«Je voulais écrire sur un sujet qui pouvait toucher et sensibiliser les gens», s’exclame l’auteure-compositrice-interprète Catherine Vezeau à propos de l’extrait «Il t’a promis» lancé au printemps 2020.
Un texte de Frédéric Lebeuf publié sur Reflet de Société – Dossier Culture
Si la violence conjugale demeure taboue au Québec, cet enjeu fait partie de l’actualité depuis la parution du livre «Le Monstre» d’Ingrid Falaise : «C’était bouleversant et porté d’une façon qui pouvait encourager les autres. Étant donné que je n’en ai pas vécu moi-même, c’était plus facile de me fier à son récit pour construire ma chanson», confie-t-elle.
En le mettant en musique, Catherine Vezeau croit apporter quelque chose de différent et d’inspirant. Elle rappelle à ses jeunes admirateurs (son public cible) que ce n’est pas une honte d’aller chercher de l’aide : «Si j’étais victime de violence conjugale, j’aimerais qu’une personne prenne parole pour moi.»
Même si elle savait que les stations radiophoniques seraient rébarbatives à la lourdeur de son texte, l’artiste a suivi son instinct en assumant son propos : «Afin que la violence conjugale ne soit plus taboue dans la société, on ne doit pas avoir peur d’en parler.»
Paroles de «Il t’a promis»
Tu baisseras ta garde
Sous les bleus de ses mains
Et tu reviendras
Les nuits sans lui sont si froides
Tourne et tourne encore
Sous un autre désaccord
Surviras-tu, seule sous son ombre
Il t’avait promis
Que c’était enfin fini
Mais plus d’une fois, il t’a promis
Quand on combine des passions
Quand elle a lu le livre et écouté la série «Le Monstre», des idées lui sont venues. Elle admet s’être recueillie devant le témoignage de Falaise. Comme dans sa jeunesse (lorsqu’elle faisait du théâtre), Vezeau s’est mise dans la peau d’un personnage : «Je me demandais ce que je pourrais ressentir si j’étais une victime. J’ai comme raconté une petite histoire, ça m’a vraiment inspirée. J’ai trouvé des mots pour ce que j’éprouvais.»
En plus que ce soit difficile d’aborder des sujets délicats, la tâche se complique d’autant que tu n’as pas expérimentée ce dont tu parles : «Mon souhait était que quelqu’un qui vit de la violence conjugale se dise que c’est exactement ça. Incarner ces femmes-là m’a permis de franchir une autre étape dans mon processus de composition et d’artiste. Ça m’a donné le goût d’écrire plus sur des enjeux de société.»
La détresse psychologique laisse sa marque
Les textes de Vezeau portent régulièrement sur le bien-être psychologique (santé mentale, être bien avec soi et avoir confiance). Elle se penche sur le fait que la société met tellement de pression sur les individus : «Lorsque j’ai l’occasion d’utiliser ma voix pour soutenir les victimes, ça vient m’accrocher encore plus. Tellement de femmes ont du mal à sortir de ce cercle vicieux. Beaucoup d’entre elles refusent d’en parler parce qu’elles ont peur, mais elles ne devraient pas. Au contraire, ça devrait être gratifiant d’aller chercher de l’aide.»
«Il est quasiment interdit de traiter de problèmes de santé mentale (tels que la dépression et l’anorexie) dans notre art. Ça peut arriver à n’importe qui, personne n’est à l’abri. Si je peux montrer la voie à certains, mon travail d’artiste serait accompli», s’exclame-t-elle.
Alors qu’elle allait au secondaire, Catherine Vezeau a vécu beaucoup d’intimidation (taxage). Ça l’affectait beaucoup ! À un moment donné, elle ne savait pas vers quoi se tourner. La musique l’a vraiment aidée à passer à travers tout ça : «J’en écoutais en boucle et je m’en inspirais. L’écriture m’a permis de m’évader aussi. J’ai réussi avec le temps à transformer ma passion en métier. J’ai retenu de tout ça que je devais avoir confiance en moi.»
** Cet article est le deuxième traitant de la violence conjugale abordée en musique. Précédemment, nous avions partagé une entrevue avec Andréanne A. Malette à propos de sa pièce «Le Brasier».
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