Note spéciale: Jean-Pierre Bellemare a été reconnu coupable en mai 2021 pour un autre crime commis en 2018 et se retrouve maintenant en prison.
Jean-Pierre Bellemare, prison de Cowansville | Dossiers Chronique du prisonnier.
Sans vin, ni bière, les détenus se rabattent sur les drogues que l’on trouve entre les murs. Ayant cessé toute consommation depuis vingt ans, je perçois la drogue d’un tout autre œil aujourd’hui.
Retour vers le passé. La recherche de la drogue était ma priorité absolue. Ma consommation n’était pas motivée par la recherche de plaisir. Au contraire, elle était un anesthésique essentiel. Ma souffrance était insupportable. L’effet recherché était toujours le même: oublier le présent.
Je tentais de fuir l’horreur qu’était devenue ma vie dans un pénitencier à sécurité maximale. Ma peur permanente d’être violé, battu ou tué ne pouvait être contrôlée qu’avec la drogue. Ce n’était certainement pas la consultation d’un psychologue qui pouvait palier mon drame quotidien. Le premier meurtre auquel j’ai assisté m’a fait vomir. Voir un homme patauger dans son sang est traumatisant. Être près de lui, mais incapable de l’aider par peur d’être tué à mon tour secoue profondément. La drogue servait à me donner l’impression que ce n’était qu’un rêve dont je me réveillerais bientôt. Ce réveil n’arriva pas.
Qui se ressemble s’assemble
La drogue est rassembleuse. Si au pénitencier certaines personnes de différentes origines, religions ou allégeances criminelles s’ignorent ou se provoquent, lorsqu’il y a une entrée de drogue dure, tous les différends semblent disparaître. Un caïd pourra ainsi fricoter, l’instant d’une consommation, avec un voleur de caps de roues. Un motard fraternisera pour sa part avec le clan ennemi le temps d’un shoot d’héroïne.
Le besoin de drogue est si fort, qu’une bonne partie d’entre nous consommons sans penser au lendemain. Au réveil, lorsqu’on constate que nos dépenses ont largement dépassées nos revenus, le retour à la réalité est brutal. Lorsque nous devenons incapables de régler nos paiements par la vente de nos avoirs personnels, c’est signe que les problèmes arrivent. Les détenus qui s’endettent en prison ne peuvent pas fuir les créanciers. Il n’y a pas beaucoup de solutions qui s’offrent à eux. L’administration de la drogue au pénitencier a sa logique particulière. Si les gens qui consomment sont incapables d’attendre pour se geler, ceux qui les collectent sont tout aussi incapables d’attendre les paiements. La raison en est fort simple, la plupart du temps, eux aussi sont des consommateurs invétérés.
Les détenus vendront alors leurs effets personnels, bijoux ou vêtements, jusqu’à épuisement des stocks. Lors-qu’ils n’arrivent plus à payer, ils sont contraints de devenir prostitué ou homme de main. Les créanciers trouvent toujours des solutions qui les avantageront, au détriment des clients, naturellement. Dans les cas d’endettement les plus graves, le suicide, le meurtre d’un autre détenu ou du vendeur lui-même peuvent être considérés comme des solutions pour s’en sortir.
Fuir ses dettes par le crime
Combien de fois ai-je vu des codétenus faire des overdoses? Ils disparaissent ainsi avec le peu de dignité qu’il leur restait. Il existe d’autres manières sordides de ne pas payer ses dettes. Si vous êtes pris dans une bagarre, une tentative d’évasion, ou si vous menacez verbalement un membre du personnel, vous serez mis en isolation, donc incapable de rembourser. Un séjour dans le «trou» vous évite alors de perdre la face.
Car perdre la face en prison est presque aussi grave que de perdre la vie. Pour préserver leur réputation, les gars sont prêts à sacrifier père et mère. L’image que l’on se fabrique à l’intérieur des murs est souvent la dernière possession qui nous maintient en vie. Ce qui explique tous les trésors d’imagination que les gars déploient pour la préserver.
Autres textes de Chroniques d’un prisonnier
- Pénitencier: sexualité des prisonniers
- Délateurs: traitement de faveur
- Témoignage: profils du meurtrier
- Criminalité: l’abc
- Vie carcérale: pas banale
- Femme au pénitencier: gardienne de prison
- Commandant Piché en prison
- Les maisons de transition vu par un prisonnier de l’institut Leclerc
- Faire son entrée dans une prison
- À quel moment un prisonnier mérite-il son pardon?
Autres textes sur Alcool et drogue
- Drogué à 12 ans.
- À Anne-Marie ma mère alcoolique
- Site d’injections supervisées Insite de Vancouver
- Lettre d’une mère à un jeune toxicomane
- Afghanistan : faites fleurir le pavot, pas la guerre.
- Rue de la violence; prostitution et toxicomanie
- Point de vue d’une jeune sur la toxicomanie
- Perdre son estime pour mieux le retrouver
- Travailler dans une piquerie
- À la croisée de buzz
- Consommation de drogues: Conséquences et séquelles
- Le parcours d’un toxicomane
Guide d’intervention de crise auprès de personnes suicidaires
Le guide d’intervention auprès de personnes suicidaires démystifie le suicide. Il permet d’aider les proches à reconnaître les signes avant-coureur du suicide et de déterminer qu’est-ce qui peut être fait pour soutenir la personne en crise.
Une section du guide est réservée aux endeuillés par suicide.
Le livre est disponible au coût de 4,95$. Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009. Par Internet.
Par la poste: Reflet de Société 4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.
Maintenant disponible en anglais: Quebec Suicide Prevention Handbook.
Les livres de Colin McGregor
Journaliste dans divers médias à travers le pays; Halifax Daily News, Montreal Daily News, Financial Post et rédacteur en chef du Montreal Downtowner. Aujourd’hui, chroniqueur à Reflet de Société, critique littéraire à l’Anglican Montreal, traducteur et auteur aux Éditions TNT et rédacteur en chef du magazine The Social Eyes.
Parmi ses célèbres articles, il y eut celui dénonçant l’inconstitutionnalité de la loi anti-prostitution de Nouvelle-Écosse en 1986 et qui amena le gouvernement à faire marche arrière. Ou encore en Nouvelle-Écosse, l’utilisation répétée des mêmes cercueils par les services funéraires; scoop qui le propulsa sur la scène nationale des journalistes canadiens.
Love in 3D
Enjoy our tale of the quest, the human thirst, to find light from within the darkness.
This is a tale for everyone, young and old, prisoner and free.
Love in 3D. Une traduction de L’Amour en 3 Dimensions.
Teammates
Three teenage friends on a college rugby team in the shrinking community of English Montreal – three friends each facing wildly different fates.
This is the story of Bill Putnam, whose downward trajectory we first begin to trace in the late 1970s, and his friends Rudy and Max.
Teammates, their paths will cross in ways they never dreamt of in the happier days of their youth.
Quebec Suicide Prevention Handbook
Le suicide dérange. Le suicide touche trop de gens. Comment définir le suicide? Quel est l’ampleur du suicide? Quels sont les éléments déclencheurs du suicide? Quels sont les signes avant-coureurs? Comment intervenir auprès d’une personne suicidaire? Comment survivre au suicide d’un proche?…
Ce guide est écrit avec simplicité pour que tout le monde puisse s’y retrouver et démystifier ce fléau social. En français. En anglais.
Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009
4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.
Bonjour M. Lemay.
Merci pour votre présence et votre commentaire.
Raymond.
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup pour le témoignage que j’ai lus deux fois !
J’aimeJ’aime
Les Vorys seraient-ils la parti plus guerrière de la mafia? Un peu comme les Nomades des Hells Angels mais en plus gros?
J’aimeJ’aime
C’est un peu complexe, me semble. Les Vorys quelques choses, les frères d’armes, sont une bases de criminels endurcis, fier d’aller en prison – ‘la liberté est un état temporaire’, avec des apapratchicks corrompus, les deux blocs unis en de redoutables groupes…
Une tradition criminelle bien établis, qui date, avec des coutumes comme les tatoos… Une ‘mafia’ locale, comme les Yakusa japonais, les Tongs/Triades chinoises, les mafias italiennes (Cosa Nostra, N’dringetta, Camora, Sacrata Unita, etc..)…
J’aimeJ’aime
Mais le terme Vory signifie-t-il quelque chose de spécifique ou si ça ne fait que parti du mot mafia en russe?
J’aimeJ’aime
Le crime organisé russe et ex-URSS, la ‘mafia russe’, j’en ai déjà parlé avec toi.
J’aimeJ’aime
Merci pour le lien Ubbergeek.
Qu’entendez-vous par Mafya-Vory?
J’aimeJ’aime
Sujet apparenté au thread similaire, mes commentaires sur la Mafya/Vory…
Ca semble actuellement vrai, et considérent les effets secondaires TRÈS dangereux dans certains cas de certains médicament pour le cancer et cie (nécrose de tissues si on fais une mauvaise manip’ et le produit atterit dans la chair..)…
En Russie, une version TRÈS cheap de l’héroine et TRÈS dangereuse – ‘Krokodil’…
http://newworldorderreport.com/News/tabid/266/ID/8088/A-home-made-heroin-substitute-is-having-a-horrific-effect-on-thousands-of-Russias-drug-addicts.aspx
J’aimeJ’aime
Bonjour Laura.
Avisez-moi quand votre blogue sera créée et j’irais vous visiter.
J’aimeJ’aime
Depuis longtemps j’ai souhaité créer un blog et lirevotre article me motive encore plus
J’aimeJ’aime
Bonjour Patrick.
Merci pour ta visite et ton commentaire.
Raymond.
J’aimeJ’aime
moi je dis que la drogue en prison est essentielle surtout le pot et le hasch, car elle permet aux gars de relaxer. Les prisonniers n’ont qu’à se contrôler. Je ne suis pas d’accord avec les drogues dures. Ça fait que les gens s’embarquent mais un plomb ou deux détend l’atmosphère. Et j’ai trouvé votre idée bonne. Merci.
J’aimeJ’aime
Bonjour Mme Richard.
Merci pour votre visite et votre commentaire.
Effectivement, notre chroniqueur Jean-Pierre Bellemare a réussi depuis plusieurs années à nous présenter une vision des prisons qui est très connu et qui ont été apprécié par plusieurs.
Raymond.
J’aimeJ’aime
C’est vraiment très touchant; ça me fait voir une réalité qui est à une distance lumière de ce que je vis… merci beaucoup pour ce partage.
J’aimeJ’aime
Merci M. Bernard pour votre présence et votre implication.
J’aimeJ’aime
Beau témoignages, merci beaucoup Raymond
J’aimeJ’aime