L’auteure est une ex-prostituée vivant à Vancouver qui a échappé à la toxicomanie et à la rue il y a huit ans. Mère et journaliste pigiste, elle a récemment couvert pour plusieurs médias le procès du meurtrier en série Robert Pickton.
Raymond Viger | Dossiers Prostitution et Sexualité.
C’est durant l’année que j’ai passée à couvrir le procès de Robert Pickton, le pire tueur en série de l’histoire du Canada, que j’ai commencé à me demander pourquoi les lois qui doivent supposément assurer notre sécurité sont complètement hors d’atteinte pour la plupart des citoyens.
Trisha Baptie
Pour parler franc, je reconnais avoir moi-même commis des infractions et avoir affecté la vie de certaines personnes par des gestes que j’aimerais pouvoir annuler aujourd’hui. Mais que ce soit dans le box des accusés, dans celui des témoins, ou comme spectatrice d’un des procès les plus médiatisés au Canada, je demeure abasourdie devant la confusion qui grippe tout le système.
L’appareil judiciaire est un processus qui confine à l’impuissance les gens «ordinaires». Les victimes d’actes criminels sont tenues à l’écart de la décision d’intenter ou non des poursuites, cela relève du procureur de la Couronne. Si la cause se rend au tribunal, la victime n’a rien à dire sur l’acte d’accusation. Au moment du procès, on enjoint aux victimes de se comporter avec décorum si elles veulent demeurer dans la salle, ce qu’elles ont de toute manière rarement le droit de faire puisqu’elles doivent elles-mêmes témoigner.
Les avocats de la défense sont autorisés à disséquer la victime et à faire du procès le sien. Ils ont le droit de demander à une victime de viol si elle a réellement dit «non» ou à une victime de voies de fait ce qu’elle a pu faire pour mettre l’accusé en colère. L’appareil judiciaire exclut les valeurs humaines à toutes les étapes en insistant sur les détails les plus minuscules, comme si le fait de massacrer quelqu’un et de donner sa chair en pâture à des porcs, comme l’a fait Robert Pickton, était moins important que les «intentions» ou la «préméditation» de l’accusé.
Je crois que la plupart des gens conviendraient que notre appareil judiciaire est horriblement déficient à plusieurs niveaux. Les prévenus qui, comme moi, obtiennent l’occasion de se reprendre en main apprécient la compassion du système, mais quelles sont les limites de cette tolérance? Est-ce que le système judiciaire ne pourrait pas être accessible et inclusif pour tout le monde, en se fondant sur une compassion capable de faire la différence entre une personne atteinte de maladie mentale qui commet un vol à l’étalage et un violeur? Est-ce que les différentes parties du système pourraient collaborer avec ouverture et honnêteté, au lieu de tout compartimenter en tentant toujours de trouver un autre service à blâmer en cas d’échec?
Enfermer les femmes pour leur sécurité
Les femmes sont particulièrement mal servies par ce système. Durant ma jeunesse, on m’a envoyée en détention parce que je courais trop de risques en faisant la fête avec des hommes, dont certains avaient jusqu’à 13 ans de plus que moi. À cette époque, les filles et les jeunes femmes étaient emprisonnées pour leur «sécurité».
Pourquoi ne pas s’en prendre aux personnes (habituellement des hommes plus âgés) qui exploitent femmes et enfants, et les emprisonner, eux? La sécurité devrait vouloir dire la liberté pour les femmes de vivre à l’abri des comportements prédateurs des hommes. La plupart des crimes sexistes comme le viol, l’agression sexuelle et la violence conjugale, sont très rarement signalés parce que les femmes savent que c’est leur procès qu’on fera et non celui de l’agresseur. Et lorsqu’elles signalent ces crimes, il est rare que la poursuite s’acquitte bien de sa tâche.
Les coupes sombres imposées aux services d’aide juridique rendent quasi-impossible l’accès à un avocat, qu’il s’agisse d’obtenir une ordonnance de protection ou une pension alimentaire. Les femmes se retrouvent à peu près sans aide. Le système de perception des pensions alimentaires peut se montrer particulièrement lent quand vous avez peu de renseignements à leur fournir. Donc, ils vous suggèrent de leur trouver l’information nécessaire. Comme si nous n’étions pas suffisamment occupées à élever les enfants qu’ils ont abandonnés, il nous faut en plus retrouver les hommes. Si le père d’un enfant est un agresseur, on vous suggère de ne pas le «provoquer» en réclamant la pension alimentaire. Au lieu de nous protéger, on nous dissuade d’essayer d’obtenir ce qui revient de droit aux enfants. On impose aux femmes le fardeau de répondre seules aux besoins de leur famille, et un tas de gens se mettent en file pour juger de la manière dont les femmes y parviennent.
Il paraît que les émotions et la politique n’ont pas leur place au tribunal, mais y trouve-t-on de la place pour la vérité? Peut-on rendre l’appareil judiciaire accessible aux gens ordinaires qu’il est censé protéger, ou n’est-il supposé être compris que par les traducteurs surpayés qu’on appelle «avocats»? Le système judiciaire semble aussi déficient et abîmé que certains récidivistes; je me demande si l’un et l’autre peuvent être pleinement réhabilités.
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Filed under: prostitution | Tagged: ex-prostituée, maladie mentale, pire tueur en série, prostituée, prostitution, Robert Pickton, système de justice, système judiciaire canadien, travailleuse du sexe, travailleuses du sexe, tueur en série Canada, violence conjugale, violence envers les femmes, violence faite aux femmes |
Bonjour LOL.
Nous parlons ici dans un contexte de prostitution. Il ne faut pas généraliser pour toutes les sphères de la société. Il est vrai qu’il existe toutes sortes d’injustices, parfois envers les femmes, parfois envers les hommes. Si on ne regarde que dans le contexte d’être une prostituée, la justice et l’équité ne sont pas évidentes.
Raymond.
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«Justice discriminatoire envers les femmes»
C’est pas que la farce!!! Jamais dans l’histoire de l’humanité système de (justice ne fut plus biaisé en faveur des femmes. Au point où ça en devient RIDICULE. Peut-on encore sérieusement parler de justice quanddes chose comme ça sont banales: Elle butte un gars pas de problème, elle utilise la botte del’Ovaire et invoque de vague et improuvable «violance» et elle est absoute de toute responsabilité. J’ai vu ça plus d’une fois. Elle abuse de petit garçons de sa classe de 3e année no problemo, elle retroune à sa classe avec un avertissement. Oui la pauvre elle éprouvait des difficulté personnelle. Elle recommence bon pour faire taire les parent du garçon on lui retire son brevet d’enseignement. Ça aussi je l’ai vue et de très près. Alors à d’autre votre bouleshitte lacrimatoire sur la justice biaisée!
Justice discriminatoire dite vous, vous parler sans doute de discrimination ‘positive’.
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