir des motards et des Italiens.»
Le conflit s’envenime
Général a les yeux humides. Il témoigne d’une sensibilité qui cadre mal avec l’image d’un dur à cuire sans cœur. «Quand il est mort, la même journée, on avait une dizaine de voitures qui se promenaient dans les quartiers Bleus. Après, il y a eu beaucoup de morts des deux côtés.» Il y a escalade du conflit. Les liens entre les générations se resserrent. Ils se battent ensemble.
«Plus on grandissait, plus on développait des liens d’amitié avec nos aînés. On n’était plus des petits frères. On faisait partie du même clan.» Général n’est plus une recrue. Il a gagné en expérience. Il est prêt à prendre la relève de son mentor. «Au début, j’allais prendre ma drogue dans les mains du parrain. Mais très vite, j’ai eu mes jeunes qui prenaient leur drogue de moi. Rapidement, j’ai formé mon propre gang, mes jeunes. Le petit frère d’untel, le gars du quartier. Ce que j’ai fait pour Teken, mes jeunes le faisaient pour moi.» La roue tourne. Général devient le Teken de la nouvelle génération. L’exemple à suivre.
Introduction Histoire des gangs de rue
- Partie 1; Le gang de rue comme famille
- Partie 2; Guerre de gangs à Calixa-Lavallée
- Partie 3; Blood VS Crips, la guerre des gangs de rue
- Partie 4; Un membre de gang de rue en prison
- Partie 5; Un Blood quitte le gang de rue
- Partie 6; Le business de la guerre dans les gangs de rue
- Partie 7; Un blood abandonne son foulard
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Ça fait plus de 10 ans qu’on entend toutes sortes de rumeurs à ce sujet. Il faut en prendre et en laisser. Je ne pense pas qu’on puisse engager un gang comme les MS13 ou les M18. S’ils veulent venir à Montréal, ils vont le faire de leur propre chef et garder leur autonomie.
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moi j’ai entendu que MS13 avait été engagé par le crips pour les aider contre les bloods. En échange, les bloods on engagé les 18 street gang. les 18 sont les pires ennemis des 13.
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Les guerres entre gangs peuvent être motivés par plusieurs facteurs. Se regrouper pour se protéger. Un petit gang isolé a plus de difficultés que s’il fait parti d’un plus grand ensemble.
Guerre de territoire pour savoir qui va en prendre le contrôle.
Les relations amoureuses. Un membre d’un gang sort avec la blonde d’un autre gars. Ils peuvent s’entredéchirer pour se venger.
À chaque blessé et à chaque mort, le gang et leurs proches veulent se venger, envoyer un message. La violence attire la violence et on fini par ne plus savoir comment ça commencé.
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Bloods et crips ? Pourquoi vous vous entre tuez… pourquoi avez vous peur de la ms-13 ? les membres de ms-13 tuent leur famille à Los Angeles, vous ne réagissez pas. VOUS VOUS ETES DÉTERMINER A VOUS ENTRE-TUER.
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Merci Rider pour ta vision de la situation.
Raymond.
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Rectification, ca résume bien ma pensé et non la situation.
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C’est pas aussi simple que ca, mais ca résume bien la situation.
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Bonjour Raymond.
Je ne suis pas un très grand connaisseur des gangs de rues, mais c’est très possible que ce soit le cas. En supposant que ce soit vrai, les gangs de rue sont souvent une affaire de provenance ethnique et de pauvreté. Si les grands chefs des mara sont ici pour remplir un contrat, ses subordonnés ne le sont pas pour les mêmes raisons. Pour se recruter des «soldats», ils vont aller dans les rues et recrutés des jeunes vulnérables qui sont pour la plupart des latinos, pour ce qui est de la MS. J’ai vu plusieurs pions du MS 13 s’affichant et ils ne sont pas au courant de ce que les hauts placés font. Ils veulent simplement une identité, un sentiment de sécurité et de l’argent. Si ils font la guerre aux autres gangs, ils vont certainement y prendre gout et n’accepterons pas de rester au bas de l’échelle. Ils vont vouloir un potentiel plus grand. Si les chefs des mara partent ils vont laisser pleins de jeunes avec le goût de l’argent facile, de fraternité et ne connaissant que les gangs. Il va probablement arriver la même chose qui est déjà arriver à la mafia, les gangs de rues vont prendre encore plus d’expansion et ca vas leur revenir dans face. Cependant, la mafia le sais et va probablement essayer de prendre la place laisser vacante par les gangs de rues délogés et tranquillement reconquérir le territoire. C’est un bon «move» de leur par. De cette façon, ils ne se salissent pas les mains et ne s’expose pas aux autorités policières. Ils continuent à faire ce qu’ils font le mieux, se cacher. À mon avis, il n’a que deux issues possibles, ou bien la mafia réussi à tuer les gangs de rues et a prendre la place laissée vacantes très rapidement ou bien ils ne feront qu’envenimer les gangs de rues et en créé de nouvelles avec le recrutement pour la MS.
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Bonjour Rider.
Les rumeurs disent que les MS 13 ne sont pas ici pour s’implanter mais pour répondre à un mandat de la mafia de venir mettre la bagaille dans les gangs de rue qui ont pris un peu trop d’expansion.
Qu’en penses-tu?
Raymond.
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Les MS 13 sont pas super gros, mais il prennent de l’expansion. Ils sont surtout a Parc-Extension et St-Michel.
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Bonjour Alex.
Je n’ai aucune information en ce qui concerne le MS13. Les médias en ont fait de gros éclats mais sur le terrain je n’ai rien vu ou entendu pour l’instant.
Raymond.
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J’aimerais aussi que quelqu’un parle de la gang MS13…..gang tres puissant supposément implanté a Montreal.
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Effectivement, pas juste au Brésil, mais ici même à Montréal. Vous avez ici la publication du troisième article sur l’histoire de Général. Dans les semaines qui s’en viennent, vous allez pouvoir lire la guerre que les gangs de rue ont livré autant aux motards qu’à la mafia italienne. Cela va répondre à plusieurs de vos questions et vous montrerons l’impact que les gangs de rue ont à Montréal.
Il fût un temps où les motards contrôlaient les gangs de rue dans les prisons et leur disaient quoi faire. Aujourd’hui, ce temps est révolu.
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Damn, j,ai oublié d’ajouter; d’autres sont assez fort pour affronter les mafias et crimes organisés ‘sérieux’…
Le Brésil est une example où les gangs ‘bloquent’ presquent tout…. Guere ouverte – littéralement – avec la police et l’état.
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J’entend dire cependant que les gangs de rues se clientèlisent quand même avec le temps.. certains s’allient aux motards, et mêmes d’autres groupes organisées comme la Mafya ou les Triades/Tongs.
Je peut me tromper, cependant.
Et tristement,y,a des gangs qui durent assez longtemps pour avoir une Nouvelle Génération.. Fils de ‘gangers’.. ouch. Quelle carrière offerte par papa…
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Exact. Il n’y a pas de système de franchise.
Initialement, un des membres fondateurs des Crips était un Rouge. Une chicane à propos d’une fille et il a fondé sa gang de Bleu et ils ont commencé à se battre.
Beaucoup de gang de rue se sont ainsi créés, en réaction à des événements qui ne faisaient pas leurs affaires. C’est pourquoi je dis que les gangs de rue, même si la business est très importantes, sont plus émotives que les motards ou les mafias.
Un des tiens peut te tirer pour un rien sans même que ce soit prémédité. Ce qui n’arrive dans les motards que lorsque c’est payant et planifié.
C’est la conséquence d’avoir des enfants qui sont armés.
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Donc au fond, (sans passer vite sur les trucs affligeant), c’est un peu du ‘mimétisme’ de la culture gangsta (dans le sens d’avant le rap gangsta), y,a aucun liens entre des Bloods et Crips à Montréal et les américains?
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L’histoire des gangs de rue n’est pas très organisée. Celle des couleurs et des appartenances non plus.
Une gang de jeunes traînent dans un parc, se font intimider. Pour se défendre, ils se forment un gang. Se trouvent un nom. Ensuite, ils se donnent une mission, faire du cash. De vouloir se protéger, la criminalité commence. Ce sont les débuts des Bloods à Montréal. Aucune franchise, aucun achat.
Ensuite, comme dans l’histoire de Général, Montréal-Nord est Rouge. Ses proches, sa famille sont dans dans un gang. Avec les argents de la criminalité, ils nourrissent leurs familles.
Puis, Général voit un rouge se faire descendre. Le cri de la vengeance retentit. Tranquillement, ils veut protéger les siens, faire du cash… Il devient rouge comme le restant de son quartier.
Puis le cercle vicieux de la violence débute. Un bleu donne une raclée à un rouge. Les rouges se vengent et en piquent un. Les bleus se sentent attaquer, ils sautent sur un rouge. Une série de réactions de vengeance s’en suit. On en perd le fils du compte. Qui réagit à quoi, on ne le sait plus. Ça devient chronique. Quand tu es Rouge, tu apprends à hair les Bleux et vice-versa.
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Alors, comment peut-on être Bloods ou Crips hors de Los Angeles? Je veus dire, tu semble me dire que les liens sont ‘lousses’…
C’est-tu comme une filiale d’un commerce? Tu ‘achête’ une licence à ‘la maison mère’, ou jure X à ‘la grande nébuleuse’, et tu peus porter les couleurs et tout?
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Bonjour Ubbergeek.
Gang de rue, un sujet qui me touche énormément. Parce que j’ai connu des jeunes avant, pendant et après leur adhésion aux gangs de rue.
Contrairement aux groupes criminalisés ou aux mafias, les organigrammes des gangs de rue ne sont pas vraiment organisé. Au plus fort la poche. C’est pourquoi il y a plus d’accrochages et de tueries dans les gangs de rue que dans les autres organisations criminels.
Avec les gangs de rue, ça peut tirer n’importe où et n’importe comment. Tu es comme assieds sur un baril de poudre.
Les gangs de rue ont un côté émotif beaucoup plus grand que les autres organisations criminels qui sont plus structurées. Leur adhésion peut débuter en très bas âge. Beaucoup de liens familiaux, de voisins, de jeunes qui jouaient ensemble…
Quand les motards possèdent un territoire c’est pour faire de la business et c’est rationel. Un gang de rue ont été brainwashé pour hair les clans adverses. Ils peuvent tirer dessus juste parce qu’ils en rencontrent un par hasard. Même si ça affecte la business.
C’est comme si les gangs de rue étaient toujours en guerre les uns contre les autres. À chaque enterrement, les plus vieux se regardent tristement en se répétant: « Mais ça finira jamais »…
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Une chose que je me demande toujours au sujet des Bloods et Crips… Y’a-tu vraiment une hiérarchie ou organisation derrière? surtout en rapport avec les ‘affiliés’ locaux….
Comme ca marche? C’est quoi leur organigrame?
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